Trois ans de retard. Le chef de l’armement Martin Sonderegger évoque un «calendrier trop sportif». Les premiers décollages des drones suisses achetés aux israéliens pourraient avoir lieu à l’été 2022, d’abord en compagnie d’un avion d’escorte.
Les nouveaux drones de l’armée ne voleront probablement pas dans le ciel suisse avant mi-2022, a déclaré samedi le chef de l’armement Martin Sonderegger dans la Neue Zürcher Zeitung. Leur premier décollage devrait donc avoir lieu environ trois ans plus tard que prévu.
Selon Martin Sonderegger, le fournisseur israélien (Elbit Systems) avait sous-estimé les efforts à fournir. «Rétrospectivement, le calendrier était trop sportif», a-t-il concédé. A cela se sont ajoutées d’autres complications, comme la pandémie de Covid-19 – qui a provoqué trois confinements en Israël – et le crash d’un drone du type commandé – Hermes 900 HFE – lors d’un vol d’essai dans le désert israélien en août 2020.
«Nous espérons les voir voler en Suisse d’ici à la fin du premier semestre 2022», a développé le chef de l’armement. Les appareils sont à nouveau pilotés en Israël, a-t-il précisé.
Dans un premier temps, ces derniers ne pourront voler en Suisse qu’en compagnie d’un avion d’escorte. Pour que l’engin puisse être utilisé seul, la technologie «Sense and Avoid» dont il est équipé, conçue pour détecter les obstacles dans l’espace aérien et prévenir les collisions, devra être autorisée par la Suisse, a expliqué Martin Sonderegger.
Pour ce projet, la Suisse a posé des exigences élevées, a-t-il souligné. Et ce alors que l’autorité israélienne de l’aviation civile n’a jamais – selon les informations fournies – autorisé un drone de cette taille à voler dans l’espace aérien civil et pas uniquement dans des espaces aériens restreints.
En outre, la Suisse a commandé des drones qui fonctionnent avec un moteur diesel, ce qui les rend plus lourds. Conséquence: leurs ailes doivent être ajustées. Des critiques avaient déjà été émises en 2015 lors de l’examen du dossier par les Chambres fédérales.
Notamment parce que la Suisse avait porté son dévolu sur un objet israélien, qui plus est pas encore prêt à être produit.
Réponse de Martin Sonderegger samedi: le retard actuel est le prix à payer pour le «courage» d’avoir choisi un produit novateur. «Si l’objet est déjà prêt au moment de la commande, nous pouvons dire que nous prenons zéro risque. Mais le produit est alors, en règle générale, déjà obsolète.»
La Suisse ne dispose actuellement plus de drones de reconnaissance.
Le Ranger ADS 95 a été mis hors-service en novembre 2019, après vingt ans d’utilisation.
Les garde-frontières recourent actuellement aux hélicoptères.
Pour mémoire, l’armée suisse a commandé six drones au fabricant israélien pour 250 millions de francs. Les appareils, de neuf mètres de long et 17 mètres d’envergure, ne seront pas armés.
Ces derniers peuvent rester en l’air pendant 24 heures et savent détecter avions, drones et missiles.
Les six drones seront utilisés, entre autres, pour surveiller les frontières, rechercher des personnes disparues en montagne ou évaluer une situation après une catastrophe naturelle.
Source Le Temps