Assassinats high-tech : Israël, toujours un coup d’avance.

En 1996, un responsable du Hamas avait été tué par 50 g d’explosifs dans son téléphone. En 2020, un physicien iranien était abattu par une mitrailleuse dotée d’IA.  

L’explosion simultanée de centaines de bipeurs au Liban mardi 17 septembre, qui a fait au moins 9 morts et 2 800 blessés, notamment dans les rangs du Hezbollah, est le résultat d’une vaste opération secrète menée par Israël.

Fonctionnant grâce à des ondes différentes de celles du réseau de téléphonie mobile, ces petits appareils très largement répandus dans le monde occidental dans les années 1980 et 1990 n’émettent rien et ne sont donc pas géolocalisables.

Les bipeurs (ou pagers en anglais) se contentent de recevoir de courts messages texte, un outil suffisant pour le Hezbollah, qui a demandé à ses milliers de combattants de s’en équiper. Les centaines d’appareils ont pu être piégées par les services israéliens, qui, s’ils privilégient les frappes de drones ou les bombes magnétiques sur les voitures, n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de guerre technologique.

50 g d’explosifs dans un téléphone en 1996

Compte tenu du mode opératoire, le premier exemple qui vient en tête est celui de Yahia Ayache, assassiné à Gaza par le Shin Beth en 1996. En glissant 50 grammes d’explosifs dans son téléphone, les agents israéliens réussissent à éliminer ce haut gradé des brigades Izz al-Din al-Qassam, l’aile militaire du Hamas. Expert en explosifs, surnommé « l’ingénieur », il est à l’origine de la mort d’au moins 90 Israéliens et aura été éliminé avec ses propres arme.

En novembre 2020, c’est le physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, à la tête du programme nucléaire iranien, qui est assassiné par Israël au terme d’une opération technologiquement inédite. Lassés par les multiples tentatives ratées contre cette cible, les services israéliens montent une opération complexe. Ils garent un pick-up au bord d’une route et cachent une arme dans du matériel de chantier à l’arrière. Mais, le jour J, personne n’est à bord pour appuyer sur la détente : le tueur est situé à plus de 1 600 km de là.

Le coup d’éclat Stuxnet

« C’est l’inauguration d’un système de tireur d’élite high-tech, numérisé et doté d’intelligence artificielle et de multiples angles de caméra, contrôlé par satellite et capable de tirer 600 coups par minute », écrit le New York Times. L’intelligence artificielle embarquée dans le socle de la mitrailleuse permet au système de compenser le délai de transmission des ordres ainsi que la vibration induite par chaque tir et qui pourrait dévier les balles suivantes de la trajectoire voulue. Lorsque le convoi approche, une autre voiture, abandonnée par le Mossad et équipée d’un système de reconnaissance faciale, permet de vérifier que la cible est bien au volant. Mohsen Fakhrizadeh refusait d’être transporté en véhicule blindé : il le paie de sa vie.

Autre coup d’éclat technologique, mais qui n’était pas lié à une tentative d’assassinat : le ver Stuxnet, découvert en 2010. Premier ver spécifiquement développé dans le but d’infecter des systèmes informatiques industriels dans le cadre d’un conflit international, il cible les centrifugeuses iraniennes d’uranium. L’unité israélienne 8200, experte de la guerre technologique, en serait à l’origine avec le soutien de la NSA américaine.

Mission accomplie : les centrifugeuses s’emballent et certaines explosent sous l’effet d’ordres d’augmentation des vitesses de rotation, programmés par le ver Stuxnet. Le code malveillant se reproduit massivement, si bien qu’il déborde de sa cible : 45 000 ordinateurs sont infectés dans le monde, dont un tiers en Allemagne, en France, en Inde et en Indonésie chez des utilisateurs d’outils industriels Siemens.

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