Mort de Paul-Loup Sulitzer : de la gloire aux revers financiers.
Ecrivain à succès dans les années 1980, Paul-Loup Sulitzer était aussi un homme d’affaires et spécialiste de la finance jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par les affaires judiciaires. Il est décédé à l’âge de 78 ans, a annoncé sa fille ce jeudi 6 février 2025 à l’AFP.


Par Xavier Martinage
Il s’était fait rare dans les médias depuis une dizaine d’années, à la suite de son accident vasculaire cérébral (AVC) et de ses déboires judiciaires. Vivant dans l’anonymat, l’ancien écrivain et homme d’affaires Paul-Loup Sulitzer est mort ce jeudi 6 février à l’île Maurice, où il résidait, a indiqué sa fille à l’AFP. Fils de Jules Sulitzer, immigré juif de Roumanie qui avait fait fortune avec son entreprise de remorques de poids lourds, Paul-Loup devient riche dès l’âge de 28 ans en récupérant son héritage, rappelle Le Monde.
Plus jeune PDG de France à 21 ans
Mais il va rapidement faire fortune en devenant, à 21 ans, le plus jeune PDG de France grâce à ses importations de gadgets pas chers (porte-clefs, gratte-dos, chausse-pied lumineux ou stylos géants), qu’il était parvenu à vendre notamment au magazine Pif Gadget. Souhaitant se tourner vers le monde de la finance, il devient consultant financier, rappellent nos confrères, puis se lance dans l’aventure du «western financier», roman d’aventures dans le monde de la finance. Il s’associe notamment avec le journaliste et écrivain Loup Durand pour produire ses livres et sort le premier en 1980.
Une série impressionnante de romans
Ce roman, Money, est un succès, fort du marketing réalisé autour de sa publication, avant que les autres ne s’enchaînent aux éditions Denoël : Cash ! (1981), Fortune (1982) qui narrent le parcours, les exploits et les revers d’un homme d’affaires dans la finance. Vont suivre Le Roi vert (1983), Popov (1984), Hannah (1985) et L’Impératrice (1986). Le Roi vert sera notamment traduit dans 42 pays, rappelle Le Monde. Tous ces succès vont faire de lui un homme riche, un millionnaire même au milieu des années 1980, et Paul-Loup Sulitzer ne va pas se priver de l’afficher.
Il va également lancer un journal économique intitulé Savoir s’enrichir. C’est à cette période qu’il va se marier avec la fille d’un riche homme d’affaires, Delphine Jacobson. Un mariage célébré à Paris par le maire de l’époque, Jacques Chirac. Même après la mort de Loup Durand, les ouvrages vont se succéder : Cartel (1990), Tantzor (1991), L’Enfant des Sept Mers (1993), jusqu’au Puits de Lumière consacré à l’assassinat de Kennedy (2007) ou L’Escroc du siècle (2009) consacré à Bernard Madoff. Au total, il aurait vendu plus de 42 millions d’exemplaires.
Rattrapé par l’«Angolagate»
Mais entre-temps, les affaires l’ont rattrapé : une garde à vue en 1997 pour ses liens présumés avec l’homme d’affaires Michel Coencas, puis sa mise en examen en 2000 dans l’affaire des ventes d’armes illicites à l’Angola, plus connue sous le nom d’«Angolagate». Soupçonné d’avoir perçu entre 1,6 million et deux millions de francs suisses, il est condamné pour «recel d’abus de biens sociaux» à quinze mois de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende. De cette affaire, il écrira le livre Angolagate, chronique d’un scandale d’Etat.
Un divorce coûteux
C’est donc dans les années 2000 que son monde s’effondre. En 2002, un premier AVC l’affaiblit fortement. Mais surtout, c’est son divorce avec Delphine Jacobson qui va le ruiner (10 millions d’euros de perdus). Jonglant entre la Belgique et l’île Maurice, il confiait vivre avec seulement 1 500 euros de retraite par mois même si pour lui «l’argent n’a pas grande valeur». Personnifié par Alain Souchon en 1993 dans sa chanson Foule sentimentale pour dénoncer la société de consommation, il vivait depuis dans le plus grand calme se vantant d’être «devenu anticapitaliste». Paul-Loup Sulitzer avait 78 ans.