Ce mardi 31 octobre, l’Insee a publié son chiffre de la croissance française pour le troisième trimestre. Etablie à 0,1%, celle-ci marque un véritable ralentissement. Ce pourrait être le début d’un coup de frein plus marqué. Le gouvernement se montre inquiet d’éventuels effets de la situation au Proche-Orient.

Selon l’Insee, ce troisième trimestre, la croissance française a résisté, non sans difficultés. Et pour cause, elle enregistre une petite hausse de 0,1% de son produit intérieur brut (PIB). « L’économie française se tient », s’est ainsi félicité ce mardi matin Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. Et de saluer la bonne tenue de nos investissements, mais aussi de la consommation. La question est désormais, jusqu’à quand notre économie va-t-elle résister ?

Inquiétudes sur la remontée des prix de l’énergie

En effet, le locataire de Bercy n’a pas caché ses craintes quant à l’impact de la situation internationale. « Nous sommes parfaitement lucides sur les risques liés au Proche-Orient », a -t-il précisé, ce mardi. Et de poursuivre :

« Toute extension du conflit amènera une flambée du prix des matières premières, une flambée des prix de l’énergie, et par conséquent, un impact sur la croissance européenne. »

Et pour cause, certains analystes tablent déjà sur une flambée des prix du cours de pétrole. Son tarif pourrait être doublé en quelques mois, et atteindre les 150 dollars le baril. Pour l’instant, il reste autour de 90 dollars, mais il a déjà progressé de 6% depuis le début du conflit en Israël, a relevé la Banque mondiale. Par ricochet, les tarifs du gaz et d’autres matières premières – agricoles notamment – pourraient être relevés dans les semaines à venir.

Selon la Banque mondiale, les tensions en Israël pourraient ainsi provoquer un nouveau choc de prix sur les matières premières. « Si le conflit devait gagner en intensité, l’économie mondiale devrait faire face à un double choc énergétique pour la première fois depuis des décennies », a ainsi prévenu Indermit Gill, le chef économiste de l’institution, faisant aussi référence à l’invasion russe en Ukraine.

La consommation très sensible à l’inflation

Quoiqu’il en soit, dans l’Hexagone, la croissance devrait ralentir en 2024. « On devrait rester dans une croissance très molle », assure ainsi, Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Ce troisième trimestre, la croissance est restée positive grâce, notamment, à un rebond de la consommation des produits alimentaires, mais aussi des biens d’équipement. Sur l’alimentaire, la reprise est d’autant plus notable qu’elle intervient après 8 trimestres de baisse. Signe que les ménages ont rempli un peu plus leur caddie cet été.

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Cette reprise de la demande intérieure s’explique par le ralentissement des prix enregistré ces dernières semaines. En octobre, l’inflation est tombée à 4% sur un an, après 4,9% en septembre. Ce qui amène Bruno Le Maire à assurer : « La France est en train de sortir de la crise inflationniste. Et ce recul de l’inflation doit nous permettre de tenir nos objectifs de croissance. »

Mais, là encore, l’accalmie pourrait être de courte durée. « D’ici 2024, on ne retrouvera pas les prix que l’on a connus, et puis les salaires progressent moins vite que les prix », tempère Eric Heyer, de l’OFCE.

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