Rappel : Ce récit est écrit dans un hôpital de Tel-Aviv. Je suis arrivé à « Shmuel Harofé » un mardi soir. Confiné avec des malades du côté de Beer Yaakov. Impossible de sortir. Des barrières sont partout. Les fenêtres sont scellées. Après 24 jours dans l’hôpital, je suis à présent libre! (Daniel Rouach).
DERNIER EPISODE N°10. Les résultats d’hier matin ont été « à la marge » et les médecins ne souhaitaient pas se prononcer sur l’état réel de mon coronavirus. Ils ont refait un nouveau test, et les résultats sont tombés : négatifs deux fois au coronavirus. Je suis donc libre! En trente minutes je range mes affaires et j’ai juste le temps de saluer mes « compagnons de voyage ».
Mes amis Erythréens ont la larme à l’oeil. Surtout Hadash qui a l’impression de perdre un ami de combat. A 23 ans, abandonné à son sort depuis son enfance, il n’a eu que des malheurs. Analphabète, il n’écrit pas correctement l’Erythréen. Je n’ai eu que le temps de lui enseigner plus de 100 mots d’Anglais (à sa sortie je vais le retrouver à l’Université de Tel-Aviv pour poursuivre mes cours) qui lui permettront de fuir Israël et pour aller vers des lieux plus propices. Je lui offre un Tshirt « Bits of Gold », la startup de mes fils spécialisée dans le bitcoin. Il ne sait pas que j’ai commencé, de l’hôpital, à activer tous mes réseaux pour le sortir de son enfer. J’ai déjà mobilisé des avocats.
Anne Baer a écrit sur mon séjour à l’hôpital : « Depuis début avril, D. R. est hospitalisé dans l’aile ultra-sécurisée de l’hôpital Assaf Harofe dans le centre d’Israël. A mi-chemin entre Star Wars, la Prison de la Santé, et la tour de Babel. On compte 12 à 15 nationalités différentes pour 40 patients. Il faut s’organiser, traduire et rassurer. Daniel est le vétéran. Il s’y colle. Il raconte de l’hôpital son expérience, nous offrant des détails jamais entendus. On ne voit pas les soignants, mais ils sont là, omniprésents, et ils observent les 40 malades par vidéo-surveillance, les convoquent derrière une vitre sans tain pour des points quotidiens. Parmi les malades, cinq Érythréens sans papiers et une Yéménite égarée, entièrement pris en charge. Les patients s’auto-gèrent, on les approvisionne à la porte. Pour sortir de l’aile Corona, il faut deux tests négatifs consécutifs. Cela prend des jours pour avoir les résultats, quand ils ne sont pas erronés, comme dans 30% des cas ».
Dernier épisode. Ce que j’ai appris durant les 24 jours enfermé dans un corona-hôpital :
1. SECRET. A Paris, j’ai eu l’occasion de rencontrer Simone Veil. (Elle a été déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, durant la Shoah, où elle perd son père, son frère et sa mère. Rescapée avec ses sœurs Madeleine et Denise). Elle était venue présenter un de ses livres à ESCP. J’ai assisté, au premier rang de l’amphi, à sa présentation. Mon impression : des secrets bien gardés resteront à tout jamais dissimulés par Simone Veil. Lesquels ? Seul Dieu le sait. Pour ma part seuls ceux qui auront vécu mon expérience auront en eux des secrets qu’ils ne partageront jamais.
Je vous donne un « secret racontable » parmi d’autres : un malade du coronavirus est guéri. Il s’en va … Deux jours après on retrouvera une petite armoire bourrée de nourritures que l’hôpital nous avait livrées tous les jours en abondance. Ayant peur de mourir de faim, il avait conservé un stock de survie. Impossible de lui en vouloir. Ceux qui revenaient des camps de concentration avaient toujours peur de manquer de pain… Morale de mon histoire ? Les hommes peuvent avoir des comportements étranges et parfois très imprévisibles. Mais explicables. Tuer pour un morceau de pain ? Relisez les livres de Primo Levi…
2. PRIERE. Sans aucun doute, ceux qui ont le mieux résisté à la maladie ont été les juifs orthodoxes. Un rabbin (membre de notre groupe de malades) a introduit dans notre corona-hôpital des livres de prière, des taliths, un Sefer-Thora. Dès 6 heures du matin ils étaient là à prier. Leur force : se soutenir mutuellement, communiquer par la prière. Leur faiblesse : certains ne connaissaient strictement rien à la science et la médecine. Ils avaient souvent du mal à comprendre la gravité de la maladie.
3. GOULAG. Le monde de demain, de l’après Corona, est à reconstruire. Les enseignements aussi. Nous devons enseigner dans les Grandes Ecoles d’Europe, dont ESCP, là où j’enseigne principalement, une capacité de RESISTANCE face aux obstacles imprévus de la vie. Comment enseigner la résistance, le courage ? Par témoignage direct de personnes qui peuvent expliquer grâce à leur expérience de vie comment elles ont pu résister au désespoir. J’ai longuement décortiqué la méthode de Nathan Sharansky qui est sorti du Goulag et je vais préparer des exercices et écrire des « Case Studies » (Etudes de Cas), style Harvard Busines School, pour simuler des situations très dures où un mental de fer est nécessaire.
4. EMOTIONS. Lors de mon séjour, j’ai pleuré une seule fois à chaudes larmes. Lorsque j’ai compris que certains malades de mon Corona-hôpital étaient en fin de vie. Je ne suis pas le seul a avoir pleuré. Mon compagnon de chambre d’hôpital, un Nigérien, s’est effondré aussi en larmes. Pour lui, la raison était bien différente. Ce que j’ai appris de cet hôpital-prison : mes 4 frères, ma femme, mes enfants, mes amis de la CCIIF et ESCP, mes compagnons de ma cellule-hôpital ont été très précieux. Grâce à un bon mot, un mail sympathique… la lutte contre la maladie est facilitée et possible. Un ami m’a livré un malabi (dessert léger israélien). Il l’a acheté à deux pas de la plage de Palmahim, là où je « réside » lorsque tout fout le camp. Un petit geste, même très léger aide bien plus que ce que l’on croit. Tous les jours Nellu Cohen m’a joint au téléphone de Paris. Raphaël, David, Robert, Michel, tous m’ont donné de précieux conseils… Anne, Carmella, Sabine, Suzette… m’ont aidé.
5. HUMOUR JUIF. « L’humour juif remonte à la Torah, aux Talmuds et au Midrash. L’humour juif est à base d’autodérision, et est fréquemment empreint des stéréotypes des Juifs sur eux-mêmes ou des autres sur eux. Mais il peut prendre une forme plus universelle, et mettre en lumière l’absurdité de la condition humaine, de son rapport au divin, comme on le voit chez Franz Kafka. J’ai souvent eu l’occasion de rire aux éclats dans ma prison-hôpital. Et ce sont ces rires qui me marqueront le plus.
Une histoire juive : sur la plage de Miami Madame Cohen surveille sa fille de 8 ans. Soudain sa fille est emportée par une vague. D’une voix entrecoupée de sanglots elle se tourne vers le ciel : « Je Te supplie mon dieu de sauver ma fille Sarah ». La petite fille s’éloigne encore plus du rivage. Alors elle demande avec plus de force à Dieu de sauver Sarah. Et finalement sa demande est entendue : une vague rejette sa fille sur la plage. Elle se tourne alors vers le ciel : « Elle avait un chapeau! ».
Pour ma part je remercie le ciel de m’avoir sauvé. Pas besoin de plus ! Merci aussi aux médecins, tous arabes israéliens, de m’avoir permis d’abattre ce coronavirus. Cette véritable saloperie qui a tué plus de 190 personnes en Israël et plus de 21 856 en France.
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EPISODE N°9. INTRODUCTION. Le coronavirus ne me quitte toujours pas. Mon petit-fils Oren a réalisé pour moi, et en 3D, en plastique, le symbole de ce virus. Il est devenu un objet fétiche déposé sur ma table de chevet. Demain matin ce sera mon 4ème test et mon 21ème jour prisonnier ici. Depuis mon arrivée, j’ai partagé ma chambre avec 7 malades.
Le dernier arrivé, Kuma, Erythréen, est bizarre. Toutes les heures il prend une douche complète. Selon un psy : « On frotte, on lave pour conjurer une angoisse. On se sent coupables à l’idée d’être contaminées et de contaminer les autres. » Comme on vit dans une société hygiéniste, l’angoisse se porte sur la maladie, la nécessité de désinfecter ».
Mon meilleur moment depuis l’épisode précédent : sentir enfin le café Turc. En effet, je retrouve tranquillement l’odorat. « Une nouvelle étude européenne sur les patients atteints du Covid-19 révèle que les malades ayant été victimes d’une perte de goût et/ou d’odorat pourraient ne les recouvrer que dans une période allant de 15 jours à 12 mois ». C’est une bonne nouvelle car à présent mon corps a gagné une bataille face au coronavirus.
Une infirmière me demande, à travers les micros-hurlants, ce que je souhaite manger demain. Je donne toujours la même réponse, « du schnitzel ». En fait, les schnitzels n’arriveront jamais. Les végétariens, les carnivores, les sans gluten… sont tous au même niveau. A égalité. Même repas pour tous.
CHIFFRE. Israël, qui compte environ neuf millions d’habitants a officiellement enregistré ce jour 181 morts. Les médecins de l’hôpital Ichilov à Tel Aviv vont commencer à administrer du cannabis médical aux patients atteints du coronavirus qui sont dans un état modéré. Ici, les malades ont surtout besoin de cigarettes et sont en état de manque permanent.
COREE. Dans mon lieu de séjour il n’y a pas de visites de familles où d’amis. Vendredi dernier Jonathan a apporté des sacs (habits…) qu’il a déposé à l’entrée de l’hôpital et a trouvé le moyen de monter sur un talus pour observer la porte d’entrée de ce Corona-hôpital. Il me contacte au téléphone et nous nous sommes alors salués à 200 mètres d’écart dans un style « rencontre familiale Corée du Nord-Corée du Sud ».
PRIERE. Ce soir une scène amusante. Mon voisin de la Chambre 3, Mohamed qui habite un village arabe, a laissé sa porte ouverte et est en train de faire sa prière à genou sur une serviette de bain qui lui sert de tapis de prière. Il me regarde. Je lui sourit. Et nous éclatons de rire… en faisant les deux le signe « V » comme victoire (cohabitation pacifique juifs-arabes).
CREATIF. Les israéliens sont toujours créatifs. Avec mon ami Koby, j’ai l’intention de faire voler un petit « drone-livreur » pour apporter des paquets de cigarettes destinés à mes co-malades. Cela me permettra de nourrir en photos mon compte instagram (22 000 abonnés). Les malades Erythréens n’ont presque pas de vêtements de rechange. J’ai fortement suggéré à ceux qui quittent l’hôpital d’offrir des vêtements usagés. Un jeune américain à donc offert, avant de partir, des chemises achetées à New-York.
MORT. Des solutions sont trouvées pour que les familles parlent avec les très grièvement malades avant leur mort. Selon un média : « Un nombre incalculable de personnes dans le monde n’ont pu faire leurs adieux à des proches malades du nouveau coronavirus, n’étant pas autorisées à approcher les patients contaminés. Les responsables israéliens du centre médical Sourasky de Tel-Aviv ont choisi de fournir l’équipement de protection nécessaire afin d’offrir aux familles une chance de dire au revoir à un parent.
« C’est notre devoir moral en tant que personnel médical et en tant qu’êtres humains », a déclaré Ronni Gamzu, directeur général de l’hôpital. Le problème a préoccupé les professionnels de la santé du monde entier. « Les familles supplient de voir leurs proches avant de mourir. Une simple faveur, devenue un dilemme à la fois éthique et médical », a déploré cette semaine un groupe de médecins dans le New England Medical Journal, appelant à des solutions créatives pour résoudre le problème ».
CLOWNS. Des clowns médicaux devraient nous rendre visite. Peu de gens le savent, Israël est leader mondial en termes d’intervention des clowns dans les hôpitaux. Nimrod Eisenberg, qui travaille à l’hôpital Sourasky de Tel-aviv, est l’un des cent clowns appartenant à l’organisation à but non lucratif Dream Doctors. « Cette association est présente dans 30 établissements hospitaliers en Israël, s’efforçant de redonner le moral aux patients et aux personnels et accompagnant plus de 40 types d’interventions médicales. Le directeur général de Dream Doctors, Tsour Shriqui, a expliqué aux médias que de nombreux hôpitaux ont demandé aux clowns de continuer leur action ».
TRISTE. Ce soir, c’est le début de Yom HaShoah en mode confinement, complètement digitalisé (les émissions TV sont pré-enregistrées), pour éviter des contagions. Demain matin, à 10 heures, les sirènes vont sonner et les israéliens vont se figer durant une minute. Dans notre hôpital seuls les israéliens juifs se lèveront. Sur Galei Tsahal, ma radio préférée, les musiques sont tristes. Des chansons de deuil. Six millions de juifs sont morts durant la deuxième guerre mondiale. Combien de fois ai-je vu en Israël, des numéros gravés sur le bras de personnes sortis des camps de concentrations nazis? De nombreuses fois.
ZOOM MEETING. Brusquement notre aile d’hôpital s’est vidée. je suis à présent le plus vieux locataire. Le sentiment d’avoir été abandonné comme un vieux lion. Ce matin, après mon émission « Israel hightech » sur Radio J (je l’ai fait à partir d’un petit débarras), j’ai fait partie d’un « zoom meeting » organisé par Anne Baer et l’Ambassade de France. Des Français de Chine et d’Israël communiquent sur le coronavirus. Pour ma part, après 20 minutes de conférence, j’ai arrêté ma présence pour raisons médicales, mais j’ai quand même eu le temps de témoigner sur le Corona’Tech israélien… et de faire visiter en zoom notre « Digitale-Room » (salle de communication avec les médecins). En Tshirt frappé « Camp David, » je leur ai aussi présenté un jeune Africain qui passait par là…
MONDE. Les bruits du monde passent très mal les murs de notre compound. Ce soir Bibi Netanyahou a signé un accord avec Beny Gantz. Dans notre Corona-hôpital, personne ne s’y intéresse. Les Erythréens jouent aux dames avec un vieux Rabbin, très malin, qui gagne toujours. Ensuite, ils passeront au Poker. Vers deux heures du matin ils iront dormir. Mes amis africains me disent qu’il n’y a « pas suffisamment de femmes pour nous en Israël ». Ce n’est pas par hasard si les deux jeunes femmes de la Chambre 6 ne sortent jamais de leur chambre. Elles savent qu’elles sont lourdement observées par 10 yeux affamés.
SOURDS. Sur 16 malades qui sont là, nous avons trois personnes sourdes. J’ai l’impression de vivre, sans musique, le film »La famille Bélier ». Ne connaissant pas la langue des signes, je me suis réfugié dans le silence avec elles. Une dame de 70 ans me demande, avec de grands gestes, de la nourrir. Elle me tend une assiette en plastique blanc. Je le fais avec le sourire. J’ai l’impression de me retrouver à la soupe populaire.
MASQUE. Un des malades, Samuel, éternue bruyamment. Je lui suggère de porter un masque (en abondance ici) et des gants. Il ne veut pas m’écouter. Je lui dit que « les infirmiers vont t’enfermer dans une chambre spéciale désignée pour ceux qui ont des comportements dangereux ». Cette chambre n’existe pas, mais mon assurance est telle, qu’il craque.
SHARANSKY METHODE. Là où je suis je n’ai pas abandonné mes hobbies (écriture et émissions radio), continuer à faire ce que j’aime faire (enseigner)… Je me suis largement inspiré de l’expérience de Natan Sharansky qui a passé neuf années dans un goulag soviétique. Il a fait part de cinq astuces pour mieux vivre sa quarantaine. Sharansky raconte avoir passé la moitié de sa peine de neuf ans en confinement, dans la plus totale solitude, avec notamment 405 jours passés dans une cellule disciplinaire. « J’ai donc une certaine expérience du temps passé à l’isolement, et je veux vous donner cinq astuces », dit-il. Aujourd’hui âgé de 72 ans, l’ancien prisonnier politique avait été arrêté par les autorités soviétiques en 1977 et accusé de haute trahison. Il était resté incarcéré jusqu’en 1986 avant d’être libéré à la suite d’une campagne de pression menée en Israël. Il a fait de la politique au sein de l’État juif pendant dix ans, occupant des fonctions ministérielles ainsi que le poste de vice-Premier ministre. 5 astuces :
(1.) La première, c’est de vous souvenir de ce qui a motivé votre mise en quarantaine. Sharansky raconte avoir dû se rappeler qu’il prenait part à une « guerre immense et globale » et que dorénavant les gens devaient se souvenir que « nous sommes en guerre contre un ennemi invisible, mais très dangereux, et notre victoire dans la bataille dépendra de notre comportement ».
(2.) Numéro deux : ne pas présumer que tout sera fini dans quelques jours ou dans quelques semaines et prévoir des choses qui ne dépendent que de nous-mêmes – comme lire un livre ou apprendre une langue étrangère.
(3.) Le troisième conseil est de ne pas perdre son sens de l’humour et de raconter ou entendre des plaisanteries en accord avec la situation. « Je me souviens, en prison, avoir adoré raconter des blagues anti-soviétiques à mes geôliers ».
(4.) Autre tuyau, ne pas abandonner ses hobbies. Enfant prodige des échecs qui, à 15 ans, a remporté les championnats dans sa ville natale de Donetsk, il est parvenu à s’adonner à sa passion sans échiquier et à traverser les difficultés de son emprisonnement en jouant des centaines de parties contre lui-même dans sa tête.
(5.) Et enfin, la cinquième et dernière astuce est de « ressentir vos liens et vous souvenir que vous n’êtes pas seul ». « Pensez-y. Ressentez ce lien ».
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EPISODE N°8. (Jour 17). Rappel : Ce récit est écrit dans un hôpital de Tel-Aviv. Je suis arrivé à « Shmuel Harofé » un mardi soir. Confiné avec des malades du côté de Beer Yaakov. (Daniel Rouach).
CORONACHOC. Dans la ville de Haïfa, au Nord d’Israël, des sangliers sont dans les rues. Des bouquetins et des chèvres de montagne sauvages envahissent Eilat sur la mer Rouge. Une centaine de chacals vivent à Hayarkon Park en plein coeur de Tel-Aviv.
Là où je suis je n’ai repéré de ma fenêtre scellée qu’un chat, un corbeau, un oiseau. Les animaux sont parfois les hommes en cage dans mon Corona-Hôpital. Certains sont doux comme des agneaux, d’autres agissent comme des sauvages, mais tous sont « corona-dépressifs ». A ce propos, j’ai développé un nouveau vocabulaire que je test auprès de Gérard Pomper (un vétéran d’Israël) et que je vais utiliser dans mes interventions à la radio : coronasceptique, coronalarmiste, coronapositif, coronacool.
BRIGITTE. J’ai demandé à XXX, une amie avocate de LREM (La République en Marche) qui habite Paris, et qui m’a joint hier pour savoir ce que je pensais sur une technologie de tracking israélienne, ce que devenait Brigitte Macron (elle la connait bien). Sa réponse est intéressante : « elle passe des heures à remercier ceux qui contribuent à la lutte contre le coronavirus ». Je ne sais pas si Sarah, la femme de Bibi, très active sur Instagram, fait la même chose. Je doute fort.
MAYA. Hier soir, les résultats du dernier test (numéro 4) coronavirus sont tombés. Toujours positifs. A travers un micro et une vidéo situés dans ma chambre, le matin, l’infirmière, Maya, m’avait demandé de prendre la température et la tension. A la fin de cette opération elle m’a dit : « Toda Motek ». En Franglais cela signifie « Merci Sweetie ». C’est le genre de mot qui adoucit la vie. La langue hébraïque est un trésor. L’expression que j’adore en hébreu est « Shtu’yot be mits avganiyot » (« Stupidités dans un jus de tomates »). L’expression la plus utilisée actuellement durant les fêtes de Pessah : « Avarnu et Pharaoh, na’avor gam et zeh »(« On a vaincu Pharaon et on viendra à bout de ça aussi ». Sens exact : on a surmonté bien d’autres épreuves, on surmontera ça aussi.)
APARTHEID. Au Corona-Hôpital où je suis, tout bouge tout le temps. Quatre travailleurs Chinois sont partis. Nous n’avons jamais pu leur parler. Ce matin, un des vieux malades habitant Jérusalem (traumatisé par tant de guerres et attentats en Israël) voulait me parler sur les deux arabes israéliens qui sont parmi nous. Il craint que l’un des jeunes lui tranche la gorge dans la nuit. Je lui suggère de bloquer la porte de sa chambre avec des meubles, chaises et des ventilateurs et lui dit que 23 caméras vidéo veillent sur nous. Il n’est pas convaincu. Je lui dit alors de prier encore plus fort. Toujours pas convaincu. En fait il souhaiterait que je fasse dégager de notre Corona-Hôtel les deux jeunes. Et c’est là où je lui explique qu’Israël ne pratique pas l’apartheid comme l’a affirmé un ex-président américain ,Jimmy Carter.
MESSIE. La bonne nouvelle du jour. Le professeur Yuval Noah Harari, célèbre auteur du best-seller Sapiens et mal-aimé en Israël, a annoncé sur Twitter faire don d’un million de dollars (920 000 euros) à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pas un dollar pour Israël. Harari n’intéresse personne ici. Il est considéré comme un faux-Messie qui va mal finir.
A propos de Messie. Le dernier soir de Pessah, un des malades sympathique et rigolo, d’origine Belge a déclaré à tous qu’il était le Messie. On s’en doutait. Depuis quelques jours il s’agitait dans tout les sens pour tout ranger (toc bien repéré par les médecins). Ensuite il a un peu déliré.
Les juifs orthodoxes l’ont laissé parler. Notre Messie est un vrai moulin à paroles. Macron, capable de parler six heures sans boire, aurait été surpris par le flot et le débit de paroles de mon compagnon d’Hôpital. On m’a demandé ce qu’il fallait faire. Ma réponse a été claire. « Il faut le laisser tranquille. » Ma fille m’a demandé ce jour si mes histoires sont inventées. La réponse est non. A Beersheva un hôpital tenu par un juif orthodoxe est saturé de Messies. Un de plus, un de moins cela ne change pas la donne.
CRÊPES JUIVE. Mimouna ratée. Avant hier soir c’était la Mimouna en Israël. Cette fête est en générale magnifique. Elle a été un fiasco complet. La Mimouna est une fête populaire observée depuis environ trois siècles par les communautés juives originaires d’Afrique du Nord au sortir du dernier jour de Pessa’h, Isrou ‘Hag Pessa’h. Elle a pris une ampleur particulière en Israël, où elle atteint des proportions quasi nationales.
Nous avons eu droit pour repas à base de thon, tomates et concombres. Durant des heures une malade a préparé un grand plateau. Personne n’a voulu toucher son met. En effet, elle refuse de porter un masque. Sa voix de crécelle m’est insupportable. Manger un plat garni de salive d’une malade ne m’a pas trop plu. J’ai donc décidé de manger des yaourts. En quantité. Vers 15 heures hier nous avons reçu en compensation un plat de mofletta. C’est une crêpe juive sépharade traditionnellement consommée pendant la célébration de la mimouna, le lendemain de Pessa’h. Une dame a récupéré le plateau et l’a emporté dans sa chambre… pour s’empiffrer à mort. Je l’ai maudite.
FOOD. Oeufs de Pessah. Je l’ai déjà écrit. Matin, midi et soir on mange des oeufs. Révolution depuis deux jours : les oeufs bouillis arrivent sans coque. L’explication est simple: les oeufs viennent à présent d’Espagne et sont estampillés dans les ports espagnols. Sont-ils vraiment cashers? Je soupçonne les Autorités de nous en cacher l’origine. En effet, face à la pénurie générale d’oeufs le ministère de l’Agriculture a commandé à l’étranger une gigantesque quantité de ce produit. « Deux cargos-frigorifiés chargés de millions d’oeufs d’origine espagnole ont fait la route pour Israël. La logistique a été assurée pour que ces oeufs arrivent dans les entrepôts des chaînes de distribution alimentaire. Il s’agit de deux bâtiments appartenant à la compagnie britannique Borchard Lines dont le bureau en Israël a organisé cette opération d’urgence pour arriver en Israël ».
INNOVATION. Les israéliens innovent tout le temps, un véritable état d’esprit. « A Tel-Aviv, une cabine grise et bleue attire les regards des quelques passants. Mise en place par une des caisses d’assurance maladie israéliennes, elle permet à des personnes potentiellement porteuses du nouveau coronavirus de se faire dépister, en pleine rue. A l’intérieur, une personne en blouse bleue et avec un masque sur la bouche glisse ses mains dans de longs gants en caoutchouc noir à travers deux hublots scellés. De l’autre côté de la vitre, un malade potentiel tend son visage après avoir montré sa carte d’identité, et le soignant introduit un coton-tige dans sa bouche et son nez ».
JUIFS ET ARABES. Une histoire racontée en boucle en Israël. La scène se déroule dans un hôpital du nord d’Israël. Un juif orthodoxe atteint par le Covid-19 se fait aider par deux infirmiers arabes pour mettre ses téfilines. Les téfilines son constitués de deux petits boîtiers cubiques contenant quatre passages bibliques et attachés au bras et à la tête par des lanières de cuir, ils sont portés lors de la lecture du shema et de la prière matinale des jours profanes par les hommes ayant atteint leur majorité religieuse. L’un d’entre eux, Halil Hazaouis a raconté au journaliste Amnon Levy que le patient, une personne âgée réclamait son aide. « Il était très faible et ne pouvait y arriver tout seul. Nous ne savions pas comment nous y prendre alors on a amené des téfilines et à l’aide d’un tuto sur internet, nous avons réussi l’exercice ». L’infirmier a ajouté durant l’interview que le patient en question s’est finalement remis et a pu rentrer chez lui quelques jours plus tard. « Une fois sur pieds, il nous a remercié de tout son cœur », a-t-il raconté. Halil Hazaouis a depuis, reçu des messages de félicitations non seulement des membres de son équipe mais en provenance de tout le pays. « Des messages émanant de juifs comme d’arabes », a-t-il tenu à préciser.
RECIT DE DANIEL ROUACH. EPISODE N°7 (Jour N°15). RESUME DES EPISODES PRECEDENTS. Ce récit est écrit dans un hôpital de Tel-Aviv. Je suis arrivé à « Shmuel Harofé » un mardi soir. Confiné avec des malades du côté de Beer Yaakov. Ma crainte initiale s’est à présent éloignée. J’ai reçu des messages émouvants de nombreux amis. Mes étudiants de ESCP (Paris) et les Professeurs de Paris, Londres, Varsovie… s’inquiètent pour ma santé. J’ai fait savoir que cela va bien mieux. Déjà 14 jours dans un hôpital. Je suis en permanence testé positif au coronavirus (pas de problème respiratoire).
BOSS. Etonnant mais réel. Là où nous sommes, en autarcie complète, chacun lave son linge et le fait sécher à l’extérieur. C’est ainsi que dans la cour on retrouve des shorts aux couleurs africaines, des sous-vêtements de grandes marques Italiennes et aussi… « Le Slip Français », des chaussettes frappées du drapeau américain… Avec le temps il est possible de savoir à qui tel short appartient. Certains malades portent en permanence un pyjama. D’autres sont en pantalon de ville et chaussures de cuir.
Hier soir un arabe israélien, Mohamed, de 19 ans est arrivé (le premier musulman depuis 15 jours) avec son frère de 14 ans. Il portait un magnifique Tshirt Boss (un vrai). Sa montre était une clinquante (fausse) Rolex. Son hébreu est presque parfait. Il vient d’une bourgade arabe (4500 habitants) proche de Haïfa et paye ses études d’ingénieur en livrant, en camionnette, des produits. C’est là qu’il a été contaminé sérieusement. Il a été le premier malade de son village.
MALKA. Nous avons à présent cinq femmes dans notre bloc. L’une d’entre elle est une religieuse israélienne très nerveuse. Jeune, elle vient de Jérusalem. Connectée avec l’élite sioniste du pays. Son métier est intéressant. Elle est vendeuse de perruques. Pour les lecteurs qui ne connaissent pas cet univers: « Les femmes juives pratiquantes mariées dissimulent leurs cheveux. Certaines ont même pour coutume de les raser. Car le couvre-chef féminin est devenu un marqueur de différenciation, un étendard : chaque groupe a le sien ». Malka doit certainement avoir les cheveux dissimulés. Elle est habillée d’une robe noire antique. Rien à voir avec celle des jeunes femmes religieuses très fashion.
« Il y a encore quelques années, la mode sioniste-religieuse, c’était le style hippie, baba-cool. Mais récemment un vrai style nationaliste-religieux s’est développé », explique Vered, gérante d’une boutique du centre de Jérusalem. « Ici c’est plutôt vintage, chiffons, dentelles. Mais il y a une multitude de tendances et de créateurs. Les femmes sionistes-religieuses s’intéressent de plus en plus à la mode, comme les femmes du reste de la société israélienne », ajoute-t-elle.
SHOAH. « L’homme décédé vendredi soir atteint du coronavirus, Aryé Even, laisse derrière lui quatre enfants, 18 petits-enfants et un arrière-petit-fils ». Myriam, qui a quitté l’hôpital depuis bien longtemps, a assisté à Jérusalem à la mort en direct de Aryé, rescapé de la Shoah. Il est décédé après avoir récité le « Birkat Hamazon » et le « Shema Israel ». Les détails de l’histoire de Myriam sont horribles. Je n’ai pas la force de l’écrire. Myriam avait fuit la France avec son mari avec le dernier avion Transavia et avait passé 3 semaines à Shaaré Tsedek (Jérusalem). Un séjour traumatisant.
Le Centre Médical Shaare Zedek (Jérusalem) dans lequel Myriam avait été hospitalisée est un centre hospitalier majeur à Jérusalem, fondé en 1902, tout d’abord localisé sur la Rue Jaffa, avant de s’établir en 1980 dans le quartier de Bayit VeGan. Le Centre hospitalier a incorporé le vieil hôpital de Bikur Cholim. L’hôpital a fait la « Une » cette semaine. « Shaare Zedek a signalé récemment l’infection au COVID-19 chez un bébé prématuré né aux premiers stades de l’insuffisance pondérale à la naissance et dans un état grave. On pense que l’un des employés du département qui a récemment reçu un diagnostic de COVID-19 est devenu la source de l’infection. L’hôpital a rapporté que la femme a travaillé dans le service prématuré la semaine dernière et après avoir appris sa maladie, le coronavirus a également été diagnostiqué chez un bébé de ce service. Plusieurs employés du département et parents ont été mis en quarantaine ».
DEGATS. Crise de panique. Ce matin à 1h32, Kevin, cuisinier professionnel à New-York, hurle. Il souhaite me parler d’urgence. Veut-il me transmettre un secret? Me parler d’un drame? Raconter sa dernière peine d’amour? Non, simplement, il vient de converser avec une amie de New-York qui lui conseille de « se tirer à toute vitesse de l’hôpital ». Cela m’a pris une 1h30 pour le calmer. Voir un solide gaillard de 32 ans en train de craquer, c’est assez flippant. Le conseil qui l’a calmé : « De toute manière tes chances de mourir du coronavirus en Israël, ici dans cet hôpital, sont de moins 1%. Keep calm ». Après de longues palabres, il s’endort, exténué. Le coronavirus fait des dégâts. Aucune carapace ne résiste. Hier soir, il m’a fallut l’aide des amis Erythréens pour le sortir de la chambre et le faire manger.
REPAS. Là où nous sommes la nourriture est abondante et strictement casher. Cela n’est semble-t il pas toujours le cas dans les hôtels-coronavirus. Un article publié ce jour et qui est à prendre avec des pincettes : « A l’hôtel XXX les malades disent ne pas manger à leur faim et se plaignent de la quantité et de la qualité de la nourriture. Le ministère de la Santé interdit d’apporter des aliments et des boissons achetés à l’extérieur de l’hôtel. « L’interdiction est dictée par le souci de votre santé et de votre sécurité », dit un document, collé dans le hall de l’hôtel. Les employés du XXX laissent la nourriture devant la porte des chambres. L’un des locataires : «Certains se lèvent tôt le matin et font le tour du couloir, prenant du fromage, des yaourts, des desserts, du beurre sur les plateaux du petit déjeuner de quelqu’un d’autre. Ils laissent des tomates et des concombres, tout en stockant des aliments plus nutritifs. » Dans la réalité, après vérifications, les israéliens confinés dans les Coronavirus-hôtels d’Israël mangent sans limite.
ARABES. La cohabitation de malades juifs-arabes va prendre une nouvelle dimension avec le Covid-19. Notre hôpital va certainement accueillir des arabes israéliens en grand nombre. Selon i24News : « Le ministère israélien de la Santé a mis en garde mercredi contre une épidémie de coronavirus centrée sur une ville arabe dans le nord d’Israël avec un nombre croissant de cas de COVID-19. Le ministère a déclaré que le nombre d’infections à Deir al-Asad (Galilée) était « très élevé », avec 23 cas confirmés dans la ville de 12 000 personnes, contre 9 enregistrés mardi matin. « Le ministère de la Santé a émis la suggestion d’un confinement total de la ville, et si besoin est, nous ne nous y opposerons pas parce que la santé des résidents est la seule chose qui compte », a déclaré le maire de Deir al-Asad, Ahmed Dabbah au quotidien Haaretz. Huit autres cas ont également été recensés dans les villes voisines de Nahf, Bi’ina et Majd al-Krum ».
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EPISODE N°6. INTRODUCTION. Ecrit par Daniel Rouach. Rédacteur en Chef d’IsraelValley. Ce récit est écrit dans un hôpital de Tel-Aviv. Je suis arrivé à « Shmuel Harofé » un mardi soir. Confiné avec 32 malades du côté de Beer Yaakov. Les derniers jours ont été chaotiques. Le nombre de longues barbes blanches des religieux a baissé fortement. Un Chef Cuisinier célèbre israélo-américain (il possède une chaîne sur Youtube), un étudiant Bulgare, une jeune femme médecin Russe, un vieux travailleur Yéménite sont arrivés, tous malades. Une dizaine de lits ont été rajoutés. Les contaminés (24 à 85 ans) viennent à présent du Maroc, Bulgarie, Russie, Etats-Unis, Nigéria, France, Erythrée, Belgique, Yémen, Israël, Chine. Le chiffre du Jour : Israël enregistre lundi soir 116 décès des suites du coronavirus, ainsi que 11.586 cas de contamination, selon le dernier rapport du ministère de la Santé.Dans la soirée, un cargo de la compagnie israélienne CAL a atterri en Israël en provenance de Chine avec à son bord 60 tonnes de matériel médical, dont 12 millions de masques destinés aux médecins, infirmiers et personnel hospitalier. C’est le 1er des 5 avions qui doivent arriver ces prochains jours depuis la Chine avec du matériel destiné à la lutte contre le Covid-19
CHINE. Un Yéménite (Yaakov) et deux Chinois qui ne parlent ni l’Anglais ni l’hébreu nous ont rejoint. Les deux asiatiques étaient dans un état d’excitation extrême à leur arrivée. Yossi, Hassid (juif orthodoxe) israélien se rapproche d’eux. Il leur parle en… Chinois! Et arrive à les calmer. Un vrai miracle. Yossi a été Machgiah -superviseur de cacherouth- en Chine. Il a sillonné ce pays durant un an. (Pour les lecteurs non-juifs, le Machguiah surveille que la cacherout est respectée pendant l’abattage des bêtes). Les israéliens sont polyglottes par nature et les mots prononcés en Chinois, dans un moment d’urgence, m’ont vraiment surpris. Le Yéménite qui est arrivé en même temps que les deux Chinois doit avoir un QI un peu bas. Sa fille m’explique au téléphone tous les malheurs de son père. Je tente d’aider le vieux père.
DECATHLON. Un gars, assez trapu, a débarqué. La trentaine. Son nom Micha. Il portait un masque Decathlon. Un vrai. Son visage était invisible. Lorsqu’il a été débarqué par le Maguen David Adom en ambulance il était furieux. Le visage rouge de colère. Un bouledogue en furie. Arrivé de XXX, il a été contaminé dans l’avion. Il est effrayé… Sa rage semble immense. Il a passé une nuit blanche dans un fauteuil de la salle d’entrée alors que l’hôpital lui offre un lit. Ce matin, bizarrement, car il semble bien éloigné des pratiques religieuses, il a rejoint le groupe des juifs orthodoxes qui font la prière du matin.
A Savoir : Decathlon vend sur internet un masque de plongée « Easybreath » (ce n’est plus le cas en France). Ce masque facial couvrant tout le visage, habituellement utilisé pour le snorkeling – exploration subaquatique avec masque et tuba – intéresse les hôpitaux, universités ou centres de recherche confrontés à l’épidémie de Covid-19.
BEER YAAKOV. Le « Shmuel Harofe Geriatric Medical Center » où je me trouve est situé à Beer Yaakov. Il a fait l’objet d’une large couverture médiatique il y a deux ans lorsqu’un travailleur Soudanais a tenter de tuer une infirmière avec un long couteau. Peu de gens le savent. Selon un rapport publié récemment par le Ministère de la Santé, il y a plus de 3 000 incidents de violence contre le personnel médical par an en Israël, dont 11 % seulement sont signalés à la police. Seule une petite partie est traduite en justice.
INFIRMIERS. Aucun infirmier ne pénètre dans nos locaux plus de soixante minutes. Dans un univers où il est impossible de voir les visages des infirmières il est bien difficile de leur rendre un hommage personnel. Et pourtant! Elles travaillent de longues heures. A 7 heures le matin elles sont à leur postes de travail et nous observent sur les écrans de contrôle et scrutent les gestes suspects des malades. Leur présence est réelle. Dans certains cas j’ai l’impression de sentir leur respiration dans les couloirs. Elles ont une vie professionnelle difficile. Un récent rapport établi par le centre Taub d’études politiques sociales a établi que « le système de santé israélien connaissait des échecs systémiques en termes de planification, de budget et de régulation gouvernementale, ce qui a entraîné un manque criant de lits ainsi qu’une accessibilité aux traitements inefficace et inégalitaire ». En Israël, le nombre de lits d’hôpitaux, pour 1 000 personnes, s’élève à 2,2 contre 3,6 au sein de l’OCDE.
POLICE. Je viens de recevoir un appel de la police israélienne. Une policière me demande mon adresse et le lieu où je me trouve. Je réponds. C’est la banale réalité d’Israël. La police traque tout ceux qui sont positifs au Coronavirus. Personne n’y échappe. Pas même les Erythréens d’Israël, sans papiers, qui nous ont rejoint. Des bus ont été mis à l’arrêt sur les grandes voies. Une vidéo montre une scène saisissante. Une cohorte d’hommes armés monte dans un bus et passent les menottes à un homme porteur du coronavirus repéré grâce à son téléphone cellulaire. Cela va très mal se passer pour lui. Les systèmes utilisés en pour détecter des potentiels terroristes ont été détournés vers un objectif national très ambitieux : stopper les porteurs de coronavirus. Après cette crise Israël vendra son savoir-faire accumulé à d’autres pays.
ENGLISH. Depuis trois jours j’enseigne, de manière volontaire, l’Anglais à Kova et un autre Erythréen du nom de Vako. C’est la langue qu’ils préfèrent car ils peuvent être expulsés du pays à tout moment. C’est facile d’enseigner, même à deux analphabètes, car ils ont une soif de savoir immense. Un jour j’enseigne des mots de sport, un autre, du vocabulaire sur l’alimentation. J’innove sans cesse et leur fait répéter en boucle les mots. Ils rigolent comme des fous et sont heureux. Moi aussi.
Vako est habillé d’un short jaune, un tricot Décathlon. Il possède un téléphone cellulaire antique et un pendentif en plaqué or avec une croix chrétienne très visible… qui rend dingue les anti-Chrétiens. Hier j’ai téléphoné au Général Arik Ramot, Membre du Board de la Chambre de Commerce Israël-France, pour savoir s »il connaissait quelqu’un qui pourrait aider mes compagnons d’hôpital. A leur sortie ils risquent de se retrouver jetés avec des junkies de la Tahanat Merkazit (Gare Centrale) de Tel-Aviv. Même les prostituées du Sud de Tel-Aviv ne pourront rien faire pour eux. En tant que demandeur d’asile n’ayant pas obtenu le statut de réfugié de la part de l’Etat, la vie des Erythréens est très dure dans le pays. Un des deux Erythréens a passé un an dans une prison du pays, à Holot.
La vaste majorité des migrants (Erythrée et Soudan) n’ont jamais obtenu le statut de réfugié même si un grand nombre d’entre eux avaient été dans l’obligation de fuir leur pays d’origine pour échapper à la guerre et d’autres crises humanitaires. Ils vivent actuellement en Israël avec des visas temporaires qui sont renouvelés périodiquement.
MAROC. Avraham (92 ans), vêtu d’une djellaba, est né à Tanger (Maroc). Depuis le début je l’appelle « Kvod Harav » ( Honneur au Rabbin). Lorsqu’il a su que j’ai vécu mon enfance à Meknès au Maroc, il était vraiment intéressé de me connaître pour me raconter sa vie… et m’enrôler dans les prières de Pessah. Il veut me convertir au judaïsme orthodoxe séfarade. Je lui ai juste donné mes noms littéraires. Je ne lui ai surtout pas dit mon vrai nom et celui de mon père qui a été un grand footballeur de l’USDM, célèbre dans les années 1950. Cela m’évitera des heures de discussions épuisantes sur toutes sortes de sujets.
FÊTES. En Israël, c’est le lundi de Pâques, mais tous les lieux Saints chrétiens ont été fermés. Les juifs sont aussi en fête. Un Sefer Thora a été ouvert et dix hommes se sont retrouvés dans notre pour prier. Hier j’ai eu une alerte santé. Tension bien trop élevé. Les responsables ont envoyé, chose rare, un membre de l’équipe médicale à l’intérieur de notre lieu de séjour. L’infirmière me regardait fixement dans les yeux. Un silence stressant. Un rabbin a fait une petite prière sympathique. Et tout est revenu dans l’ordre… avec l’aide d’un médicament.
DRAGUE. Confinement, quarantaine, gestes barrières, « social distancing »… tout cela peut vite exploser. Depuis hier soir deux jeunes filles à l’allure très moderne sont arrivées. L’une d’entre elle n’a aucune difficulté à se connecter aux jeunes qui sont là. A un moment, il était une heure du matin, un des garçons l’a rejoint dans le même fauteuil étroit de la salle de réunion. L’un sur l’autre. Visiblement quelques chose se passait entre eux. Gros problème : nous ne sommes pas dans en centre du Club Med. J’explique au jeune homme, « à la mode israélienne » (c’est à dire sans prendre de gants et de manière explicite), et dans un face à face très discret, que nous sommes dans un hôpital, et qu’il doit être très prudent, surtout pour ne pas gêner les malades qui souffrent le martyre. N’étant pas le gardien des moeurs de l’hôpital, j’ai bien hésité à prononcer des mots qui puissent le blesser. Finalement il a été très réceptif et … m’a remercié avec un grand sourire très franc.
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Chronique N°5 de Daniel Rouach (Rédacteur en Chef d’Israel Valley).
INTRODUCTION. Les chiffres du Jour : « Israël/Coronavirus: 95 décès, 10.408 cas confirmés (ministère de la Santé) ». Du matériel médical pour des dizaines de milliers de tests a été acheminé depuis la Corée du Sud vers Israël. Trois énormes camions remorques ont livré des produits à mon hôpital. Des dizaines de milliers d’Israéliens en confinement sont sortis sur leur balcon pour chanter ensemble mercredi soir et célébrer la fête juive de Pessah. De l’hôpital « du bout du monde » dans lequel je me trouve, un silence glacial a eu lieu à l’extérieur. Pas de célébrations et bruits de fête.
Mon état de santé est stable. Depuis hier j’arrive à sentir très faiblement des odeurs. Plusieurs ORL et infectiologues ont constaté la survenue de perte brutale de l’odorat des patients confirmés COVID-19. Selon le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la santé : « le coronavirus s’attaque aux cellules du système nerveux central, c’est comme ça qu’il va perturber le goût et l’odorat du malade »
Les médecins de notre annexe médicale « Assaf Harofe », pour une très large majorité arabes israéliens, suivent surtout l’état de mon coeur, car j’ai 9 stents implantés après une crise cardiaque (2018). Tous mes tests au coronavirus se révèlent positifs. Ce qui est assez troublant.
Sans le vouloir, je me suis rapproché du cimetière d’Ashkélone, lieu où j’ai souhaité être enterré avec les miens. Mais bon, avec tous les mots de soutien de mes amis et famille, je devrais m’en sortir. Nous sommes en auto-gestion et pas d’infirmier permanent dans les locaux. Depuis hier un corbeau noir rode autour de notre établissement. Je n’aime pas trop. Mon nouveau livre de chevet m’éloigne de ce mauvais signe : « 5.000 ans d’humour juif ». Un livre que je dévore… depuis 20 ans!
KOVA. Certains malades ont quitté notre annexe d’hôpital. D’autres ont débarqué. Deux jeunes africains originaires d’Erythrée (24 ans), sans papiers, sont dans la chambre N°4. Paumés mais souriants. Ce matin ils ont couru, l’un en short jaune très court et l’autre en pyjama blanc, dans l’horrible cour de ciment de notre annexe d’hôpital. J’ai offert à l’un des deux une paire de sandales en plastique, car j’avais une paire en trop. Ils refusent d’être pris en photo pour mon instagram (qui a dépassé 20 000 abonnés!). Leur anonymat est parfait.
L’un se dénomme Kova (nom d’emprunt). Hier, durant le Seder, avant de manger, Kova a fait à table, le geste de la croix avec sa main. Il fait partie d’une église implantée en Israël et a tenté de devenir réfugié politique. Sa demande a été rejetée trois fois. Je vais l’aider après ma sortie de l’hôpital… si tout va bien. Le parti séfarade Shass est là pour ça. En effet, son Président, Arié Derhy (bon Ministre de l’intérieur) est de Mèknes (Maroc), tout comme moi. Solidarité oblige.
Mr OBAMA. Un Nigérien chrétien (40 ans) qui travaillait dans un restaurant de Tel-Aviv est arrivé. Toujours en pyjama, il est le plus souvent affalé dans un large fauteuil. Ses pieds nus sont face à la salle et ne parle avec personne. Il a six enfants et deux femmes. Il ressemble étrangement à Barak Obama. Donc son nom à l’hôpital est devenu, grâce à moi, « Mr President ».
RYAN. LE SOSIE D’AMIR. Celui qui a été une star durant quelques jours aura été Ryan B. (son vrai prénom), marié depuis deux ans (un bébé qu’il n’avait pas touché depuis des semaines en raison de mesures de précautions santé). Il ressemble au chanteur Amir (Laurent Amir Haddad, auteur-compositeur-interprète franco–israélien).
Même démarche, même look, même baskets, même joie et même tristesse dans les yeux. Il a débarqué à l’hôpital, jeté d’une ambulance, avec uniquement un superbe téléphone cellulaire dans la main et un masque new-look sur son visage. Pas de papiers d’identité, pas de valise, pas de casquette et une belle bague au doigt comme seul trésor.
Paumé, vraiment. Le groupe de malades a trouvé pour la nuit un pyjama, une brosse à dent,… Une chaîne de solidarité a été mise en place. Il semblait en bonne forme physique. Avec une moyenne d’âge de +60 ans dans cette branche d’hôpital, un jeune trentenaire (son instagram de sportif-farniente est de bonne qualité), ne passe pas inaperçu.
Ryan est religieux-cool. Une kippa blanche en période de prière. Le matin il réserve dix minutes, pas plus, pour la pose des téfilines. Pour les lecteurs non-juifs, les téfilines sont constitués de deux petits boîtiers cubiques contenant quatre passages bibliques et attachés au bras et à la tête par des lanières de cuir, ils sont portés lors de la lecture du shema et de la prière matinale des jours profanes par les hommes ayant atteint leur majorité religieuse.
Je met en contact Ryan au téléphone avec Anne Baer qui pourra l’aider avec l’Ambassade de France. Les tests au coronavirus de Ryan se révèleront vite négatifs… et il est éjecté de l’hôpital. Après sa sortie, il me demande : « Comment cela se passe t-il après mon départ » ?
J’ai raconté à Ryan qu’hier, un homme assez âgé, du nom de Naphtalie, a été sorti en urgence de notre entité pour aller ailleurs. Son état de santé était grave. Il tombait sans cesse et se trompait de lit. Epuisé par la maladie, il était perdu et au bout du chemin. Dans qu’elle case va t-il être inclus dans cette comptabilité macabre qui se dresse tous les jours en Israël?
Nous sommes en fait dans une prison et les fenêtres sont scellées. Interdit de sortir, même dans la cour. Je reste très évasif auprès de Ryan et ne souhaite pas lui raconter les pétages de plombs de certains malades.
La joie de vivre communicative de Ryan nous manque. Ici, les hommes ont peur et font très attention avant d’ouvrir leur âme. Nous avons parlé des heures, surtout business, Ryan et moi. Certains malades avaient souhaité qu’il reste quelques jours de plus. Surtout les vieux juifs religieux. Les infirmières me demandent des nouvelles de « Ryan, le Français ».
PANDEMIE. Ce matin les tests reprennent. Le micro grésille pour nous appeler dans la salle Vidéo-Médicale. D’une fenêtre grillagée qui donne sur la cour, un infirmier en tenue d’astronaute blanche vérifie nos identités et nous place un bracelet avec notre nom et numéro d’immatriculation électronique. Ensuite place au test. Israël a sélectionné une méthode bien adaptée au contexte de la pandémie.
Les tests moléculaires réalisé en Israël se font par prélèvement nasal et sont aussi appelés tests PCR. « Ils permettent de savoir si une personne est atteinte par le coronavirus au moment où il est réalisé. Il s’agit de prélever du mucus dans les voies nasales, ensuite il faut séparer le matériel génétique du virus et l’amplifier des millions de fois jusqu’à ce que l’on détecte le virus ou non. En combien de temps ? Il faut 3 à 6 heures en laboratoire pour obtenir le résultat. Avantages, inconvénients ? C’est le test le plus courant, mais il est coûteux et long à produire. De plus, en cas de mauvais prélèvement, le taux de “faux négatifs” est « élevé ».
Une infirmière, qui a été en activité dans notre hôpital un jeudi matin, n’a pas fait le geste adéquat, ce qui a amené des erreurs d’appréciation dans les résultats. Tout a donc été annulé. Certains malades étaient dans un grand état d’excitation, car ce ratage a eu lieu avant Pessah.
ETHIOPIE. Une juive Ethiopienne, tête couverte, au nom de Amra (nom d’emprunt) est là. Habillée d’une belle robe brodée et un t-shirt « Mickey Mouse ». Elle s’exprime en Ahmarite face au médecins… qui ne la comprennent donc pas. Amra parle d’autres langues d’Ethiopie, dont le somali, le tigrinya, le sidama et n’a aucun problème pour se sortir des embûches de toutes sortes. Elle parle 100 mots d’hébreu …
RUSSE. Est arrivé un jeune ex-étudiant en ingénierie, poids plume, cheveux noirs. Russe de Moscou (24 ans). Son nom est Dima. Il est là, suite à un hasard calamiteux. Il fait partie du programme Massa de l’Université de Jérusalem et lors d’une visite touristique il a été salement contaminé.
Des malades lui ont demandé le nom de son père, sa mère (son arrière grand-père était juif). Ils voulaient savoir son statut pour le Seder de Pessah. Juif ? Pas juif ? Ils ont vite compris que sa relation avec le judaïsme est bien légère. Ils lui ont aussi demandé s’il avait fait sa Brith Mila (la circoncision). Il a répondu « non » de manière assez brutale. Drôle d’ambiance pour un garçon habillé en noir tout le temps et rattrapé par la maladie.
Dima me prend pour son coach & père adoptif. Ce soir il est venu me demander, avec un curieux regard, de la nourriture. Je me débrouille pour lui trouver du riz, du poulet, des haricots et… une crème glacée. En effet le Groupe Strauss dirigé par Ofra Strauss nous a offert des glaces. (On nous a répété trois fois au micro le nom « Strauss » et « c’est un généreux cadeau »).
Des crèmes glacées au citron venant de la femme la plus riche d’Israël, c’est quand même sympa. Peut être aurons nous droit à d’autres produits plus haut de gamme de Strauss durant Pessah? Mais bon, c’est gratuit. Et Dima se jette dessus. « Merci Ofra ».
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Chronique de Daniel Rouach (Rédacteur en Chef d’IsraelValley). Je suis arrivé à l’hôpital en urgence et en ambulance (annexe de Assaf Harofé) dimanche soir dernier (c’est mon 9ème jour). Confiné avec 15 malades au bout du monde du côté de Beer Yaakov. Aucune visite autorisée. Aucune sortie possible.
INTRODUCTION. Hier soir à la télévision le Premier Ministre Netanyahou a souhaité au pays ses meilleurs voeux de Pessah. Une grande tristesse est dans l’air. Netanyahou a annoncé lundi soir la mise en place d’un couvre-feu général dans tout le pays, à compter de mardi 16h00 jusqu’à vendredi, à 7h00 du matin.
LE COUPLE. Une dame très digne de 92 ans est là. Son nom est Dina (nom d’emprunt). Elle est en Israël depuis 1936, elle a fuit l’Europe juste avant la deuxième guerre mondiale, et bien avant la déclaration d’Indépendance de l’Etat d’Israël (1948). Elle me raconte que le lieu où nous nous trouvons actuellement était une base de l’armée britannique. Par la suite elle a obtenu un poste de Professeur d’Histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem. Les yeux pétillants, elle me raconte son histoire sans en rajouter. Une sobriété étonnante. Mon instinct me dit que le jour de sa mort des personnalités de premier plan de l’Etat d’Israël lui rendront hommage pour « services rendus à la Nation ». Les plus grands espions du pays… sont des espionnes. Elle est accompagnée en permanence par une dame indienne non juive. Cette dame qui a environ 40 ans se comporte comme une servante dévouée. Elle s’occupe du bien être de sa patronne. Plus tard, à magrande surprise, je découvre que Dina n’a plus le coronavirus et reste dans la salle d’hôpital … pour ne pas abandonner sa servante indienne testée positive au coronavirus et qui ne parle pas un mot d’Hébreu. Drôle de monde où tout marche à l’envers.
PYJAMAS. Hier matin à 7h05 j’ai fait mon émission sur Radio J. Lorsque j’ai téléphoné au technicien, très tôt le matin, il était vraiment surpris. En souriant je lui raconte que j’ai perdu l’odorat, mais que ma voix reste intacte. Cette émission a porté sur les nombreuses inventions israéliennes pour combattre le coronavirus. Autour de moi, durant cette chronique, des malades de l’hôpital déambulaient à moitié nus et les cheveux ébourrifés, en pyjamas (jamais rayés car les israéliens ont été traumatisés par la Shoah). Il m’est déjà arrivé de faire cette émission, avec le bruit des décollages d’avion, sur le toit de l’aéroport Ben Gourion.
POSITIF. Hier matin, un des observateurs qui se trouve derrière les caméras m’a vu monter sur une chaise noire en plastique Ketter (qui possède, grâce à un monopole béton en Israël, 90% des ventes de chaises en plastique du pays) et j’ai tenté d’observer le paysage champêtre qui nous environne. Mon instagram est arrivé à 18 000 abonnés et je dois donc le nourrir tous les jours. Un des hommes de l’équipe de surveillance médicale me hurle dans un style « gardien de taule » (haut parleur qui grésille). « Descends de la chaise ». J’ai levé le pouce en direction des caméras et l’ai salué.
Plus tard dans ma chambre je reçoit un appel. « Alors, j’espère que tu racontes de belles choses sur nous sur internet? « . En fait je lui dit la vérité : les israéliens sont formidables. Vraiment incroyables. Ce matin l’infirmière était au bord des larmes lorsqu’un malade lui a raconté avec une franchise désarmante, sa détresse. Larmes aux yeux pour tous…
Pour moi, la journée d’hier avait démarré par une annonce. J’ai été invité à me rendre dans la salle de contrôle électronique (les infirmiers ne nous rencontrent jamais physiquement). De manière onctueuse, une infirmière m’annonce, sur l’écran de la salle digitale, que je mon troisième test est positif au coronavirus. Sa voix est bizarre. Pourquoi autant d’égards? Je reste de marbre. Elle me répète à travers l’écran : « Tu es positif ». Je ne bouge pas. Elle est assez surprise. Alors je lui dit : « je le savais ». Sa voix de style « Aéroport d’Orly » est artificielle. Pour mes lecteurs non-israéliens, en Israël les annonces sont très souvent brutales. (En hébreu, lorsque l’on insulte quelqu’un c’est un véritable mitraillage de mots. Dans le style « Uzi », la mitraillette inventée par des israéliens).
Une heure plus tard, une responsable du service social de l’hôpital veut me parler : « Comment ça va Daniel? ». Je ne bronche pas. Je réalise qu’avec 23 caméras dans les couloirs et des caméras dissimulées dans les chambres (la caméra électronique est installée de telle manière que même dans le noir, nous sommes épiés), il est quasiment impossible de cacher sa douleur. Et cette douleur est visible à l’oeil nu. En fait, après l’annonce, j’ai eu le souffle coupé. Mais bon, je suis vivant, sans appareil respiratoire. Et c’est le plus important.
PSYS. Au téléphone on me raconte que beaucoup d’israéliens deviennent cinglés avec le confinement. Mais les fous, les vrais, que font-ils dans une période pareille? Dans les hôpitaux israéliens, dans cette période spéciale, le mode de traitement des malades atteints de problèmes psychiatriques est un grand secret.
Ce texte est d’après moi tout à fait valide en Israël : En tant que psychiatre, je suis très inquiet des mesures de confinement des patients en psychiatrie. Les risques sont l’aggravation de la maladie mentale et l’aggravation de la dépression. Les interactions sociales sont essentielles pour toutes les pathologies. Confiné, on aggrave le repli.
Le métier le plus utile actuellement en Israël est celui de psychiatre. Dans ma famille nous avons un psychiatre de formation américaine qui est expert sur le syndrome de Jérusalem. Tous les ans, des visiteurs qui visitent la Terre Sainte, se prennent pour le Messie et sont enfermés dans des asiles. Je suis certain que le psychiatre de la famille doit être submergé de demandes de service par des clients paumés. Il est peut-être devenu un corono-psychiatre?
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Episode N°3. Voyage à l’intérieur d’un hôpital israélien (septième jour). De Daniel Rouach (Rédacteur en Chef). Je suis arrivé à l’hôpital en urgence et en ambulance (annexe de Assaf Harofé) dimanche soir dernier. Confiné avec 15 malades au bout du monde du côté de Beer Yaakov.
Le bilan total lié aux cas de coronavirus en Israël s’élève ce dimanche à 8.018 personnes infectées (dont moi!), 127 dans un état grave et 46 morts, selon le ministère de la Santé. Le ministère avait annoncé samedi soir 423 nouveaux cas de coronavirus en 24 heures, ce qui avait porté le bilan à 7.851 personnes contaminées.
HASSID. Vendredi a été un jour très spécial. Autour d’une grande table de 16 convives, dont trois rabbins barbus en chemise blanche étincelante, nous nous sommes rassemblés vers 19 heures. Un Hassid très maigre et long comme un arbre sans fin (37 ans, deux femmes, trois enfants) en tenue magnifique (une redingote superbe) a mené les chants. Il ne portait pas de shtreimel [chapeau de fourrure traditionnel] mais il arborait sa bekeshe [redingote].
Il parlait le Yiddish avec un vieil homme originaire d’Australie. Le visage de ce vieux juif australien ressemble à ce que l’on peut voir dans les livres d’histoire. Une peau fissurée par le temps. Un regard vitreux. Une voix cassée. Il ressemble à un arbre centenaire. Il tenait dans sa main un grand livre broché et bordé d’or. Le « Grand Hassid » lui portait avec déférence son repas et le vin sacré. Durant le vendredi et samedi j’ai été de manière assez bizarre le numéro dix de tous les minians.
Dans le judaïsme, le minian, est le quorum de dix hommes adultes nécessaire à la récitation des prières les plus importantes de tout office ou de toute cérémonie (circoncision, mariage, deuil…). De temps à autre un petit coup sur la porte de ma chambre. Je suis demandé par les rabbins pour être le numéro dix. Je n’hésite jamais à dire oui aux invitations (je ne ne suis pas religieux). Ils acceptent sans broncher que je rejoigne le groupe avec une casquette « New York ». Cool…
REPAS. Le repas du vendredi soir a été d’une grande qualité. Les mets sont livrés dans des grands caissons blanc. Une abondance incroyable de la part de l’hôpital. Pour mes lecteurs non juifs et non religieux : le shabbat, il est prescrit à tout Juif de manger trois repas : Seouda Rishona (premier repas), le vendredi soir, Seouda Shenit (second repas), samedi après l’office du matin, Seouda Shlishit (troisième repas), en fin d’après-midi. Un quatrième repas après le Shabbat, Mélavé Malka, en raccompagnant la reine Shabbat, prend place le samedi soir.
Ce dernier samedi, pour la première fois de ma vie (j’ai 65 ans) j’ai été embarqué dans TOUS les repas! Merci au coronavirus. Selon la halakha (loi juive), un repas doit contenir du pain. Chaque tablée de shabbat est garnie de deux pains le vendredi soir, qu’on consomme au cours de la journée. Cette tradition a été tenue à l’hôpital où je me trouve. Un rabbin francophone réputé et au sourire communicatif est parmi les malades. Il nous explique que nous nous trouvons dans le « Shabbat Hagadol ».
GRAND DEPART. Samedi, jour de repos « zéro action », aura été une journée très dure. Vers 15 heures les portes électriques de notre Résidence-Hôpital s’ouvrent brusquement. Comment est-ce possible que cela soit le cas, un jour de Shabbat, jour sacré? Un nouveau départ de malade? Une visite officielle? Nous sommes supposés être isolés du reste du monde jusqu’à 20 heures. L’incroyable se produit : une vieille dame américaine frêle et très affectée par le coronavirus (et qui tousse à n’en plus finir) sort de sa chambre à grands pas, s’approche de la porte d’entrée avec deux grands sacs. Et elle s’envole! Pas vraiment mais, à peu près.
Elle est emportée par des infirmiers. Son dernier sourire restera cloué dans ma mémoire. Elle m’a remercié en Anglais de lui avoir offert un stylo en bois portant une marque d’une grande banque française. Elle est persuadée que son avion personnel l’attend sur le tarmac de l’aéroport Ben Gourion. De mon côté j’ai compris de quoi il s’agissait. De nombreuses juifs durant la dernière guerre mondiale étaient persuadés d’embarquer vers des lieux sûrs et finalement … se retrouvaient ailleurs. Cette image terrible et glaçante a plombé mon samedi. Elle était trop malade pour un voyage vers New-York.
Plus tard nous avons appris qu’un « drame a eu lieu » dans la nuit de samedi à dimanche dans un hôpital. « Une dame a perdu la vie ». Les israéliens respectent la vie de tous. La présence de la Shoah dans l’ADN de l’histoire d’Israël est telle que personne ne pourrait accepter que le Gouvernement israélien puisse abandonner des personnes en faisant un choix délibéré sur qui mérite de vivre où pas. Cette dame de plus de 70 ans est morte malgré les efforts exceptionnels de l’équipe de sauvetage.
Hier j’ai craqué. Un mal de tête terrible. Que faire? Je me calme. Et je marche en écoutant des chansons de Léonard Cohen à plein tube. Le coronavirus est une saloperie.
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DEUXIEME EPISODE. De Daniel Rouach (Rédacteur en Chef). Résumé de l’épisode précédent. J’ai le coronavirus, comme des milliers de gens à travers le monde. Je suis arrivé à l’hôpital en urgence et en ambulance (annexe de Assaf Harofé) dimanche soir. Confiné avec 15 malades au bout du monde du côté de Beer Yaakov. Impossible d’ouvrir les fenêtres et de sortir du compound. Des caméras tapissent les plafonds. Et nous surveillent.
INTRODUCTION. Même les chats qui rodent aux alentours ont peur de nous. Ils ne cherchent pas de nourriture autour de notre annexe d’hôpital. Pas de chants d’oiseaux non plus. Bizarre quand même. De ma fenêtre blindée j’observe à 200 mètres de nous des ouvriers qui arrivent tous les matins à 6h55 pour construire une bâtisse dans un immense chantier industriel grisâtre. Ils ne se savent pas qu’ils sont observés par des malades en cage.
VIEUX. Le slogan actuel des des israéliens ? « On n’abandonne pas les vieux ». Les personnes qui ont plus de 70 ans et qui ont le coronavirus ne sont pas condamnés par leur âge en Israël. J’ai constaté que les juifs de France qui sont ici dans cet hôpital, voyant le danger venir (frontières fermées), m’ont tous dit qu’ils ont rejoint l’Etat Hébreu pour sauver leurs vieux parents. Certains ont payé de grosses sommes pour se procurer un billet d’avion. Le fait de partir à temps de France a sauvé des vies d’anciens qui vivaient dans des EPHAD. En Israël, les médecins ne négligent aucune vie, vieux où jeunes. Ce n’est donc pas du tout par hasard si le Mossad sillonne le monde avec des valises de dollars pour acheter des respirateurs destinés à tous. Toutes les Ambassades sont mobilisées.
TEMPS. J’ai perdu le sens du temps. Tout se mélange au point où je ne sais plus à qui j’ai parlé durant la journée. Ai-je parlé avec Miriam du Technion hier où avant-hier? Ai-je répondu à Gérard? Peu importe. Edouard m’a t-il parlé? Le rythme de vie dans une entité médicale hermétique où je suis enfermé depuis des jours est marqué par des micro-évènements uniques et qui n’ont aucune liaison les uns avec les autres. Certains des 16 malades (ils toussent, tous) se sentent comme dans une prison. Ils ne voient que les portes blindés et les caméras qui nous surveillent 24h/24. Un des malades s’est enfermé dans la nuit d’hier dans les toilettes pour parler avec des amis. Des hauts parleurs l’ont appelé au milieu de la nuit, dans un bruit étrange, pour savoir où il se trouvait. Avait-il fuit l’hôpital? Un drame a eu lieu récemment en Israël : un malade a sauté du troisième étage. Il n’en pouvait plus.
Je ne sais si c’est un hasard, mais hier nous avons reçu des boîtes de bonbons et chocolats offerts par des donateurs. Des grandes marques. Une manière d’adoucir notre vie. En prime nous avons reçu du dentifrice. Pas n’importe lequel, du Colgate. Un échantillon « Géant ». J’ai tenté de sentir son odeur. Malheureusement mon odorat a disparu. Et avec cela, mille souvenirs. Disparu l’odeur des gâteux, et autres. Hier soir je me suis rendu compte que j’ai perdu au fil des années : un oeil, un doigt et à présent l’odorat. Ceci dit, lorsque j’ai perdu mon doigt j’étais sur qu’il allait repousser! Je vais donc retrouver mon odorat…
SHABBAT. La porte d’entrée s’ouvre. Un chariot arrive. Nous venons de recevoir le repas et les nappes du shabbat. Six nappes en papier de couleurs différentes. C’est une infirmière enveloppée d’une lourde combinaison verte qui nous a apporté les nappes. Un juif orthodoxe a décidé d’ouvrir les paquets avant shabbat, car m’explique t-il : « il est interdit de déchirer les plastiques qui enveloppent les nappes ». Nous avons aussi reçu des soupes de poulet. Les israéliens sont hystériques avec le poulet. On en mange matin, midi et soir. Ce soir ce sera donc « Happy chicken hour – la fête au poulet ».
Ces derniers jours tous les matins des plateaux d’oeufs nous ont été livrés. Les israéliens en font une sur-consommation. L’armée a habitué ses soldats a en manger de manière déraisonnable. Les oeufs israéliens sont moches. Personne n’y prête attention.
CIGARETTE. Un Monsieur sympathique, arrivé hier soir, à besoin de fumer. Il est en ébullition. Un spécial « addicted ». Comment lui trouver des cigarettes? J’ai mis en place une stratégie « en tenaille ». Toutes les quelques minutes je vais dans la salle des vidéos des médecins (ils sont dans une salle à trois kilomètres de chez nous) et je supplie en Hébreu d’aider ce Monsieur. Je dois tenter d’être meilleur que Macron face à son prompteur. J’ai convaincu le médecin ophtalmologue qui est avec nous (parmi les malades) de mener une opération « coup de force ». Finalement l’hôpital a cédé. Un feu vert est arrivé. A travers une barrière qui donne sur l’extérieur, un infirmier, en tenu lunaire blanchâtre, a livré un paquet de cigarettes, il y a quelques minutes. Encore une victoire sur le coronavirus.
J’ai aussi convaincu les infirmiers de nous apporter des journaux en hébreu. Une dame est littéralement hystérique. Toutes les demi-heures elle me demande si : »le journal est là ». Elle le reçoit enfin. Et se jette avec passion sur le « Israel Hayom », journal de propagande de « BIBI The King ».
Habituellement, les infirmières comptent leurs minutes dans notre annexe d’hôpital. Elles fuient le virus. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est la veille de shabbat . Tout doit être nickel…
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Editorial d’IsraelValley. De Daniel Rouach. (Rédacteur en Chef). Ce matin je suis dans un hôpital de la région sud de Tel-Aviv, le Centre médical Assaf Harofeh (1) , proche de l’aéroport Ben Gourion. Vendredi dernier j’ai été me faire tester avec une rapidité étonnante à Tel-Aviv. Une recherche sur le site des Assurances israéliennes m’avait fait savoir que dans mon avion El Al (Paris-Tel-Aviv), quatre malades du coronavirus se sont déclarés. J’ai perdu l’odorat après deux-semaines.
Les résultats sont tombés hier après-midi. Un appel très officiel, et tout en douceur, du Maguen David Adom. J’ai bien le coronavirus. Rien de dramatique. Je m’y attendais. Les signes étaient là. A partir de ce matin, je vous transmettrai mon expérience israélienne. Hier je n’en ai pas eu la force.
Hier a été une journée très, très spéciale. Vers 20 heures, une ambulance silencieuse et sans flashs d’urgence du Magen David Adom m’a récupéré. L’atmosphère était lunaire. Le conducteur était seul et habillé avec une blouse et des lunettes totalement hermétiques. Je n’ai pas pu voir son visage. Sa voix était jeune. Très style « militaire ». J’avais l’impression qu’il travaillait pour l’armée israélienne.
Un moment assez incroyable, où l’on passe d’une vie « classique » à une autre vie. En Israël, le style est humain et très direct. Pas de place pour le blablabla. Le conducteur me demandait toutes les cinq minutes si tout va bien. Devant l’hôpital, dans la nuit sombre et silencieuse l’ambulance s’est garée. Je suis sorti. Assommé!
J’ai été transporté dans une annexe de l’hôpital qui recevait habituellement des retraités israéliens. 16 personnes sont dans ce mini-hôpital, style résidence spartiate fermée. Ce qui frappe le plus : les médecins communiquent à travers une salle vidéo et ne sont pas en contact physique avec les malades. Tout se passe via écran.
De temps à autre un micro grésille et donne, toujours dans un style militaire, en hébreu, un prénom. Tout le monde entend « la voix ». L’installation où je me trouve est bourrée de caméras vidéos. Tout est sous-surveillance. Impossible de sortir à l’extérieur. Tout est verrouillé à double tour.
Chacun a son téléphone portable et porte en permanence un masque. Le plus extraordinaire : une entraide de style familiale existe vraiment entre les seize malades.
Une expérience unique de voir des jeunes américains de Duke University (environ 30 ans) aider des personnes de 70 ans qu’ils ne connaissaient pas la veille. Chacun apporte son savoir-faire de manière naturelle. Un jeune médecin chirurgien-ophtalmologue est dans le groupe des « 16 ». De manière naturelle il est devenu mon médecin bénévole. Je le questionne sans arrêt. Un dialogue en Anglais. Des personnes se chargent de ranger les tables et le frigo. Un juif orthodoxe est penché en permanence sur un livre du Talmud.
Tout est en accès libre : café, lait, gâteaux, pizzas, houmous…
Le matin une porte s’ouvre : deux employés couverts d’une robe médicale, de l’hôpital, livrent un chariot. C’est aux malades de prendre la suite. Et d’organiser le petit-déjeuner. Aucune tristesse. Aucune lassitude. Juste quelques mots entre les « 16 ». Une femme de ménage a pénétré les locaux ce matin. Un jeune américain l’a aidé amicalement à récupérer les poubelles. Il l’a aidé à déplacer chaises et tables.
L’hôpital me livre un sac toilette complet. Mon nom y est inscrit en hébreu. Un geste inoubliable. On me transmet un thermomètre. Chaque prise de température est une épreuve. Chacun est appelé par les infirmiers. Les tests au coronavirus démarrent. Chacun avec son angoisse.
J’oubliai de vous dire: beaucoup de gens toussent. Une vielle dame américaine va mal. Elle me demande d’appeler les médecins en urgence. C’est ce que je fais. Elle a peur. Au même moment une annonce grésille : « des glaces à la vanille pour tous ». Je traduis en hébreu, Français, Anglais. Applaudissements! Mon nouvel ami, juif orthodoxe à la longue barbe, me demande si les glaces sont cashers. Je lui répond par un tonitruant « Qen » (« oui »). Il est heureux… moi aussi. Les petits plaisir de la vie… en période de coronavirus.
(1) Le Centre médical Assaf Harofeh est le quatrième plus grand hôpital public en Israël. Le centre médical est situé à Be’er Ya’akov. L’hôpital est un établissement médical universitaire de 848 lits qui dessert une population croissante de toutes les nationalités, ce qui représente actuellement près d’un demi-million de personnes. L’hôpital offre des services à une population d’environ 1,5 million d’habitants et offre une grande variété de services de soins de santé de premier ordre.
Le centre médical comprend 848 lits pour les patients hospitalisés, 21 blocs opératoires de pointe, des unités de soins intensifs cardiaques, néonatales, pédiatriques et respiratoires, dotés d’équipements de pointe, de laboratoires sophistiqués et de diverses unités cliniques spécialisées. L’hôpital offre une attention personnelle, un diagnostic et un traitement médical. Une équipe de 3 400 médecins, chercheurs, professionnels de la santé, personnel infirmier et administratif, travaillent ensemble pour offrir un service professionnel à tous les patients. Le personnel offre des services médicaux de haut niveau, tout en fournissant à chaque patient des soins personnels, chaleureux et humains.