Les retombées économiques de la réforme du système judiciaire lancée par le gouvernement Netanyahou mobilisent l’immense majorité des acteurs de la vie économique en Israël.
C’est dire l’ampleur des risques encourus par l’économie d’Israël si l’équilibre des pouvoirs était remis en cause au profit d’un pouvoir exécutif fort.
La réforme proposée constitue une véritable révolution qui va modifier le régime politique d’Israël en portant atteinte à l’indépendance de la justice et en affaiblissant les fondements de sa démocratie.
Ce qui explique les craintes relayées par les appels lancés par toute une série de personnalités de la vie économique : gouverneurs de la banque centrale, banquiers, économistes, juristes, investisseurs, etc.
Alors que la procédure législative ne fait que démarrer, la levée de boucliers contre la réforme judiciaire traduit une réelle inquiétude de voir la réforme se mettre en place rapidement et devenir quasiment irréversible ; lorsque le mal sera fait, il sera long et difficile de revenir en arrière.
Des risques incommensurables.
La réforme de la justice est inséparable de l’économie : lorsque le judiciaire deviendra dépendant de l’exécutif, les investisseurs ne feront plus confiance aux tribunaux, ils craindront pour les droits de propriété alors que la corruption politique s’installera.
Le secteur le plus sensible au régime politique est la haute technologie ; ce n’est pas par hasard si le high-tech se développe uniquement dans un environnement démocratique et libéral, notamment les pays d’Europe, Etats-Unis et Corée du Sud.
Les investissements dans la technologie israélienne risquent donc de se réduire, ce qui mettra au ralenti un des principaux moteurs de l’économie. L’éventuelle baisse de la note de crédit d’Israël par les agences de notation internationales rendra plus difficile de contracter des emprunts à l’étranger ; ce qui accélèrera la fuite des capitaux à la recherche de pays plus accueillants, plus stables et plus sûrs.
La fuite des cerveaux est un autre risque sérieux qui menace la « start-up nation » : si la high-tech devient moins attrayante et les conditions de vie plus difficiles, les nouveaux diplômés et jeunes inventeurs n’hésiteront plus à tenter leur chance ailleurs.
Un danger concret.
Les risques encourus par l’économie israélienne ne sont pas théoriques ; plusieurs d’entre eux se réalisent déjà, confirmant que le danger brandi par les opposants à la réforme judiciaire est bien présent et réel.
Après le retrait d’un fonds d’investissement norvégien, de nombreuses start-ups ont déclaré retirer leurs capitaux d’Israël ; Papaya Global (une licorne basée à Tel Aviv) a ouvert le mouvement et d’autres fonds de capital-risque ont suivi.
Dans le monde occidental, de nombreux gouvernements ont fait part de leur crainte face au danger d’une dérive anti-démocratique en Israël ; ce qui fait craindre aussi pour la position internationale d’Israël et sa place parmi les démocraties libérales. L’affaiblissement du shekel enregistré depuis quelques semaines est à mettre aussi sur le compte de la réforme de la justice.
L’ampleur de la mobilisation contre la réforme judiciaire (manifestations de rue, pétitions, articles de presse, grèves, etc.) indique bien le malaise que ressentent les principaux acteurs de la vie économique comme industriels, investisseurs et banquiers.
Economie et incertitude ne font pas bon ménage ; le gouvernement le plus à droite d’Israël l’apprendra à ses dépens et aux dépens de l’économie…