LA CHRONIQUE DE GILLES LAMOUREUX. De tous les changements induits par le Covid-19, un de ceux qui affectent le plus notre quotidien est l’arrêt des contacts physiques entre amis. Se taper des coudes ou des pieds (Wuhan shake ou elbow bump) n’est pas évident, d’autant que la poignée de main est un des gestes relationnels le plus ancien du monde occidental, souvent représenté dans de nombreuses peintures antiques.Les traités qu’ils soient commerciaux ou diplomatiques se concluaient par une poignée de main qui formalisait l’accord et constituait une marque de confiance (occasionnellement, il démontrait que personne n’avait d’arme à pointer vers l’autre).
Autre forme de contact et non des moindres, le baiser ou la bise, qui pose tant de problème aux Américains qui préfèrent le « hug » et qui se trouve surtout dans les pays influencés par les Romains, ceux-ci utilisant 3 termes : l’osculum pour le baiser solennel, le saevium pour l’acte plus intime et le baesium, qui tient un peu des deux et dont le nom a donné notre “baiser” moderne.
Du temps des pays des blocs de l’Est, les dirigeants montraient publiquement leur accord en échangeant ce qui était appelé « le baiser fraternel socialiste » sur la bouche, le plus connu étant celui entre le dirigeant soviétique Léonid Brejnev et celui d’Allemagne de l’Est, Erich Honecker et qui a été reproduit sur une partie restante du mur de Berlin.
Mais ces contacts physiques ne sont pas universels et d’autres peuples préfèrent privilégier la distance par rapport aux contacts. En Asie se pratique le Namasté en Inde (« Je m’incline devant toi en Sanskrit) ou le Wai en Thaïlande, où on se penche en joignant les mains. Au Japon, la courbette (Ojigi) est mesurée en fonction du rang de la personne que l’on salut ; Au Tibet, on se tire la langue pour montrer que celle-ci n’est pas noire, marquée par un démon et au Maghreb, on met la paume de la main contre son cœur.
Ceci étant, à chaque bouleversement se cache un avantage et l’arrêt (momentané ?) des bises nous délivre du dilemme traditionnel qui se posait à chaque rencontre de personnes nouvelles : 2, 3 ou 4 bises ? Ce nombre étant très variable selon les régions et les classes sociales.
Sans compter l’autre question existentielle : commence-t-on la bise par la joue gauche ou la joue droite ?
Sur ce, je vous souhaite une bonne semaine !
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