La chose est peu connue, mais le Vatican a toujours été circonspect par rapport aux miracles, aux apparitions et aux événements surnaturels et pour être reconnus comme tels, de tels phénomènes doivent faire l’objet d’une enquête sérieuse et pluridisciplinaire – théologique, canonique et sociologique – et être validés par l’évêque ordinaire du lieu où ils se produisent et ceci avec l’aval du Dicastère pour la doctrine de la foi de la Curie romaine.
La question se pose depuis de nombreuses années sur les phénomènes qui se sont produits à Međugorje dans la fédération de Bosnie-et-Herzégovine.
L’histoire de Medjugorje a commencé le 24 juin 1981, lorsque six enfants de cette petite bourgade de 2 300 habitants racontent avoir eu une vision de la Vierge. Le phénomène se serait reproduit les jours suivants. Trois d’entre eux disent encore aujourd’hui continuer à recevoir chaque jour sa visite. Dix ans plus tard, en 1991, alors que la région s’apprête à entrer en guerre, les évêques de l’ancienne Yougoslavie déclarent que « sur la base des recherches effectuées, il n’est pas possible d’établir qu’il y a eu des apparitions ou des révélations surnaturelles ». Mais malgré cette absence de reconnaissance officielle, et d’importantes dissensions au sein de l’Église locale, le lieu attire immédiatement une immense dévotion venue du monde entier. Ainsi, le village est devenu un lieu de pèlerinage important mondialement connu avec actuellement 2,2 millions de visiteurs par an (à titre de comparaison, Fátima au Portugal en reçoit 6 à 8 millions par an et Lourdes environ 3 millions).
C’est un lieu où les conversions au catholicisme sont très nombreuses, même si le Vatican a mis longtemps a « officialisé » son soutien. L’évêque de Mostar avait conclu en 1986, après quatre années d’enquête diocésaine, qu’il est «défendu de prétendre et de professer que Notre-Dame serait apparue ou apparaîtrait encore à Medjugorje»., mais en 1991, à Rome la Congrégation pour la doctrine de la foi – organe suprême en la matière, alors sous la responsabilité du cardinal Joseph Ratzinger – avait refusé de trancher, estimant qu’«aucun élément décisif en faveur d’une possible origine surnaturelle des apparitions n’a pu être mis en évidence». En 1998, elle avait même autorisé des «pèlerinages privés» à condition qu’«ils ne soient pas considérés comme une authentification d’événements en cours».
Mais la position de Rome continue d’évoluer et depuis le 19 septembre, le Saint-Siège autorise les fidèles à « adhérer de manière prudente » aux messages présumés de la Vierge à Medjugorje. Ces derniers seront désormais relus par un délégué pontifical avant publication.
Avec des précautions et des réserves, le dicastère pour la doctrine de la foi a décrété par la voix de son préfet que l’essentiel des expériences vécues depuis quarante ans à Medjugorje était « profondément catholique ». « On voit que Dieu fait des choses bonnes, a encore dit le cardinal Fernandez. On ne dit pas à cause (des voyants, NDLR), mais autour» du sanctuaire, a-t-il précisé.
Source : La Croix et Israël Valley