Le procès de Benyamin Netanyahu reprend ce dimanche 19 juillet au tribunal du district de Jérusalem. Le Premier ministre israélien est accusé de fraude, d’abus de confiance et de corruption dans trois affaires différentes. Mais si la première audience, en mai, avait suscité un énorme intérêt médiatique, les choses seront apparemment différentes pour la reprise.
Benyamin Netanyahu, accusé de fraude, d’abus de confiance et de corruption dans trois affaires, revient face à la justice, rappelle notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Le Premier ministre israélien, qui est notamment soupçonné d’avoir reçu des cadeaux en échange de faveurs financières ou personnelles, ainsi que d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable dans plusieurs médias en accordant des faveurs gouvernementales à des magnats de presse, va voir son cas abordé dans une nouvelle audience à compter de ce dimanche 19 juillet. Mais celle-ci devrait être purement technique.
Le transfert des pouvoirs de Netanyahu à Gantz impacté ?
Les prévenus, à commencer par Benyamin Netanyahu lui-même, ne seront pas présents. L’enjeu principal sera de fixer le calendrier des auditions de centaines de témoins. En d’autres termes, on saura à l’issue de cette seconde audience si le procès du Premier ministre va se prolonger pendant des mois ou pendant des années. Ce calendrier pourrait avoir un impact décisif sur le transfert des pouvoirs de Benyamin Netanyahu au Premier ministre suppléant, Benny Gantz, en novembre 2021.
Autre absent dans la salle d’audience du tribunal de district de Jérusalem : l’un des avocats qui a brusquement quitté, la semaine dernière, l’équipe de défenseurs de l’homme d’État israélien. Ce désistement pourrait être exploité pour faire reporter l’audience au dernier moment.
Mais en dépit d’un taux de popularité en chute libre, comme en témoigne encore les milliers de manifestants qui se sont rassemblés dans la soirée de samedi à Jérusalem et à Tel-Aviv pour dénoncer la gestion de la crise du Covid-19 et la corruption au sein du gouvernement, il semble bien que l’avenir de Benyamin Netanyahu se joue plutôt en ce moment sur la scène politique.
Nuit debout (ou presque) à Jérusalem
Pendant plus de cinq heures ce samedi 18 juillet au soir, les manifestants ont soufflé dans de petits vuvuzelas et frappé sur tambours et casseroles, rapporte notre correspondant sur place, Guilhem Delteil. Plusieurs milliers de personnes étaient présentes en début de soirée, beaucoup de jeunes, laïcs mais aussi des personnes plus âgées, pratiquantes voire ultra-orthodoxes. La foule était assez mélangée, l’ambiance globalement détendue.
Tard dans la nuit, ils étaient encore plusieurs centaines à défier les forces de l’ordre et à occuper les rues aux abords de la résidence officielle du Premier ministre. À Jérusalem comme à Tel Aviv, les protestataires ont marqué leur détermination en refusant de se plier aux consignes de la police et en se déplaçant dans les rues. Quelques accrochages ont éclaté en fin de soirée alors que la police tentait de disperser les cortèges. La police a ensuite procédé à une trentaine d’arrestations à Jéusalem et Tel Aviv.
Né du renvoi devant la justice de Benyamin Netanyahu dans trois affaires de corruption, ce mouvement de protestation prend une ampleur inédite. Les rassemblements, désormais quotidiens, se nourrissent aussi d’une grogne sociale. La crise économique liée au coronavirus a précarisé une part importante de la population israélienne. De nombreuses voix de droite veulent voir dans ces manifestations des mobilisations d’une gauche ashkénaze, traditionnellement hostile à Benyamin Netanyahu. Mais l’ampleur du mouvement pourrait indiquer une inflexion des clivages politiques habituels.
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