Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a démis le chef du Shas Arieh Deri de ses fonctions ministérielles dimanche après-midi, après que la Cour suprême a invalidé mercredi sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé estimant qu’elle était « déraisonnable à l’extrême ». « C’est avec un coeur lourd et beaucoup de peine (…) que nous sommes contraints de vous relever de votre poste au gouvernement », a dit M. Netanyahou à la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem en présence de M. Deri.
« J’ai décidé de vous nommer vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Santé avec l’approbation de la majorité des membres de la Knesset parce que je vois en vous une personne dont l’expérience, l’intelligence et les responsabilités sont importantes pour l’État d’Israël », a-t-il ajouté.
Le gouvernement va nommer un remplaçant parmi les ministres du Shas pour occuper les postes de Deri pour une période de trois mois. La Cour suprême a estimé que les récentes condamnations pénales de Deri ne lui permettaient pas de servir comme ministre. Il avait également affirmé à la justice qu’il se retirerait de la vie politique afin de bénéficier d’une peine plus clémente.
La coalition cherche cependant une solution pour permettre à Arieh Déri de rester un membre à part entière du gouvernement ou d’y revenir bientôt. Il pourrait dans un premier temps se voir attribuer un statut d' »observateur » au sein du cabinet. Le gouvernement envisage également la possibilité de promulguer un amendement à la Loi fondamentale afin que la Cour ne puisse pas interférer dans les nominations ministérielles.
REVUE DE PRESSE. LE MONDE ET AFP. « En Israël, un ministre de premier plan démis de ses fonctions après une décision de justice. La Cour suprême a invalidé mercredi la nomination du ministre de l’intérieur et de la santé, Arié Déri, reconnu coupable de fraude fiscale.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a démis de ses fonctions, dimanche 22 janvier, le ministre de l’intérieur et de la santé et numéro deux du gouvernement, Arié Déri, à la suite d’une décision de justice. Mercredi, la Cour suprême avait invalidé la nomination de M. Déri, reconnu coupable de fraude fiscale en 2021.
« C’est avec un cœur lourd et beaucoup de peine (…) que nous sommes contraints de vous relever de votre poste au gouvernement », a dit M. Nétanyahou à la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem en présence de M. Déri. Le premier ministre a ajouté que le jugement de la Cour suprême « ignore la volonté du peuple » et que lui s’efforcera de trouver tout moyen légal pour que M. Déri puisse « contribuer au service de l’Etat d’Israël ».
Chef de file du parti ultraorthodoxe Shass, M. Déri a été ministre de l’intérieur et de la santé dans le cadre d’un accord de coalition complexe conclu en décembre 2022 à la suite des élections législatives israéliennes du 1er novembre.
Mis en examen pour corruption.
La Cour suprême, la plus haute instance juridique du pays, a annoncé dans un communiqué mercredi 18 janvier avoir décidé à une majorité de dix juges sur onze « que la nomination du député Arié Déri au poste de ministre de l’intérieur et de la santé ne peut pas être validée ». « Le premier ministre doit le limoger », a-t-elle ajouté en rappelant que M. Déri avait annoncé début 2022 qu’il se retirait de la vie politique après sa condamnation pour fraude fiscale. Cette mise en retrait était même une condition fixée par la justice pour lui éviter la prison.
M. Déri s’était toutefois présenté aux élections législatives de novembre (il a été élu), puis avait été nommé au gouvernement mis sur pied fin décembre par M. Nétanyahou, avec ses alliés ultraorthodoxes et d’extrême droite.
Fin décembre 2022, les députés ont voté à la va-vite un texte, baptisé « loi Déri » par la presse, autorisant une personne reconnue coupable d’un crime, mais pas condamnée à une peine de prison ferme, à obtenir un portefeuille ministériel. L’objectif de ce texte étant de permettre à M. Déri de siéger au sein du nouvel exécutif.
Dans leurs attendus, les juges de la Cour suprême ont critiqué la « loi Déri », sans pour autant l’invalider, et ont estimé que la nomination de M. Déri au gouvernement était « en grave contradiction avec les principes fondamentaux de l’Etat de droit ».
Le parti ultraorthodoxe sépharade Shass est la deuxième formation de la coalition gouvernementale. Figure tutélaire de Shass, parti habitué à faire et défaire les coalitions depuis les années 1980, M. Déri a été ministre dans de nombreux gouvernements.
En 1993, la Cour suprême avait déjà exigé qu’il soit limogé alors qu’il était ministre de l’intérieur, après avoir été mis en examen pour corruption. En 2000, il avait été condamné à trois ans de prison et libéré après avoir purgé les deux tiers de sa peine ».