Le professeur Manuel Trajtenberg, directeur de l’Institut d’études sur la sécurité nationale basé à Tel-Aviv, s’inquiète de la densité de population en Israël et soutient une politique de réduction du taux de natalité.
« Je vois un avenir plus noir que noir pour le pays », s’est alarmé l’économiste.
Selon les données du Bureau central des statistiques, fin 2020, près de 9,3 millions de personnes vivaient en Israël, et ce nombre a augmenté à un taux de près de 2 % par an. L’Etat hébreu est le troisième pays le plus densément peuplé des pays de l’OCDE, après les Pays-Bas et la Corée du Sud. D’après les prévisions, Israël comptera environ 18 millions d’habitants en 2050.
Manuel Trajtenberg est formel, la tradition israélienne qui considère les enfants comme une bénédiction doit changer. « Le phénomène du grand nombre d’enfants est le résultat de la Shoah, de l’angoisse existentielle des débuts de l’État, du petit nombre contre le grand nombre, etc. Mais le concept selon lequel si vous avez beaucoup d’enfants, vous contribuez au développement du pays – ce qui était vrai il y a 60 ans – n’est absolument plus vrai aujourd’hui. Pire, le fait d’avoir beaucoup d’enfants menace la société israélienne. »
« Ces choses-là ne sont donc pas faciles à dire ni à faire accepter car elles vont à l’encontre de certains fondements de l’Etat. Mais je le dis aussi à mes enfants, même si c’est très impopulaire : l’acte patriotique aujourd’hui c’est d’avoir deux enfants et pas plus », martèle l’économiste.
Manuel Trajtenberg vise ainsi à convaincre les institutions de l’État de mettre fin aux allocations familiales, aux réductions d’impôt foncier pour les familles nombreuses et à d’autres avantages qui incitent les familles israéliennes à avoir des enfants. « Le fait que l’État d’Israël continue à fournir un soutien financier en fonction du nombre d’enfants dans le foyer est une folie. C’est comme si l’achat de voitures particulières était subventionné, malgré les embouteillages », a-t-il encore dit.