Associés à la naissance de deux studios mondialement célèbres, la Paramount Pictures et la Twentieth Century Fox, Adolph Zukor et son compatriote Vilmos Fuchs, plus connu sous le nom de William Fox sont considérés comme les pères fondateurs d’Hollywood.
Mais leur carrière a commencé à Ricse et Tolcsva, dans le nord-est de la Hongrie, célèbre région viticole, la province de Zemplén. Zukor et Vilmos Fuchs, nés à cinquante kilomètres l’un de l’autre, immigrants juifs qui ont quitté la Hongrie pour une fabuleuse carrière en Amérique, exemple d’émigrés sans le sou qui trouvent leur place dans la terre promise.
Zukor a produit le premier long-métrage américain (Le Prisonnier de Zenda, un film muet de 1913) tandis que Fox a acquis sa notoriété en tant que géant du cinéma parlant. Le parcours d’Adolph Zukor est digne d’un roman. En 1888, après la mort de ses parents, il émigre seul aux États-Unis. Il n’a que 15 ans. Au début, il gagne sa vie comme apprenti dans un magasin de fourrure puis s’associe à une affaire de machines, les Penny Arcades, où l’on peut voir de petits films de trois minutes pour un penny. C’est là, en 1904, qu’il se découvre une passion pour le cinéma et entrevoit immédiatement les possibilités de ce média.
C’est la Paramount Pictures qui créé le « star-system », une nouvelle manière de faire connaître au public les vedettes du septième art, et de porter vers des sommets inaccessibles des acteurs et des actrices à l’apparence prometteuse. Sous un nouveau nom et une nouvelle identité, les stars comme Joan Crawford ou Rock Hudson étaient des personnages inventés de toutes pièces pour régner sans partage sur Hollywood.
Zukor a reçu un oscar en 1949 pour l’ensemble de son oeuvre et reste l’un des rares Hongrois possédant sa propre étoile sur Hollywood Boulevard. De son côté, Fuchs devient le premier Magyar lauréat de l’un des tout premiers oscars de l’histoire en 1929, en tant que producteur de L’Aurore, long-métrage de Friedrich Murnau [le réalisateur de Nosferatu]. Mais, à la suite d’un accident de voiture et de la crise de 1929, il meurt oublié de tous en 1952.
Mais la personne de religion juive la plus célèbre dans le monde du cinéma en 1916 était une star féminine : Theda Bara (née Theodosia Burr Goodman) qui a été la vamp originale, dans le nouveau sens de « femme qui utilise l’attraction sexuelle pour exploiter les hommes ». Le nom lui-même vient de son rôle du vampire dans le film « A Fool There Was » de 1915. Elle a été le premier sex-symbole du cinéma, plus sensuelle que Mary Pickford et plus célèbre que le premier Charlie Chaplin. Mais sa célébrité a peu duré et sa carrière a été étonnamment courte et entièrement silencieuse. Elle a quitté la Fox qui lui a refusé une augmentation et s’est essayée au théâtre. Elle a connu un petit succès commercial en jouant sur scène dans « The Blue Flame », malgré une critique enthousiaste. Elle s’est ensuite retirée ensuite jusqu’à sa mort en 1955.
Malheureusement, à l’exception de « A Fool There Was », aucun de ses longs métrages n’a survécu à de mauvaises techniques de conservation ou au tragique incendie des archives de la Fox en 1937. Il est donc difficile de comprendre pleinement son héritage artistique. Nous ne saurons peut-être jamais comment elle a pu incarner la séduction silencieuse avec un tel succès que cet archétype restera un élément essentiel de la production cinématographique pendant un siècle et au-delà.
Source : Courrier international, Forward et Israël Valley