La Conférence des évêques catholiques de France (CEF) a publié un nouveau livre de 150 pages qui se veut un « manuel simple et pédagogique » destiné à aider à éradiquer toutes les traces restantes de l’attitude antijuive qui était autrefois prédominante chez de nombreux chrétiens.

« Si, il y a cinquante ans, quelqu’un avait dit qu’il y aurait un livre pour démanteler l’antijudaïsme chrétien, nous ne l’aurions pas cru », s’est exclamé Moché Lewin, vice-président de la Conférence des rabbins européens.

M. Lewin, qui est également rabbin de la synagogue du Raincy, dans la banlieue parisienne, était présent mardi pour le lancement du nouveau livre, Déconstruire l’antijudaïsme chrétien. Il s’est joint au Révérend Christophe Le Sourt, directeur du bureau de la CEF pour les relations avec les Juifs, lors d’une conférence de presse au Fonds Social Juif Unifié, une organisation du centre de Paris qui a été créée après la Seconde Guerre mondiale pour aider à reconstruire les communautés juives en France.

Le nouveau livre des évêques vise à aider les paroisses et les diocèses catholiques à démystifier les stéréotypes, les préjugés antisémites et les faux enseignements. Il aborde des questions telles que « Les Juifs sont-ils responsables de la mort de Jésus ? » et « Les chrétiens ont-ils pour mission de convertir les Juifs ? Ce livre de 150 pages tente de démonter une vingtaine de « mythes » qui sont à l’origine de l’hostilité des chrétiens à l’égard des juifs.

Parmi eux, deux préjugés fondamentaux. Le premier est la question du déicide commis par le peuple juif en tuant Jésus. Le second est la doctrine du « supersessionisme », selon laquelle l’Église catholique a supplanté ou remplacé les Juifs en tant que peuple choisi par Dieu. Chaque « cliché » – posé sous forme de question au début de chaque chapitre – est ensuite décomposé et examiné.

Les arguments s’appuient sur des passages de la Bible et de la Torah, ainsi que sur les travaux des comités épiscopaux et des conseils pontificaux sur les relations entre le judaïsme et le christianisme au cours des soixante dernières années.

Loin d’écrire un nouveau Nostra aetate, la déclaration de Vatican II sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, ce livre s’inscrit plutôt dans le « parcours des relations entre judaïsme et christianisme ».

Il est préfacé par Haïm Korsia, grand rabbin de France, et par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF. Ce livre fait suite à une déclaration des évêques français, début 2021, invitant « les catholiques, et tous leurs concitoyens, à lutter énergiquement contre toutes les formes d’antisémitisme politique et religieux ». Le bureau de la CEF pour les relations avec les Juifs a souhaité proposer un texte pratique pour aider les catholiques et d’autres personnes à mieux répondre à cette déclaration.

« Si la lutte contre l’antijudaïsme et l’antisémitisme passe par des actes solennels, écrit Mgr de Moulins-Beaufort, il faut aussi travailler sur le cœur et l’esprit de chacun.

Le Père Le Sourt rappelle que l’antisémitisme est différent de l’antijudaïsme, qui n’est pas un thème récurrent. Mais il n’en reste pas moins que « l’antijudaïsme a été le terreau de l’antisémitisme, et nous ne devons donc pas le laisser se développer parmi les chrétiens aujourd’hui ».

Il a précisé que ce nouveau « manuel » s’adresse au plus grand nombre et devrait figurer sur les étagères des écoles catholiques, des séminaires et des paroisses.

Source : La Croix international

 

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