Jacques Benillouche. Le chant du cygne désigne la plus belle et dernière chose réalisée par quelqu’un avant de mourir. En politique israélienne, il s’agit de la dernière action remarquable d’un dirigeant avant de quitter la scène.
Bien sûr, rien n’est établi définitivement car la politique a un potentiel et des ressorts qu’on ignore souvent et Netanyahou a le don suprême de toujours rebondir quand on l’attend le moins. Mais le 19 avril à la Knesset, un accroc a créé une rupture dans l’unanimité à droite. Une coalition de bric et de broc risque d’avoir raison d’un pouvoir sans partage pendant douze années.
Le Likoud et Netanyahou ont perdu le contrôle de la commission des arrangements qui assure l’ordre du jour et le programme législatif de la Knesset jusqu’à la formation d’un gouvernement. C’est très technique mais fondamental dans ses conséquences.
Conformément à l’article 2a de la loi sur la Knesset, la commission des arrangements a un pouvoir suprême au lendemain des élections, en l’absence d’un gouvernement régulièrement élu. Tant que les commissions permanentes ne sont pas constituées, le Comité des arrangements peut nommer des commissions provisoires pour les questions financières et pour les questions relatives aux affaires étrangères et à la défense et même un président provisoire de la Knesset. En fait il détient tous les pouvoirs concernant le règlement intérieur, l’ordre du jour et les séances de la Knesset.
Un véritable drame s’est joué à la Knesset lorsque la proposition des opposants à Netanyahou été votée pour la composition du comité d’organisation.
La première proposition a recueilli 58 voix contre 60 et la seconde a été adoptée avec une majorité de 60 sièges contre 51 députés de droite, grâce au vote du parti islamiste Raam qui, pendant un certain temps, négociait pourtant sa participation à un gouvernement Likoud mais qui a préféré se joindre à l’opposition. Le vote a été obtenu avec 30 voix du Likoud, 9 de Shass, 7 d’Utj et 6 des sionistes religieux mais en l’absence de Yamina.
Naftali Bennett et ses amis de Yamina avaient quitté la salle avant le vote pour marquer leur désapprobation. Les Arabes ont gagné dans l’opération car en échange de leur soutien, ils ont obtenu une place à la commission des Finances de la Knesset, un poste de vice-président de la Knesset pour l’un de leurs membres, et la présidence de la commission sur la lutte contre la violence dans la communauté arabe, si Yair Lapid venait à former un gouvernement.
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