Dans le calendrier liturgique chrétien, le dimanche des Rameaux donne le coup d’envoi de la semaine sainte mais commémore aussi l’entrée de Jésus à Jérusalem, où il fut acclamé, selon les Évangiles, par une foule agitant des palmes et déposant des manteaux sur son passage. Chaque année, la procession du dimanche d’avant-Pâque mène les fidèles du Mont des Oliviers à la basilique Saint-Anne, une propriété française de la Vieille Ville située en face de l’esplanade des Mosquées mené par le patriarche de Jérusalem, entouré du nonce apostolique et du custode de Terre sainte et suivi par les consuls généraux des quatre nations latines : l’Italie, l’Espagne, la Belgique et la France. Ces dernières années, le cortège rassemblait de 15 000 à 20 000 personnes. Et des messes étaient dites au Saint-Sépulcre qui abrite selon la tradition le tombeau vide du Christ. Cette année, l’archevêque de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa a failli renoncer à célébrer l’un de ces offices qui se déroulent en très petit comité avec un respect de la distanciation sociale en raison de la crise du Covid-19.

Dimanche dernier, l’entrée des franciscains et des séminaristes s’est faite en catimini. « La liturgie s’est tenue. Nous portions un masque et des gants. Nous étions une demi-douzaine. Nous avons prié pour le monde entier dans cette basilique à la fois humaine et surnaturelle » dit frère Stéphane.

La procession des Palmes a en revanche été réduite à sa portion congrue et Monseigneur Pizzaballa a béni la ville avec une relique de la Vraie Croix après avoir prononcé une prière spéciale contre la pandémie du coronavirus depuis le Mont des Oliviers. Puis des franciscains portant des masques médicaux ont déposé des branches d’oliviers devant le domicile d’habitants chrétiens de la Vieille Ville interdite d’accès aux non-résidents.

Près d’un demi-million de touristes avaient prévu de se rendre à Jérusalem en ce mois d’avril. Aux pèlerins chrétiens latins ou orthodoxes devaient s’ajouter les visiteurs étrangers de confession juive venus pour la semaine de vacances de Pessah. De leur côté, les musulmans commencent le mois de jeûne de ramadan le 23 avril. Un triple événement religieux qui ne s’était pas produit durant le même mois depuis vingt ans, mais l’esplanade des Mosquées, le Mur des Lamentations et le Saint-Sépulcre, les trois Lieux saints des religions du Livre sont fermés au public.

Ces jours-ci, les fidèles peuvent suivre les temps forts de la semaine sainte sur des sites dédiés, comme le Christian Media Center, qui retransmet en direct des offices célébrés dans la basilique. « Nous avons dû nous résoudre à reporter la cérémonie de bénédiction des saintes huiles prévue le jeudi saint à la fin de l’épidémie » indique frère Stéphane.

Dans la nuit de samedi à dimanche, va se dérouler la cérémonie du Feu sacré devant la tombe présumée de Jésus. Le dimanche, la messe pontificale de la résurrection devrait avoir lieu. En confinement. « Le Saint-Sépulcre sera vide, mais cette basilique est un lieu du vide. La tombe est vide grâce au miracle de la résurrection. Ce vide est un aimant qui nous connecte avec l’humanité tout entière » , philosophe frère Stéphane.

Gardien du couvent franciscain de Saint-Sauveur, le franciscain compare la situation de son institution aux monastères du Moyen Âge. « On est 80 frères dans ce lieu. Nous avons de l’espace mais nous sommes vulnérables comme les moines l’étaient au Moyen Âge à l’époque des pestes. »

Par ailleurs, une cérémonie, adoration de la sainte couronne, s’est déroulée exceptionnellement à l’intérieur de Notre Dame de Paris, hier, vendredi en petit comité.

Source : Le Figaro & Israël Valley

 

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