Basée dans le centre de Tel-Aviv avec des bureaux à Paris et à Londres, Black Cube a été créée en 2010 par Dan Zorella et Avi Yanus, deux amis d’université qui ont longtemps travaillé pour les services de renseignement de leurs pays. Natif de Haïfa, le premier a été formé à l’action clandestine dans une unité opérationnelle d’élite des renseignements militaires. Il est aujourd’hui basé à Londres, où il supervise les opérations européennes de son entreprise. Quant au second, il en est le directeur financier.
A l’origine, Black Cube n’était qu’une petite structure de détectives privés comme il en existe des dizaines d’autres en Israël. Pourquoi a-t-elle surpassé ses concurrents? Parce que ses créateurs ont utilisé d’emblée les connaissances acquises durant leur carrière d’espions israéliens: la manipulation, les enregistrements clandestins, la création de fausses entreprises et de faux sites internet destinés à leurrer leurs «cibles».

Un président emblématique

Dès sa création, l’entreprise a bénéficié de l’appui bienveillant de Meir Dagan, le mythique directeur général du Mossad de 2002 à 2011. Après sa retraite, le maître espion, qui s’était fait connaître internationalement en organisant une campagne d’attentats et de «liquidations» visant à empêcher l’Iran de progresser sur la voie de l’arme nucléaire, a en effet servi de caution à Black Cube en rencontrant certains de ses clients potentiels.
Grâce à lui, l’entreprise est en tout cas passée du renseignement commercial classique à des opérations plus risquées – mais plus lucratives – pour le compte de gouvernements étrangers qui ne faisaient pas confiance à leurs propres services de renseignement nationaux. Jusqu’à sa mort en mars 2016, Meir Dagan a d’ailleurs présidé le conseil d’administration de l’agence privée. Là, il croisait quelques vieilles gloires de l’establishment sécuritaire israélien.

Crise financière asiatique

Mais Black Cube doit aussi son succès à la crise financière mondiale de 2008. Et à la faillite de la banque Kaupthing, la première institution financière islandaise alors en cessation de paiement. Une tragédie pour des milliers d’épargnants européens que le Serious Fraud Office (britannique) a notamment imputée à l’homme d’affaires Vincent Tchenguiz.
Jeté en pâture à l’opinion publique, le businessman aux abois a recruté l’officine privée, dont les hommes ont construit un dossier innocentant son client. Avec succès, puisque Vincent Tchenguiz a perçu 2 millions de livres de dommages et intérêts assortis des excuses publiques du SFO. Le jackpot pour Black Cube, qui a ainsi construit sa légende et vu les affaires délicates affluer.
Source : https://www.letemps.ch

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