LPH COPYRIGHTS. Le journaliste politique, Amit Segal, a affirmé sur la chaine 12 que désormais, il apparait clairement que l’objectif de Biden lors de la période de manifestations contre la réforme judiciaire en Israël était de renverser Netanyahou.
Il publie aujourd’hui un texte pour expliquer cette analyse (traduction libre):
”Quelques semaines avant que le gouvernement Netanyahou annonce publiquement la réforme judiciaire en Israël, le proche de Netanyahou, le ministre Ron Dermer, s’est rendu à Washington. Il a informé des responsables de l’administration américaine de l’intention de modifier la méthode de nomination des juges et de la rapprocher de celle pratiquée aux Etats-Unis. Il a interrogé les responsables américains sur la possibilité que l’administration Biden agisse à l’encontre de cette volonté. On lui a répondu en un mot: ”Inconceivable” (Inconcevable).
Et finalement ce qui était ”inconcevable” s’est transformé en quelques jours en ”concevable”. Pendant la majeure partie de l’année 2023, le Président Biden et son administration sont devenus la tête du système qui s’opposait à la modification du système judiciaire en Israël. Il y a déjà eu des gouvernements américains qui se sont mêlés de la politique intérieure israélienne, mais c’était toujours dans le but de promouvoir des processus politiques dans lesquels l’Amérique croyait, comme la paix avec les Palestiniens ou le retrait des territoires. Jamais jusqu’à aujourd’hui, l’administration américaine n’avait joué le rôle de chef de l’opposition à la politique intérieure israélienne.
Ce n’est pas un hasard si dans les grandes manifestations à Tel Aviv contre le gouvernement, il y avait de grandes affiches ”Biden Save Us” (Biden sauve-nous). Le Président servait de fer de lance dans la lutte contre le changement du système judiciaire.
Par une décision jamais vue depuis les années 60, il a boycotté le Premier ministre d’Israël pendant neuf mois, alors qu’il a rencontré le Président turc Erdogan, qui n’est pas connu pour son respect méticuleux de la séparation des pouvoirs. Il a envoyé son Secrétaire d’Etat proférer une menace non dissimulée à Netanyahou et lui rappeler que les relations entre leurs deux pays étaient basées sur ”des valeurs communes, avec la nécessité de parvenir à un consensus”.
Est-ce que le Président était réellement inquiet du fait que les juges en Israël allaient être choisis par des hommes politiques? Nous avons obtenu la réponse ces dernières semaines, alors que M. Biden promeut en vitesse une réforme qui ressemble à celle qu’a tenté de faire passer Netanyahou: renforcer le contrôle des hommes politiques sur le système judiciaire, dans le cas américain par la limitation du mandat des juges. Est-ce qu’il était réellement inquiet du fait que la réforme judiciaire était ”clivante”? Rappelons que toutes ses initiatives sont passées au Sénat d’une majorité plus courte que celle dont dispose Netanyahou à la Knesset. Est-ce qu’il s’inquiétait du rythme ”il n’est pas correct de se précipiter”? Entendre cela de celui qui a signé des décrets présidentiels lors de sa première journée en temps que Président est un peu bizarre.
Le fonctionnement du système judiciaire en Israël n’intéressait pas M. Biden en soi. Il n’était qu’un prétexte pour affablir ceui que Biden voit comme un adversaire idéologique sur la question de fond au Proche-Orient: l’Iran est-il une opportunité ou un danger? La vision de l’administration américaine est qu’il faut se réconcilier autant que possible avec l’Iran. Par conséquent, l’argent qui était gelé a été versé, les centrifugeuses ont tourné. Pendant ce temps, Netanyahou s’enlisait dans une réforme qui a échoué et Biden s’est fait un plaisir d’aider à enflammer les rues.
Hélas, la distance qui s’est créée entre Israël et les Etats-Unis a causé un tort stratégique phénoménal. Ce n’est pas un hasard si l’Arabie Saoudite a restauré ses relations avec l’Iran pendant cette année-là, si elle a exigé une installation nucléaire comme condition de son alliance avec Israël et les Etats-Unis.
Pire que cela, la froideur de Washington a convaincu l’Iran et ses proxys qu’Israël se retrouverait seul au moment fatidique. Déjà en avril, dans un document des renseignements militaires transmis au Premier ministre, on le mettait en garde en cas de guerre face à ”l’éloignement entre Israël et les Etats-Unis. L’Iran en est le principal à bénéficiaire parce qu’il suppose qu’Israël ne pourra pas se lancer dans un conflit contre lui sans le soutien américain”. Une autre source, qui compte parmi les opposants de Netanyahou, m’a dit que les ennemis d’Israël ont interprété le boycott de facto de Biden contre Netanyahou comme une raison pour lancer des processus militaires contre Israël”.
L’ingérence grossière du Président dans la politique intérieure de son ami n’a pas été la raison de l’attaque du 7 octobre mais elle a été un argument chez Sinouar et ses maitres pour la lancer justement à ce moment-là.
Aussi, lorsque l’administration démocrate promeut un changement, sans consensus, de la Cour suprême, le moment est peut-être venu pour le Premier ministre de rappeler au Président lors de leur rencontre que l’alliance entre nos deux pays ne peut perdurer que sur la base ”de valeurs communes, avec la nécessité de parvenir à un consensus””.