Tout a commencé par une invitation à une cérémonie à la mairie du 7e arrondissement de Paris.
Le journaliste François-Guillaume Lorrain ne se doutait pas que c’était là le point de départ d’un voyage dans une époque qui, si elle fut qualifiée de « sombre » , laisse aussi entrevoir des éclats de lumière qui font moins désespérer de l’humanité.
Il s’agissait d’une remise à titre posthume de la médaille de Juste parmi les nations à Mathilde Gauthier. Peu avant la rafle du Vél’ d’Hiv’, cette femme avait sauvé la famille Herszbaum, qui possédait un atelier de tailleur situé juste en face de son logement. Daniel, l’un des enfants cachés par Mathilde, avait fait le voyage depuis Israël avec sa famille.
Chaque année a lieu une vingtaine de cérémonies qui rendent un hommage à des Français anonymes dont la mémoire est ainsi revivifiée. Après les combats, la résistance, les persécutions, les déportations, l’heure des sauvetages a ainsi sonné dans la mémoire collective.
Il y a 4 200 Justes français reconnus actuellement. Mais ils furent bien davantage à sauver une partie des 300 000 Juifs présents en France (un quart fut déporté) et la médaille qu’ils reçoivent est la plus haute distinction civile israélienne.
L’historien-reporter, fidèle à une méthode qui lui est familière, a cherché dans son dernier livre « Il fallait bien les aider – Quand les Justes sauvaient des Juifs en France » à exhumer des « chaînes de solidarité » presque effacées : il se rend sur les lieux, rencontre les derniers sauveteurs, échange avec leurs descendants, interroge les enfants qui ont survécu, accède aussi à des dossiers fournis par le Comité français pour Yad Vashem et sous sa plume précise et sensible, la beauté de cette France oubliée, comme une princesse en haillons, palpite toujours.
Un point commun a rassemblé ces hommes et ces femmes de toutes conditions et de toutes convictions : leur modestie sincère. « N’est-ce pas un peu trop d’honneur ? », s’exclament-ils, eux ou leurs descendants, devant les hommages qu’on leur rend.
Oubliant qu’ils risquaient leur vie, ils n’avaient fait qu’obéir à leur conscience. Cela leur suffisait.
Par cette enquête intime et incarnée au cœur d’un chapitre trop méconnu de la Seconde Guerre mondiale, François-Guillaume Lorrain met en scène une quinzaine d’histoires emplies d’humilité, qui marquent par leur pudeur et redonnent espoir en l’humanité.
Source : Le Figaro (copyright)