La crise liée à la pandémie ne modifie en rien l’ambitieux programme de conversion du Boeing 777-300ER de transport de passagers en appareil tout cargo mené par GECAS et la branche Aviation d’Israel Aerospace Industries (IAI), anciennement Bedek.
Le loueur américain a en effet livré le premier appareil qui servira de prototype au programme 777-300ERSF (Special Freighter) annoncé à la fin de l’année dernière et baptisé « Big Twin ».
Comme prévu, ce 777-300ER est issu de la flotte d’Emirates (MSN 32789, ex-A6-EBB), un appareil que la compagnie de Dubaï a loué à GECAS durant 15 ans. L’appareil se trouve désormais chez IAI à Tel Aviv, le chantier de conversion devant initialement démarrer à la fin de l’année pour une entrée en service fin 2022.
En plus d’être partie prenante du programme, la filiale dédiée au leasing et au financement d’avions commerciaux de General Electric est aussi le premier client du programme, s’étant engagé sur 15 appareils fermes (dont le prototype) et 15 options, tous les avions provenant directement de son portefeuille.
Pour rappel, le 777-300ERSF est le tout premier programme de conversion P2F concernant la famille 777 de Boeing, l’avionneur américain continuant à proposer son 777 Freighter directement sortie d’usine, la version tout cargo du 777-200LR.
Le 777-300ERSF vise notamment la succession des 747-400F et les opérateurs transportant du fret au poids volumétrique faible, à l’instar des spécialistes du transport de colis express et les acteurs du e-commerce.
Le marché visé représente entre 120 et 180 appareils sur 10 ans.
Selon GECAS et IAI, le 777-300ERSF affichera une consommation en carburant par tonne réduite de 21% par rapport au 747-400F tout en proposant 25% de volume en plus que le 777 Freighter (mais deux tonnes de moins à pleine charge, 101,6 tonnes maximum).
Son rayon d’action sera de 4650 nautiques (8600 km) à pleine charge.
Les travaux de conversion du 777-300ER sont particulièrement lourds.
Outre l’ajout d’une porte de chargement en aval de voilure (146,5 x 120 pouces), des renforts de fuselage associés, du système de chargement au sol et des modifications relatives au transport de fret (cloison étanche rigide 9g, désactivation de 8 portes, rebouchage des hublots, système de détection incendie, compartiment des accompagnants …), le programme comprend évidemment le remplacement des fameuses poutres de plancher composites par des poutres en aluminium.
Le modèle économique du partenariat entre GECAS et IAI n’a pas été dévoilé, mais il est certain que les coûts de conversion de l’appareil seront particulièrement élevés, s’approchant des 30 millions de dollars par appareil (à comparer au 18 millions de dollars par exemple pour un A330-300P2F aujourd’hui).
Dans une étude récemment publiée, le cabinet IBA estime qu’un 777-300ERSF en leasing produit en 2005 aurait un léger avantage économique en le comparant à des estimations de loyers pratiqués sur les 777F les plus anciens à horizon 2023 (autour des 800 000 dollars).
Source AeroBuzz & Le journal de l’aviation