Certaines ont été fracassées pour des raisons idéologiques. C’est ce qui est arrivé après la chute du bloc de l’Est, lorsque bon nombre des effigies monumentales de Lénine ont été abattues.
L’avidité des Barbares qui ont envahi l’Empire Romain a amené ceux-ci à briser certaines statues antiques, celles-ci étant serties d’or ou enrichies de pierres précieuses, pour ne garder que ce qui était rapidement monnayable.
Les questions religieuses ont également été source de destructions de statues. Au XVIème siècle, les protestants français ont ravagé les églises catholiques pour détruire les figures de saints, tout comme en 2001, les talibans au pouvoir en Afghanistan ont dynamité les bouddhas à Bamiyan.
Et puis, il peut y avoir un mélange de toutes ces raisons, comme c’est arrivé durant la 2nde guerre mondiale à Paris, durant laquelle les forces d’occupation allemandes ont exigé la fonte de nombreuses statues, faites en bronze, sous le prétexte de récupérer des métaux pour contribuer aux efforts de la guerre.
Si la demande de récupération a été exprimée de façon générale, certaines statues ont été plus visées que d’autres, notamment celles de célébrités ayant exalté l’esprit républicain, peu valorisé par le gouvernement de Vichy et la fonte a ainsi permis un contrôle des hommages publics et l’élimination des « fausses gloires ».
En dépit des réticences de l’administration parisienne qui a multiplié les obstacles et les lenteurs, ce sont 144 statues qui ont été sacrifiées, dont 65 statues de grands hommes, 71 œuvres d’art et 8 allégories républicaines.
Pourtant le gain en bronze a été négligeable par rapport aux œuvres (1,17% de l’ensemble des prélèvements d’étain), mais l’action était symbolique et pour les Allemands et pour les subalternes du gouvernement de Vichy.
A la libération, certains conservateurs se réjouirent cependant d’avoir vu disparaître certaines statues du début du XXème siècle à la qualité esthétique très discutable. Peu de personnes ont regretté « Thésée combattant le centaure Biénor et un lion » ou le monument « aux pharmaciens et aux chimistes » ou celui dédié aux « aéronautes du siège de Paris » …
A toute chose, donc, malheur est bon.
Il reste cependant un dernier péril qui menace les statues et qui a été parfaitement identifié par Winston Churchill. Alors qu’il avait inauguré une statue à son effigie, honneur rare donné aux personnes vivantes, on lui avait demandé quel effet cela lui faisait. Il répondit « Cela vous fait regarder les pigeons d’un autre œil ».
A SAVOIR. SOURCE VALEURS ACTUELLES. Les tensions montent au Royaume-Uni avec de plus en plus de manifestations visant à déboulonner les statues de dirigeants au passé controversé. Une statue de Winston Churchill pourrait ainsi être mise dans un musée pour la protéger si les manifestations continuent. Interrogée sur la BBC, Emma Soames, petite-fille de Winston Churchill, a ainsi estimé que le Premier ministre en temps de guerre était un « homme complexe », mais qu’il était considéré comme un héros par des millions de personnes. Et d’ajouter : « Il est triste que mon grand-père, qui était une figure si unificatrice dans ce pays, semble être devenu une sorte d’icône en étant controversé. C’était un homme puissant et complexe, avec infiniment plus de bien que de mal dans le grand livre de sa vie. Nous sommes arrivés à un point où l’histoire n’est vue que par le prisme du présent ».
LE PLUS. Allemagne : la sculpture de la « Truie des Juifs » reste accrochée à l’église de Wittenberg. La justice allemande a rejeté, le 24 mai dernier, la requête d’un homme réclamant le retrait de la sculpture médiévale antisémite de la « Truie des Juifs » ornant l’église Sainte-Marie de Wittenberg, berceau de la réforme protestante. Le 24 mai, la justice allemande a débouté Michael Düllmann, un membre de la communauté juive allemande, qui réclamait le retrait d’une sculpture datant de 1305 et ouvertement antisémite, ornant l’église Sainte-Marie de Wittenberg, en Saxe-Anhalt. Cette représentation médiévale, appelée « Judensau » ou « Truie des Juifs », présente des personnages juifs tétant une truie tandis qu’un rabbin examine la croupe de l’animal. Le plaignant estimait que l’église commettait un outrage et l’insultait lui et les autres Juifs en conservant cette représentation.