Qu’est-ce que cela va changer concrètement ?

D’un point de vue légal, la décision française ne devrait pas changer fondamentalement les choses. Pour exister, un Etat n’a pas besoin d’être reconnu formellement par tous les autres et c’est « sans effet sur ses droits et ses obligations internationales », explique ainsi Romain Le Bœuf, professeur de droit international à l’université d’Aix-Marseille.

Les territoires palestiniens possèdent ainsi leurs propres gouvernements et institutions, un drapeau et un hymne. L’Autorité palestinienne gouverne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, tandis que le Hamas est au pouvoir dans la bande de Gaza, territoire ravagé par deux ans de guerre.

Depuis qu’elle est devenue membre observateur de l’ONU en 2011, la Palestine fait également partie de plusieurs organisations internationales, comme l’Unesco et la Cour pénale internationale.

Elle pourrait un jour devenir un membre à part entière de l’Organisation des Nations unies, à condition que le Conseil de sécurité en fasse la proposition et que celle-ci soit adoptée par l’Assemblée générale. Mais une initiative en ce sens risquerait de se heurter au veto américain, comme ce fut déjà le cas en avril 2024(Nouvelle fenêtre).

La France présente cette décision comme une façon de faire pression sur Israël. Elle donne ainsi « de la légitimité aux Palestiniens dans le jeu des négociations avec Israël », analysait l’historienne Frédérique Schillo auprès de franceinfo en avril.

Un constat partagé par l’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, confrontée à l’accélération de la colonisation israélienne en Cisjordanie. « La reconnaissance de l’Etat palestinien nous donne une perspective d’avenir », a ainsi estimé la ministre déléguée aux Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Varsen Aghabekian Shahin, début septembre. La question est vue comme existentielle pour les Palestiniens. « Plus on attend, plus Israël poursuit sa colonisation et son annexion rampante », prévient Bichar Khader, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe contemporain à l’université de Louvain (Belgique), dans le journal L’Echo.

Pour qu’elles ne restent pas symboliques, il faudrait cependant que ces annonces soient suivies d’actes. « Il me semble qu’elles n’ont rien à voir avec les préoccupations ou la souveraineté des Palestiniens à l’heure actuelle », relève Tahani Mustafa. La chercheuse invitée au Conseil européen des relations internationales (ECFR) est « sceptique quant à la capacité de ces Etats à mettre en œuvre cette mesure sur le terrain ». « Ces Etats vont-ils stopper l’expansion des colonies israéliennes ? Vont-ils forcer Israël à s’asseoir à la table des négociations ? Vont-ils forcer Israël à cesser de détruire Gaza et de tenter de déplacer son peuple ? » s’interroge la spécialiste. Et de souligner que « sans la bande de Gaza » où l’armée israélienne a accéléré son opération militaire, un Etat, même reconnu, « se réduirait de moitié ».

FRANCEINFO EXTRAITS

 

Partager :