EDITORIAL. Le Dr Majid Rafizadeh. L’approche actuelle des puissances européennes à l’égard de l’Iran rappelle étrangement la manière dont elles ont traité l’Allemagne nazie dans les années 1930.

Les démocraties européennes, choisissant l’apaisement plutôt que la confrontation, ont fermé les yeux sur l’agressivité croissante d’Hitler. Cette indulgence, sans surprise, n’a fait qu’enhardir les nazis et les a conduits aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd’hui, de la même manière, la passivité de l’Europe face aux menaces croissantes de l’Iran ne fait que renforcer son régime. L’Iran, qualifié par le rapport annuel américain sur le terrorisme de 2023 de « premier État soutenant le terrorisme au monde », est sur le point d’acquérir l’arme nucléaire.

Le régime islamiste iranien n’a jamais caché ses ambitions. L’ayatollah Ruhollah Khomeini, qui a pris le pouvoir après le renversement du Shah Mohammad Reza Pahlavi et a établi la République islamique d’Iran en 1979, a déclaré :

« Nous exporterons notre révolution dans le monde entier. Tant que le cri « Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah » ne retentira pas dans le monde entier, il y aura une lutte. » [1]

Le régime iranien promet soit une capitulation occidentale, soit un conflit majeur. Ignorer les signaux d’alarme ne fera qu’alourdir le prix à payer par l’Europe.

L’Iran arme la Russie de missiles et de drones d’attaque, qui sont utilisés pour frapper l’Ukraine. Cette guerre n’est plus seulement un conflit régional entre la Russie et l’Ukraine. Lorsque les missiles iraniens visent l’Ukraine, ils frappent l’Europe elle-même. Si ce n’est pas le prélude à un acte de guerre direct de l’Iran contre toute l’Europe et les libertés individuelles qu’elle défend, alors qu’est-ce que c’est ? L’Iran, comme ce n’est un secret pour personne, s’est clairement aligné sur un « nouvel axe du mal » composé de la Russie, de la Chine, de la Corée du Nord et de l’Iran.

Le partenariat entre l’Iran et la Russie ne s’arrêtera pas avec l’Ukraine. Les mollahs semblent avoir pour objectif d’aider la Russie à continuer d’étendre son influence. Peut-être qu’après l’Ukraine, la Russie tentera de s’attaquer à la Moldavie, puis aux États baltes, puis à tous les autres pays où elle ne semble pas devoir rencontrer beaucoup de résistance. La question est de savoir jusqu’à quel point l’Europe tolérera encore cette agression avant de reconnaître l’ampleur de la menace.

Les missiles et les drones d’attaque fournis par l’Iran détruisent les infrastructures ukrainiennes et visent des villes clés comme Kiev. Ces attaques causent des dégâts considérables et tuent d’innombrables Ukrainiens innocents. Comment se fait-il que les Européens ne semblent pas aussi affligés par la mort de civils en Ukraine qu’à Gaza et au Liban ?

L’UE semble se contenter de publier des déclarations de condamnation contre Israël, qui sacrifie la vie de ses citoyens pour sauver ces ingrats moralisateurs. Quel est le résultat de tout cela ?

Il est temps pour l’Europe d’aller au-delà de la diabolisation du seul pays qui la sauve et de cesser de se contenter de verbaliser les pays qui sont à l’origine du chaos.

La première étape devrait être de désigner officiellement le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) et sa force d’élite Qods comme organisations terroristes. Cela enverrait un signal fort indiquant que l’Europe n’est plus disposée à tolérer l’expansion militaire et idéologique de l’Iran, et donnerait aux forces de l’ordre de tout le continent les moyens d’agir de manière décisive contre les agents iraniens.

L’Europe devrait également prendre une mesure audacieuse en fermant toutes les ambassades et tous les consulats iraniens et en expulsant leur personnel, avant qu’un autre complot terroriste ne se concrétise.

L’affaire Assadollah Assadi, le diplomate iranien condamné pour avoir fomenté un attentat terroriste en France, aurait dû servir d’avertissement. Ces soi-disant diplomates iraniens ne semblent pas avoir été nommés pour favoriser la coopération internationale. Ils apparaissent plutôt comme des agents d’espionnage et de terrorisme. Plus les dirigeants européens laisseront ces avant-postes diplomatiques séditieux opérer, plus la menace pour la sécurité européenne sera grande.

L’Europe devrait rompre toute relation commerciale avec l’Iran. Chaque euro qui entre en Iran est probablement destiné à la machine militaire de Téhéran et à son soutien à la guerre de la Russie en Ukraine. Le prix à payer pour poursuivre ces liens commerciaux est une déstabilisation accrue des frontières orientales de l’Europe et le renforcement d’un régime ouvertement hostile à l’Occident. En commerçant avec l’Iran, l’Iran finance et renforce en réalité ses ennemis.

L’UE doit également être prête à former une coalition qui appuierait ses paroles par des actions militaires. Continuer à rester passif pendant que les missiles et les drones iraniens s’abattent sur une nation européenne n’est pas une stratégie, c’est une capitulation. L’UE devrait mettre sur la table les infrastructures pétrolières, les installations nucléaires et les moyens militaires de l’Iran comme cibles potentielles. Cela enverrait un message clair au régime iranien : l’Europe ne se contentera pas de fermer les yeux lorsque ses villes seront menacées. Une telle démonstration de force pourrait dissuader toute nouvelle agression et forcer l’Iran à se retenir.

Si l’Europe hésite à affronter directement le régime iranien, elle devrait au moins se tenir aux côtés de ceux qui combattent le régime iranien et ses mandataires. Israël a pris la tête de la lutte contre l’agression iranienne au Moyen-Orient. Plutôt que de saper la capacité d’Israël à se défendre et à défendre l’Occident contre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran, l’UE devrait faire tout ce qu’elle peut pour soutenir ces héros. Abandonner Israël alors qu’il combat le terrorisme soutenu par l’Iran ne fait qu’affaiblir l’Europe et faire le jeu de tous ceux qui œuvrent à sa chute.

En répondant par des mots creux aux missiles iraniens qui frappent le sol européen, l’UE donne en fait le feu vert à Téhéran pour intensifier son agression. Les leçons de l’Allemagne nazie sont là pour tout le monde.

Le temps est venu pour l’Europe de soutenir ceux qui risquent leur vie pour abattre ce régime terroriste avant qu’il ne se dote d’une bombe nucléaire.

Le peuple iranien serait le plus reconnaissant de tous.

Le Dr Majid Rafizadeh est un stratège et conseiller d’entreprise, diplômé de Harvard, politologue

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[1] 11 février 1979 (selon Dilip Hiro dans The Longest War p.32) p.108 d’ extraits de discours et messages de l’imam Khomeini sur l’unité des musulmans .
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