Une chaîne de télévision israélienne a rapporté qu’un nombre inhabituel de jets privés en provenance de Russie se seraient posés en Israël depuis l’invasion de l’Ukraine : 14 ces dix derniers jours. Parmi ces appareils, celui de… Roman Abramovitch, qui est détenteur d’un passeport israélien.
Ces arrivées provoquent de vives critiques sur les réseaux sociaux. Depuis, Israël hausse le ton. Lors d’une visite en Slovaquie le ministre israélien des Affaires Etrangères Yaïr Lapid s’est engagé à ne pas permettre à Moscou et à ses oligarques de « contourner » les sanctions imposées par les Etats-Unis et certains pays Occidentaux.
Un comité spécial pour baliser la réponse israélienne aux sanctions a été mis sur pied début mars mais impossible de savoir si des recommandations ont été faites. Certaines institutions ont alors pris les devants : Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem a décidé de couper tout lien économique avec des oligarques russes, dont Roman Abramovitch, qui sont pourtant leurs principaux donateurs.
Israël devra-t-elle choisir un camp ?
Allié de longue date des États Unis, entretenant des relations amicales avec l’Ukraine, l’État hébreu est dans l’embarras puisque le pays cherche aussi à ménager la Russie pour plusieurs raisons : intérêts communs au Moyen-Orient, notamment en Syrie ; près d’un million de citoyens israéliens sont originaires de l’ex-URSS et Israël a besoin de la bienveillance de Vladimir Poutine dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien. Le pays évite de se joindre aux sanctions occidentales contre les oligarques russes.
Le pays cherche donc à trouver un équilibre délicat et s’efforce à jouer l’entremetteur. De nombreux efforts de médiations ont été entamés par le Premier ministre israélien. Lundi, Naftali Bennett s’est une nouvelle fois entretenu avec le président russe Vladimir Poutine. Après cet échange téléphonique de plusieurs heures, il a dialogué ce même jour avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Toutefois, cet exercice d’équilibriste est difficile. L’administration Biden ne cesse de rappeler Israël à l’ordre. Dans l’entourage de Volodymyr Zelensky, la colère montre contre Israël, que les Ukrainiens estiment « pro-russe ». Car l’État hébreu a refusé toute aide militaire à l’Ukraine, y compris des cyber-armes telles que le logiciel espion Pegasus. Seule une centaine de tonnes de matériel médical a été envoyée. Par ailleurs, les chaînes de télévision russes, interdites en Europe, continuent d’être diffusées en Israël, et la compagnie aérienne El Al poursuit ses vols vers Moscou.
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