Israël, une année de changement politique.

Il y a un an, les Israéliens faisaient la queue pour leur premier vaccin anti-Covid et se préparaient à retourner aux urnes. Depuis, la campagne vaccinale a suivi son cours, sans toutefois déployer le bouclier sanitaire espéré, mais le pays a tout de même réussi à maintenir un des taux de mortalité les plus faibles du monde face au virus. Cette mobilisation rapide contre l’épidémie aurait dû assurer à Benyamin Netanyahou une victoire électorale, mais les législatives du 23 mars en ont décidé autrement. Ce quatrième scrutin en l’espace de deux ans a fini par user les patiences et son résultat frustrant semblait présager une cinquième élection au bout de quelques mois.

Et pourtant, l’issue redoutée par les uns et espérée par les autres, ne s’est pas réalisée. Benyamin Netanyahou, bien qu’arrivé en tête du scrutin, a dû jeter l’éponge au soir du 5 mai, quand le délai qui lui était imparti pour former le gouvernement a expiré. Le magicien de la politique israélienne, sorti de bien d’autres crises politiques, a dû concéder sa défaite. Alors que la droite était largement majoritaire dans les urnes, le chef du Likoud n’a pas réussi à réunir une coalition, ne parvenant à conserver que les deux partis orthodoxes et le parti Sionisme Religieux, qui ne suffisaient pas à lui donner les 61 voix nécessaires pour garantir une majorité parlementaire. Face à lui, le parti Yamina de Naftali Bennett et le parti Nouvel Espoir, créé par le transfuge du Likoud Gideon Saar, ont refusé de faire alliance. Même fin de non-recevoir de la part du parti centriste de Benny Gantz, qui ne pardonnait pas à Netanyahou d’avoir fait capoter leur gouvernement de rotation précédent. Sans compter le parti Israël Beitenou d’Avigdor Liberman, déterminé à mettre un terme à l’ère Netanyahou.

Face à lui, un bloc improbable se mettait en place, celui de partis de droite et de gauche, dont le premier et principal dénominateur commun était celui du « tout sauf Bibi ». C’est Yaïr Lapid, le leader du parti centriste laïc Yesh Atid, qui reprenait la main et parvenait finalement à boucler une coalition. Avec un coup décisif, l’offre faite au chef du parti Yamina, Naftali Bennett, pourtant doté de seulement sept députés, d’assurer la première rotation à la tête du gouvernement. Et une autre manœuvre inédite qui s’est révélée payante, celle d’inclure pour la première fois un parti arabe dans une coalition parlementaire. Il faut dire que Mansour Abbas, qui avait pris la direction du parti islamiste Ra’am, était prêt à sauter le pas, puisqu’il avait déjà envoyé des signaux en ce sens vers le patron du Likoud, avant même le scrutin du mois de mars.

Et le 13 juin, l’impensable se produisait. La coalition Bennett-Lapid, formée par trois partis de droite, deux partis centristes, deux partis de gauche et un parti arabe, obtenait la confiance de la Knesset, mettant fin à presque douze ans de présence ininterrompue de Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement israélien.

Depuis, la coalition navigue tant bien que mal entre les écueils intérieurs et extérieurs. Sa principale réussite jusqu’à présent, a été de doter l’Etat d’un budget jusqu’à la fin 2022, après trois années de paralysie. Les Israéliens eux, ne se sont pas encore tout à fait réhabitués à l’idée de stabilité politique. A l’image de la crise sanitaire, ils préfèrent affronter une vague après l’autre.

Pascale Zonszain

Radio J.

Partager :