Nathalie Sosna-Ophir. « Il y a juste 39 ans, le 10 mai 1981, la Gauche Française voyait la vie en rose et soufflait comme un vent d’espoir et de liberté… des épines cependant…Bousquet…impardonnable en effet…mais François Mitterrand fut aussi le 1er président français à se rendre officiellement en Israël en mars 82 et à prononcer un discours à la Knesset.
« Comment l’OLP qui parle au nom des combattants, peut-elle espérer s’asseoir à la table des négociations tant qu’elle déniera le droit d’exister et les moyens de sa sécurité à Israël ? Le dialogue suppose la reconnaissance préalable et mutuelle du droit de l’autre à l’existence ». Dès 1947, contre l’avis de son propre gouvernement et les pressions des Britanniques, il s’engage pour que l’Exodus puisse accoster à Sète car disait-il « je ne supportais pas que ces hommes et ces femmes en quête de liberté fussent chassés de partout, rejetés du droit d’être eux-mêmes, par ceux qui avaient plein la bouche de grands mots et de grands principes »…quel que soit notre tropisme politique, force est de constater que l’on est très loin des jumelles honteuses et dédaigneuses de VGE… »
LE PLUS. Selon https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00017/francois-mitterrand-a-la-knesset.html
Entre le 3 et le 5 mars 1982, François Mitterrand se rend en Israël pour une visite officielle, la première d’un président français depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, événement historique par conséquent et tournant dans la politique étrangère de la France au Proche-Orient.
En effet, depuis le conflit israélo-arabe de 1967 et l’annexion des territoires arabes par Israël, le général de Gaulle avait pris ses distances avec l’Etat hébreu, position maintenue par Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Fidèle ami de l’Etat juif, proche du parti travailliste israélien, Mitterrand n’a jamais caché son soutien à Israël, tout en étant conscient de la nécessité pour le peuple palestinien d’avoir un Etat. Position équilibrée par conséquent, que le président prend le parti de défendre devant la Knesset (le parlement israélien) à l’occasion de sa visite officielle.
Dans une longue introduction, Christine Ockrent revient sur l’ambiance particulière de cette deuxième journée de la visite présidentielle à Jérusalem où « les sentiments et la politique sont inextricablement mêlés ». « Les sentiments » – le recueillement au mémorial de Yad Vashem, lieu du souvenir des victimes de l’Holocauste – ont laissé place ensuite à « la politique », le long discours du président sur la situation au Proche-Orient devant le Parlement. La présentatrice du 20 heures souligne longuement le caractère historique de ce discours « magistral », « où tous les mots attendus ont été prononcés dans un ordre subtil (…) devant un auditoire suspendu ».
Le reportage rediffuse le moment-clé de l’allocution présidentielle sur l’Etat palestinien. François Mitterrand rappelle son engagement de la première heure aux côtés du peuple juif, lorsqu’il avait plaidé en faveur d’un asile pour l’Exodus, navire sur lequel des communautés juives avaient tenté de rejoindre la Palestine en 1947. Ce droit légitime d’un peuple à vivre sur sa terre, le président le revendique également pour le peuple palestinien « habitants de Gaza et de Cisjordanie », territoires occupés par Israël.
Le chef de l’Etat est prêt à reconnaître le principal mouvement de résistance armée défendant la cause palestinienne, l’OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine), créée en 1964 et dirigée par Yasser Arafat depuis 1973, à condition qu’il reconnaisse, de son côté, l’existence de l’Etat d’Israël et renonce à l’usage de la violence, c’est-à-dire aux attentats terroristes perpétrés contre les Israéliens. La reconnaissance d’un Etat palestinien impliquerait par conséquent l’évacuation des territoires occupés, condition rejetée par les dirigeants israéliens. La réponse du Premier ministre, Menahem Begin est sans appel : « La création d’un Etat palestinien aurait pour seul but de détruire l’Etat juif », Begin critique vigoureusement la position française et dénonce en particulier l’attitude du ministre des Affaires extérieures, Claude Cheysson, qui ne cache pas à l’époque sa sympathie pour l’OLP.
L’invasion du Sud Liban par l’armée israélienne quelques mois après ce voyage, en juin 1982 conduira François Mitterrand à soutenir davantage la cause palestinienne.