Le président américain Joe Biden étudie la possibilité d’un accord sécuritaire entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, incluant la normalisation des relations de Riyad avec Israël, à condition que l’Etat hébreu fasse des concessions aux Palestiniens de sorte à préserver la possibilité d’une solution à deux États, a rapporté jeudi le journaliste Thomas Friedman, du New York Times.
Après des discussions ces derniers jours entre le président américain et son administration, M. Biden a envoyé Jake Sullivan, son conseiller à la sécurité nationale, et Brett McGurk, un haut responsable de la Maison Blanche chargé de la politique au Moyen-Orient, en Arabie saoudite, où ils sont arrivés jeudi matin, pour examiner la possibilité d’une telle entente.
Selon le journal, le président a donné son feu vert pour vérifier avec le prince héritier Mohammed ben Salmane d’Arabie saoudite si un tel accord est possible, et à quel prix.
Un accord sécuritaire entre les États-Unis et l’Arabie saoudite incluant la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël – tout en réduisant les relations entre l’Arabie saoudite et la Chine – serait important pour le Moyen-Orient. La paix entre Israël et l’Arabie saoudite, gardienne des deux villes les plus saintes de l’islam, La Mecque et Médine, ouvrirait la voie à la paix entre Israël et l’ensemble du monde musulman, y compris avec des pays immenses comme l’Indonésie et peut-être même le Pakistan. Ce serait un héritage important de la politique étrangère de Joe Biden, selon le quotidien américain, qui précise par ailleurs que l’éventualité d’un tel accord placerait la coalition Netanyahou, qui comprend Smotrich et Ben Gvir, face au dilemme suivant : annexer la Cisjordanie ou bien faire la paix avec l’Arabie saoudite et l’ensemble du monde musulman. Mais avant qu’un tel choix – annexion ou normalisation – ne soit présenté au gouvernement israélien, il reste encore un long chemin à parcourir.
Selon les médias, les Saoudiens demandent à Washington trois choses importantes : un traité de sécurité mutuelle au niveau de l’OTAN qui obligerait les États-Unis à défendre l’Arabie saoudite si elle est attaquée (probablement par l’Iran) ; un programme nucléaire civil, supervisé par les États-Unis ; et la possibilité d’acheter des armes américaines plus avancées, comme le système de défense antimissile balistique. Les États-Unis attendent eux des Saoudiens la fin des combats au Yémen ; un programme d’aide de grande ampleur pour les institutions palestiniennes en Cisjordanie ; et des limitations aux relations entre l’Arabie saoudite et la Chine, telle la réduction des affaires des Saoudiens avec des géants chinois de la technologie comme Huawei, dont les derniers équipements de télécommunications sont interdits aux États-Unis.
Selon certains responsables politiques américains, les dirigeants saoudiens ne s’intéressent pas particulièrement aux Palestiniens, ni ne connaissent les subtilités du processus de paix. « Il serait assez difficile pour le président Biden de vendre un tel accord au Congrès américain », a estimé le sénateur Chris Van Hollen, démocrate du Maryland au sein de la commission sénatoriale des relations étrangères. « Mais je peux vous assurer qu’il y aurait un noyau solide d’opposition démocratique à toute proposition qui n’inclut pas de dispositions significatives, clairement définies et exécutoires pour préserver l’option d’une solution à deux États, et pour répondre à la demande du président Biden concernant le fait qu’Israéliens et Palestiniens jouissent d’égales mesures de liberté et de dignité. Ces éléments sont essentiels à toute paix durable au Moyen-Orient », a-t-il conclu.
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