JOUR D’ANNIVERSAIRE. YIGAL AMIR. L’assassinat d’Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, a eu lieu le , à 21 h 30, à la fin d’une manifestation pour la paix en soutien aux accords d’Oslo sur la place des Rois d’Israël (en), à Tel-Aviv. L’assassin est un terroriste ultra-nationaliste israélien nommé Yigal Amir, fermement opposé à l’initiative de paix d’Yitzhak Rabin et particulièrement à la signature des accords d’Oslo.
L’assassinat du Premier ministre d’Israël et ministre de la Défense Yitzhak Rabin constitue le point culminant du désaccord de la droite israélienne concernant les accords d’Oslo. Malgré ses états de service dans l’Armée de défense d’Israël, Rabin était la cible d’attaques personnelles de la part des conservateurs de l’aile droite et des leaders du Likoud, qui percevaient les accords d’Oslo comme un renoncement aux territoires occupés.
Les conservateurs religieux et les leaders du Likoud étaient convaincus que le retrait de la moindre terre « juive » serait une hérésie. Les manifestations, organisées en partie par le Likoud, ont adopté un ton extrêmement violent. Le leader du Likoud et futur Premier ministre Benyamin Netanyahou accusa le gouvernement d’être « déconnecté de la tradition juive et des valeurs juives ». Netanyahou s’adressa aux contestataires d’Oslo au cours de manifestations où étaient agitées des pancartes et affiches représentant Rabin dans un uniforme nazi SS ou dans le viseur d’un sniper. Rabin accusa alors Netanyahou de provoquer la violence, ce que ce dernier nia énergiquement.
L’assassin est Yigal Amir, un ancien étudiant de l’université Bar-Ilan et militant d’extrême-droite. Amir s’est opposé énergiquement à l’initiative de paix de Rabin, en particulier la signature des accords d’Oslo, parce qu’il considérait que le retrait de Cisjordanie retirerait aux Juifs « l’héritage biblique qu’ils ont récupéré par l’établissement des colonies ». Amir s’était convaincu que Rabin était un « rodef », qui désigne dans la loi traditionnelle juive une personne qui met en danger la vie des Juifs. Il espérait lui-même, par son acte, être reconnu en tant que « din rodef », par le fait de supprimer Rabin comme menace pour les juifs des territoires occupés.
D’après le rabbin Arthur Waskow, l’interprétation d’Amir de la notion de « din rodef » est une grosse distorsion de la loi traditionnelle juive. Yigal Amir était sous surveillance des services de sécurité intérieure d’Israël (Shin Bet), mais les agents chargés de sa surveillance avaient conclu qu’il ne représentait pas une menace pour la vie du Premier ministre.
ISRAELVALLEY SPECIAL. FIN DECEMBRE 2021. De Daniel Rouach. Chronique « en direct » de l’Hôpital Ichilov. Depuis une dizaine de jours je « traine » dans les couloirs de Ichilov. (Chronique Numéro 1).
Un infirmier me transporte de salles d’examens en salle d’hospitalisation. En Israël, rien ne se passe comme partout ailleurs. Une familiarité permanente existe entre les israéliens. On a vraiment l’impression de se trouver « en famille ». Il suffit de parler l’hébreu. Hier un des malades (il a l’air d’être en phase terminale!) m’a suggéré de prendre moins de café et de… manger un peu moins de pomme de terre. Il ne me connait pas du tout, mais donner des conseils c’est une grande spécialité des israéliens.
Alors que je suis allongé sur un lit roulant (une couverture dissimule mon corps et visage) qui traverse en silence et lentement les longues allées de l’Hôpital, l’infirmier du nom de Dima (son tag est très visible), avec un accent Russe à couper au couteau, parle sans cesse derrière ma tête. Il porte un masque anti-Covid de marque SONOVIA (le meilleur au monde!) qui me rassure. Il doit avoir au moins 70 ans (sa très faible retraite ne lui permet probablement pas de quitter son job). Ce qui doit expliquer une certaine lenteur de mouvement.
Ceux qui me connaissent savent que je suis un « questionneur ambulant ». A un moment je lui demande depuis combien d’années il est là à transporter les malades? Question banale. Réponse incroyable. Dima (qui boîte un peu) me raconte la nuit d’horreur qui a eu lieu à Ichilov. Le soir où Rabin est mort.
Selon Wikipédia : « Le , Yitzhak Rabin, âgé de 73 ans, est touché par deux balles tirées à bout portant dans son dos. Ce meurtre intervient après qu’il a prononcé un discours lors d’une manifestation pour la paix sur la place des rois d’Israël, à Tel Aviv, aujourd’hui rebaptisée place Yitzhak Rabin.
Mortellement blessé, Yitzhak Rabin meurt sur la table d’opération de l’hôpital Ichilov de Tel Aviv quelques heures plus tard. Son assassin est Yigal Amir, juif extrémiste religieux, étudiant en droit et opposé aux accords d’Oslo, conclus en 1993 avec les Palestiniens. La date de cet assassinat est commémorée sur la place où il fut tué et qui porte désormais son nom, tout comme un grand nombre de rues et d’associations israéliennes ».
Dima me raconte en détail les cris et larmes de cette nuit historique. « Toutes les Autorités du pays étaient là, le visage en larmes ». Le Chirurgien qui a tenté de sauver Rabin et a annoncé la mort du Premier Ministre a parlé très récemment : « J’ai vu des gens – des chirurgiens, des anesthésistes, des gens des soins intensifs – s’effondrer par terre. Je n’ai jamais rien vu de tel. Des gens étendus sur le sol ; certains pleuraient à chaudes larmes. C’était un spectacle rare – je ne l’avais jamais vu avant, ni depuis », a-t-il souligné.
Lorsque Dima m’a laissé dans ma chambre bien plus tard, j’ai eu un sentiment de grande tristesse. Dima a été traumatisé comme des millions d’israéliens. La mort de Rabin a été une tragédie.
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LE PLUS. Times : « Le chirurgien qui a tenté de sauver Yitzhak Rabin lorsqu’il a été abattu lors d’un rassemblement pour la paix à Tel-Aviv en 1995, a parlé pour la première fois des événements de cette soirée, racontant les tentatives désespérées de réanimer le Premier ministre, le faible espoir qu’il survivrait et le moment dévastateur où il a dû déclarer sa mort ».
J’étais alors en train de lire des documents médicaux. Je n’oublierai jamais l’appel téléphonique. Vers 22h02, mon adjoint, le Dr Motti Gutman, a téléphoné. Il a dit que nous [allions] soigner Rabin, il est gravement blessé, peut-être mort….Il a été blessé par balle », s’est remémoré le chirurgien.
Il s’est ensuite précipité à l’hôpital puis dans la salle d’opération, qui était remplie d’environ trois fois le nombre normal de personnes.
« On a tenté désespérément de le réanimer. Les moniteurs montraient des ondes qui semblaient indiquer que son cœur fonctionnait, mais c’était parce que sa poitrine était ouverte et qu’on lui massait le cœur », a-t-il décrit.
« Pendant quelques minutes, l’écran montrait des signes de vie. Le cœur battait réellement et produisait même une certaine pression sanguine. Il y a eu quelques minutes comme ça qui ont donné un faible sentiment d’espoir… mais c’était artificiel, c’était simplement lié à nos efforts intenses pour le réanimer », s’est souvenu le chirurgien.
« Il était clair à ce stade qu’il n’y avait vraiment aucune chance de le sauver, mais nous avons continué à essayer. Il n’y avait aucune volonté d’abandonner. Personne de ceux qui avaient compris n’a eu le courage de déclarer [qu’il était mort] », a-t-il poursuivi.
Il a confié qu’à 23h07, un peu plus d’une heure après avoir reçu ce premier appel téléphonique, il n’avait pas d’autre choix que de déclarer la mort du Premier ministre.
« J’ai dû me lever et dire à tout le monde que j’étais vraiment désolé, mais que nous devions annoncer sa mort. Parce que nous avions épuisé tous nos efforts. Je les ai remerciés. C’était un moment terrible. Un moment terrible. Je ne l’oublierai jamais », a-t-il décrit, ému.