Edition Spéciale Israël en guerre : L’Editorial d’André Darmon
Samedi 7 octobre 2023
En ce samedi 7 octobre 2023, on se réveille doucement à Tel-Aviv, avec des idées de plage, de promenades, de croissants et de jus d’orange. Les fêtes viennent de s’achever, non sans quelques perturbations, de gens qui avaient oublié qu’Israël était un pays juif, démocratique certes, mais juif. Et que fêter Simhat Tora à Tel-Aviv est, non seulement un droit, mais une obligation.
Quelques jours avant ce fatidique samedi noir, je me trouvais à Shoukeida, chez l’un de mes deux fils qui résident dans cette localité israélienne de la ceinture de Gaza, à quelques centaines de mètres de la barrière de sécurité, à quelques centaines de mètres de Ra’im (où aura lieu la Rave party) et de Beeri, là où se sont déroulés d’insoutenables pogromes qui auraient fait vomir de dégoût eux-mêmes, des Ukrainiens ou des Polonais du siècle dernier.
En dépassant le village de Kfar Maimon, son mochav et son école francophone, et découvrant l’immensité pastorale des terres devant moi, je songerai : merci mon Dieu de protéger ces villages courageux, ces jeunes gens venus construire leur propre maison et élever, pour beaucoup, leurs enfants dans la voie du Judaïsme et du respect.
Je suis tranquille à ce moment-là. Ce que je vois est la réalisation tangible et faramineuse du projet sioniste. Je songe subitement à organiser cette année à Shoukeida même, notre traditionnelle distribution des cadeaux de Hanoukka à nos petits-enfants. Je songe encore, quel bonheur ! Mais quel malheur s’abat soudain sur nous en ce matin de Chabbat.
J’apprendrais plus tard que les jeunes gens de Shoukeida qui avaient été assez vite (8 heures du matin) alertés étaient montés sur le toit de leurs maisons et pouvaient apercevoir de loin, au-delà de la route, les commandos terroristes.
L’armée, quant à elle, n’arrivera qu’a dix heures du soir ! Il serait facile, o combien facile, de déglinguer tous nos mythes mensongers, (Tsahal, High tech, Unité) mais aussi toutes les doctrines imbéciles, toutes les idées faites, préconçues qui sont le cholestérol de la pensée israélienne.
Mais à l’heure à laquelle j’écris ces lignes, on vient d’enterrer ou de tenter d’enterrer 1400 personnes et des familles entières sont entrées dans un deuil absolu qui ne les quittera pas jusqu’à la fin de leur propre vie.
D’autres familles, elles, sont éperdues de chagrin à la pensée que leurs proches ont été kidnappées violemment et emprisonnés dans les souterrains et les labyrinthes de Gaza.
Ces familles éplorées ont réclamé le silence industriel, de la gauche comme de la droite, mais certains, à l’instar de ce qui s’était passé pendant la première guerre du Liban, peu soucieux de la douleur, réclament dans les rues et la rue Kaplan en particulier, le départ du Premier ministre.
Comme si c’était le moment de rendre des comptes, comme si cela était le moment de savoir qui est responsable, coupable, chez nous de cette tragédie, comme si ce n’était pas le moment d’unir toutes nos forces pour faire face, non seulement au Hamas, mais aussi au Hezbollah.
En attendant, les jours de l’Iran sont comptés, selon moi. Beaucoup de mes confrères parlent de changer de disquette (de discours, de doctrine) quant à notre appréciation fallacieuse de nos adversaires. J’aurais plutôt tendance à croire qu’il nous faudra surtout changer radicalement d’ordinateur. Il ne nous faudra pas répéter la même rengaine avec le Hezbollah que celle que nous avons réitérée à l’infini avec le Hamas.
Beaucoup de mes confrères parlent de changer de disquette (de discours, de doctrine) quant à notre appréciation fallacieuse de nos adversaires. J’aurais plutôt tendance à croire qu’il nous faudra surtout changer radicalement d’ordinateur. Il ne nous faudra pas répéter la même rengaine avec le Hezbollah que celle que nous avons réitéré à l’infini avec le Hamas. Non, nous ne pouvons pas et nous ne pourrons plus vivre à côté d’entités terroristes, qui mettent en suspension notre vie quotidienne. Non, nous ne pourrons plus vivre à côté de ceux qui se sont avérés les émules d’Hitler et d’Eichmann.
La trahison
Notre pays qui s’appuie presque de manière obsessionnelle sur la technologie vient de se faire trahir par cette dernière. L’ancien chef d’Etat Major, Raphael Eytan, dit Rafoul, ne disait-il pas que la meilleure source de renseignement, ce sont encore nos jumelles. Car la caméra de surveillance la plus perfectionnée soit-elle, Le drone le plus sophistiqué peuvent être réduits au silence par un simple coup de marteau ou de cyberattaque. Beaucoup de questions se posent. La barrière de sécurité n’est éloignée que de plusieurs centaines de mètres des habitations de Gaza. Comment n’a-t-on pas aperçu, détecté, dans ce vaste no mans land, l’approche de voitures, de motos, d’hommes armés. D’autant qu’ils arivainet une dizaine d’endroits de la barrière. En admettant qu’une opération cybernétique ait éteint tous nos producteurs de renseignements, l’information de l’incursion était cependant connue depuis 7 heures du matin. Il y a aura dans quelques semaines, dans quelques mois, des enquêtes, des commissions intransigeantes qui feront la lumière sur les incompétences, sur les trahisons, sur la vulnérabilité de cerveaux formatés. Mais l’heure, bien contre notre gré, est à la guerre. On vous conte dans ce magazine, par manque de place l’histoire de quelques héros. Mais ils ont été des centaines, des civils, des policiers, des soldats, des sauveteurs qui ont fait preuve d’une bravoure toute juive. Comment ne pas penser à ce couple que l’on retrouvera fusillé, à côté de leurs trois jeunes enfants qu’ils enlaçaient et serraient contre leurs cœurs avant de mourir. Quelques jours avant l’horreur, nous avions écrit un reportage pour ce numéro du magazine, sur les Kibboutzim, principalement du nord, qui étaient sortis allègrement du collectivisme pour plonger dans le capitalisme. Mea culpa, j’aurais du parler de ces autres kibboutzim que je connaissais bien mieux, ces kibboutzim qui viennent d’être frappés par le terrorisme absolu, ces mochavim qui avaient régénéré l’esprit sioniste et pionnier, l’esprit du Goush Katif en s’installant près de la frontière. Beaucoup m’ont dit qu’ils reviendront dans leurs maisons mais à la condition ultime que plus aucune menace ne pèsera sur leur tête, ce qui passe forcément par le démantèlement définitif, fut-il cruel, des bourreaux qui se réclament d’Allah. Le mot démantèlement est bien trop faible ; il nous faudra parler d’écrasement, de démembrement de ces frères jumeaux de Daech et d’Al Qaïda. Des voix déjà s’élèvent pour reconstruire le Goush Katif et l’élargir. ‘’Para, para’’ disent les Israéliens. Chaque chose en son temps.
Tous coupables
Tout le monde s’accorde à dire, certainement avec raison, que la destruction du Second temple il y a deux mille ans, ne fut que l’émanation putride de la discorde, de la haine et de la médisance au sein du peuple juif. Personne n’a par contre osé, tenté une explication quant à l’horreur de la Shoah, même si l’on peut supposer que si Dieu avait déserté le champ humain à ce moment-là, dans les ghettos et les camps de la mort de l’Est, pour les mêmes raisons que celles qui ont conduit, justement de la destruction du Second temple. Des historiens, des chercheurs dans 40 ans , dans 50 ans ou dans mille ans, affirmeront que le terrible carnage qui nous a fracassés en ce 7 octobre n’était en fait que le fruit avarié de nos stupides conflits et la menace à peine voilée d’un autre exil. Soyons justes, honnêtes, nous sommes tous coupables aujourd’hui. Ce qui ne m’empêchera pas de fêter Hanoukka à Shoukeida.
Non, nous ne pouvons pas et nous ne pourrons plus vivre à côté d’entités terroristes, qui mettent en suspension notre vie quotidienne.
Non, nous ne pourrons plus vivre à côté de ceux qui se sont avérés les émules d’Hitler et d’Eichmann.
La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine
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