Protecteur de l’environnement ou non, l’étude publiée par le Dr.Tamir Klein et son équipe de l’Institut Weizmann ne pourra laisser personne indifférent face au potentiel de la faune, notamment des arbres. Pour cause, si l’interaction des arbres a déjà sa théorie, leurs moyens de communication et le partage de leurs ressources constituent une découverte.
Il est communément établi que 50% de l’oxygène terrestre est produit par les arbres qui sont sources de nutriments pour des millions d’espèces animales mais aussi pour les hommes. En revanche il semblerait qu’en cas de crise, les arbres communiquent entre eux afin de capter un maximum de ressources comme la lumière et les nutriments qu’ils partagent en période de pluie ou épargnent en période de sécheresse.
UNE COMMUNICATION PAR MESSAGES CHIMIQUES
De la même manière, les molécules de carbone formées par les canopées (voûtes) des épicéas, se transmettraient d’arbre en arbre par le sol, en quantité importante vers d’autres espèces comme les hêtres, les mélèzes ou les sapins. Ce transport souterrain s’effectue par des champignons appelés “mycorrhizal mycelium”, vivant autour des racines et transportent les hydrates de carbone, nutriments et eau. De plus, les arbres âgés participeraient au partage de leurs ressources avec les plus jeunes afin de développer leur croissance.
Pour le Dr Klein, la gestion des ressources est un processus qui n’est plus à prouver. Grâce à une technologie d’imagerie par résonance magnétique et une caméra thermique, il a pu observer la conductivité hydraulique et le rythme de croissance des circuits de transport communicant d’arbre en arbre. Ce système fonctionne à la manière d’un réseau fongique dit aussi Wood Wide Web et s’active de manière intensive en période de sécheresse.
“Les arbres voisins interagissent les uns avec les autres de manière complexe. Bien sûr il y a une forte compétition entre eux, mais ils forment aussi des communautés, sorte de “confréries”, dans laquelle chaque arbre partage ses précieuses ressources.
Pour cause, les arbres appartenant à une “confrérie” vivent habituellement mieux que ceux qui n’en font pas partie.” déclare Klein.
De ce fait, l’écosystème pourrait avoir son importance afin de savoir quel arbre planter ensemble et quelles espèces ne devraient pas cohabiter. “Nos études ont relevé d’importants phénomènes pour la foresterie et l’agriculture. Nous avons élaboré certains mécanismes de croissance et de résistance à la sécheresse sur différentes espèces d’arbres.”
En période d’intense sécheresse, l’équipe a par exemple observé un phénomène d’embellie, des bulles d’air fines, formée dans l’écorce de l’arbre. A l’image d’un caillot de sang bloqué dans le vaisseau humain et source de crise cardiaque, l’arbre peut mourir par choc chimique. L’équipe de l’Institut Weizmann a alors tenté d’injecter des fluides dans les branches, à différentes pressions, afin d’évaluer l’impact du CO2 dans le processus de rétablissement mais aussi de vie des arbres.
UN PHÉNOMÈNE D’ADAPTATION ÉTONNANT
En Israël, la surface du pays compte seulement 5% de conifères. Dans un climat chaud comme celui-ci, il est intéressant d’étudier l’adaptation des arbres pour survivre à la sécheresse et au stress et ainsi développer d’autres variétés d’arbres comme le citronnier, l’amandier, l’olivier qui nécessitent peu d’eau.
Véritable être vivant, en période de “stress” ou de danger, les arbres modifient leur émission de gaz, jusqu’à doubler leur quantité en 50 heures après une agression. Cela se traduit par une sève à la composition différente, qui modifie ainsi la composition chimique des feuilles les rendant hostiles à leur congénères. Grâce au vent, le gaz entre en contact avec les autres arbres qui modifient également leur teneur en tanin et deviennent toxiques à la consommation. Cette réaction s’active en réponse à une menace éventuelle.
UNE PERSPECTIVE ÉCOLOGIQUE
Volontairement, l’équipe a doublé la concentration de CO2 injectée dans les arbres, pour imiter les conditions atmosphériques dues à la pollution. “Augmenter la concentration de CO2 n’aide pas les arbres à grandir plus vite – contrairement à l’attente des industries – mais étonnamment, les recherches récentes supposent qu’elle rendrait les arbres plus résistants au stress indu par la sécheresse. Cela ne signifie pas qu’il faut soutenir l’émission de CO2 ni de pollution, mais plutôt qu’il faut approfondir notre compréhension de ses effets sur les arbres en général et sur les cultures plus particulièrement.”
A terme, la jeune équipe souhaiterait prévenir les changements climatiques comme le réchauffement climatique ou l’augmentation des gaz à effet de serre en fonction de l’adaptation qu’opéreront les arbres pour survivre.
Par Lisa Dahan.
Source: siliconwadi.fr