En France, les abattoirs ne seront ainsi nullement contraints de faire pratiquer l’étourdissement préalable lors d’un abattage halal ou casher.
En cela, Didier Guillaume s’inscrit dans une double continuité :
– la plus récente, celle du Conseil d’Etat qui en octobre dernier rejeta une requête voulant imposer l’étourdissement lors de l’abattage rituel.
– celle de ses prédécesseurs de droite comme de gauche, qui tous renoncèrent à mettre fin à cette dérogation.
On se souvient de la vaine tentative du Premier ministre François Fillon qui, en 2017, dut manger son chapeau après la colère provoquée par ses propos contre l’abattage rituel.
Souvenons-nous du socialiste Stéphane Le Foll, alors ministre de l’Agriculture, qui prit publiquement et ouvertement la défense de l’abattage rituel.
Citons enfin les propositions de loi, portées en 2012 par deux parlementaires UMP (aujourd’hui Les Républicains) et un centriste, qui comme François Fillon cinq ans plus tard, durent faire marche arrière.
Pour autant, malgré leur déception et plus encore leur colère, les associations animalistes ne désarment pas. Elles continueront à exiger la fin de l’abattage rituel, et plus généralement la fermeture de tous les abattoirs.
L’interview a lieu au micro du journaliste Jean-Jacques Bourdin le le 28 janvier 2020. Nous vous livrons ci-après l’échange concernant spécifiquement l’abattage rituel.
Jean-Jacques Bourdin : “L’abattage rituel des animaux en France, il y a une dérogation aujourd’hui pour des raisons religieuses.
Didier Guillaume : Oui, oui.
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce que vous voulez revenir sur cette dérogation ?
Didier Guillaume : Je pense qu’aujourd’hui c’est très compliqué de revenir sur cette dérogation.
Jean-Jacques Bourdin : Mais pourquoi ?
Didier Guillaume : Je vais vous expliquer : parce qu’il y a un équilibre aussi avec les cultes. Je discute moi, je discute avec le culte musulman et avec les juifs. Je les reçois régulièrement.
Aujourd’hui il y a un équilibre qui est trouvé. Il y a des gens qui sont choqués par cet abattage rituel.
Je pense qu’il faut que cela se fasse de façon apaisée.
On ne peut pas mettre… Je ne suis pas favorable en tout cas que l’on mette ce sujet dans le débat national aujourd’hui parce qu’il y a tellement de conséquences derrière.
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce qu’il faut ouvrir le débat autour de ce sujet, oui ou non ?
Didier Guillaume : Mais Jean-Jacques Bourdin…
Jean-Jacques Bourdin : Dans le cadre du bien-être animal ou dans un autre cadre.
Didier Guillaume : Mais bien sûr qu’il est ouvert et bien sûr qu’il y a des réflexions qui sont menées par les cultes pour voir comment on peut faire de l’abattage…
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce qu’il est normal d’égorger un animal encore conscient, oui ou non ?
Didier Guillaume : Mais non, mais non. C’est pour ça que les choses évoluent mais ça doit se faire à un rythme suffisant pour que ce soit acceptable par toutes et par tous.
On ne va pas rouvrir je ne sais quelle pas guerre mais attaque vis-à-vis de telle ou telle religion.
Il y a des pratiques religieuses qui s’appuient sur des textes, il faut les respecter mais il faut aussi comprendre que là encore, la sensibilité des Françaises et des Français – peut-être même d’ailleurs la sensibilité des gens qui croient en ces cultes – a changé.”
(1) Source Al Kanz