Yom HaZikaron « jour du souvenir pour les victimes de guerre israéliennes et pour les victimes des opérations de haine ») est un temps fixé par l’État d’Israël dans la seconde moitié du XXe siècle pour rendre hommage aux soldats morts pour la patrie. La commémoration est très spéciale cette année en raison du coronavirus. Il se tient ce jour. « Les événements de Yom HaZikaron ont commencé par une commémoration nationale nocturne au mur Occidental à Jérusalem et une sirène a retentit dans tout le pays. Ce jour, deux cérémonies sont organisées au cimetière national du mont Herzl à Jérusalem – l’une pour les soldats tombés au combat, l’autre pour les victimes du terrorisme – ainsi que des événements de moindre envergure dans les 52 cimetières militaires du pays.
REUVEN RIVLIN, PRESIDENT DE L’ETAT D’ISRAËL. (i24News). « Cette année, nous ne pouvons pas venir sur vos tombes, nous ne pouvons pas être prêts de vous, nous ne pouvons pas vous embrasser », s’est-il désolé, en faisant référence à la fermeture des cimetières militaires en raison de la pandémie du Covid-19. « Voilà l’épidémie qui arrive et soudain, il semble que le monde tourne plus lentement. Cette année, nous ne pourrons pas pleurer ensemble. » « Cette journée a pour vocation de nous rappeler les deux promesses qui sont la base de la société israélienne : la promesse de construire à la sueur de nos fronts une vie respectable, sereine et sûre pour nos enfants, mais aussi la promesse de les ramener à la maison à tout prix, même ceux qui ne sont pas rentrés du combat. » « Les sirènes qui retentissent ce soir nous rappellent la souffrance de l’indépendance qu’Israël a acquise si durement », a pour sa part déclaré le chef d’Etat-major de l’armée, Aviv Kochavi. Pour les soldats de Tsahal, [la protection du pays] n’est pas un défi limité dans le temps, cela renvoie à une menace qui pèse tout au long de l’année », a-t-il poursuivi. « Parfois, cette menace atteint nos familles, les laissant brisées et désespérées pour toujours. »
Yom Hazikaron précède les festivités du Jour de l’Indépendance d’Israël. Il a ensuite été étendue à toutes les personnes mortes pour l’État d’Israël et à celles assassinées parce qu’israéliennes ou juives depuis 1945. La commémoration se tient généralement le 4 iyar (entre la mi-avril et la mi-mai du calendrier grégorien selon les années) et donne lieu à diverses cérémonies et coutumes de recueillement, dont la fermeture des lieux de loisir et les sirènes du souvenir. Elle est observée par l’ensemble de la population juive israélienne, à l’exception d’une frange du secteur haredi.
Yom Hazikaron commence de nos jours au Mur occidental. Une cérémonie se tient au Mur occidental en présence du président de l’État, du général en chef des armées et des familles endeuillées (un amendement à la loi de 1963 leur permet de bénéficier d’un congé exceptionnel en ce jour3). À 20 h, une sonnerie du souvenir y retentissant ainsi que dans tout le pays pendant une minute. On récite ensuite un Yizkor particulier. Dans sa version originelle, ce Yizkor, composé par Berl Katznelson pour les morts de Tel Haï, ne contenait aucune référence à Dieu mais elles y ont été introduites depuis par Shlomo Goren, rabbin des armées puis grand-rabbin ashkénaze d’Israël. Des torches du souvenir sont également allumées. D’autres cérémonies ont lieu ensuite en d’autres endroits pour les victimes d’attentats.
Yom Hazikaron prend une importance particulière dans le secteur sioniste-religieux, du fait de la place des harouggei malkhout (Juifs mis à mort par « le royaume », c’est-à-dire les états ou autorités non-juifs) dans la tradition juive en général, et de la perception de l’indépendance d’Israël comme un miracle divin en particulier. Les prières sont réalisées après la sonnerie des morts, afin qu’elle ne les perturbe pas ; de nombreuses communautés pleurent leurs morts. Au lendemain matin, certains ajoutent le psaume 9 après le kaddish shalem car, d’après Rachi, ce psaume parle de la rédemption future. Le yizkor pour les disparus est également récité.
Initialement conçu pour complémenter Yom Haatzmaout, Yom Hazikaron a largement pris l’ascendant sur lui avec le temps. En effet, alors que la réalité de l’État a été intégrée par les générations nées après sa création, le nombre de morts a augmenté avec les années et concerne de nombreux Israéliens. De plus, les programmes pédagogiques des écoles ainsi que les émissions radiophoniques et télévisées, qui diffusent à longueur de journée les noms des morts et des récits de vie, accroissent l’implication de la population à la réalité israélienne, et ont contribué à l’intégration des immigrants dans leur nouvelle société2,11.
Yom Hazikaron est pour cette raison totalement ignoré de ceux qui estiment ne pas faire partie de cette histoire, d’une part le secteur arabe (mais non bédouin) de la population et d’autre part certaines franges du secteur haredi opposées au sionisme pour des raisons religieuses ou politiques. Cependant, si la télévision relaye annuellement les images de haredim continuant leurs activités lors des sirènes de la mémoire et que certains tentent de perturber les cérémonies, une réflexion tend à s’amorcer chez d’autres.