La dette publique française a atteint un nouveau sommet historique de 2.638,3 milliards d’euros – 114,1% du PIB ! Si certains tentent de minimiser le problème, il devrait être pris très au sérieux, met en garde notre chroniqueur Marc Touati, président du cabinet ACDEFI.
Sans surprise, après avoir déjà fortement augmenté au premier trimestre 2020, la dette publique française a explosé au deuxième trimestre, atteignant un nouveau sommet historique de 2.638,3 milliards d’euros : 114,1% du PIB français, soit 12,7 points de plus qu’au premier trimestre 2020 et 49,6 points de plus qu’en 2007. A l’évidence, ça décoiffe… Et malheureusement, ce n’est qu’un début, car d’ici la fin 2020, la dette atteindra certainement la barre des 125% du PIB. Le plus fou, c’est qu’en dépit de ces niveaux stratosphériques, les taux d’intérêt des obligations de l’Etat français restent bas et même négatifs jusqu’aux échéances de dix ans. Face à cette anomalie, de plus en plus de voix continuent de s’élever pour appeler à continuer d’augmenter la dette publique. L’argument est simple : puisque s’endetter ne coûte rien, autant en profiter et advienne que pourra ! D’ailleurs, le Japon n’est-il pas à près de 240% de dette publique / PIB et personne ne s’en plaint !
A priori imparable, ce raisonnement oublie cependant l’essentiel : ce n’est pas parce que les taux d’intérêt sont bas que la dette baisse. Autrement dit, même si elle ne coûte pas cher, il faudra bien finir par la rembourser. Un argument de bon sens qui est pourtant de plus en plus oublié tant l’aveuglement collectif autour de la dette publique est grand. Certes, compte tenu de l’ampleur dramatique de la pandémie et de la dépression économique actuelle (qui est malheureusement loin d’être terminée, comme en témoignent la baisse des indicateurs avancés de septembre), cette débauche de moyens semble justifiée : lorsque la maison brûle, il faut tout faire pour éteindre l’incendie. Pour autant, face à cette valse des milliards, ou plutôt des trilliards, une question à la fois simple et lourde de conséquences s’impose : qui va payer ?
//www.capital.fr