Le site de l’aéroport d’Atarot, situé à proximité du camp de réfugiés palestiniens de Qalandiya, est plus proche de Ramallah, le siège de l’Autorité Palestinienne, que du centre de Jérusalem. À portée des tirs palestiniens, il a fermé au début des combats de la deuxième Intifada pour ne plus rouvrir. La municipalité souhaiterait aujourd’hui le transformer, avec le soutien de ministres de droite, en quartier destiné à la communauté ultraorthodoxe, dont la population ne cesse de croître. Ce projet est rejeté par les États-Unis ett vient d’être gelé pour un an.
Les représentants de la gauche au sein du gouvernement de coalition de Naftali Bennett, suggèrent eux un retour du lieu à sa vocation originelle puisque Israël est sans doute le seul pays au monde à ne pas être doté d’un aéroport dans ce qu’il considère être sa capitale. « Nous pourrions bâtir une plateforme aérienne qui desservirait la zone métropolitaine de Jérusalem, y compris les 3 millions de Palestiniens qui ne peuvent pas se rendre à l’étranger, sauf via la Jordanie » , avance Issawi Frej. L’idée d’un parc inspiré de l’exemple de l’ancien aéroport berlinois de Tempelhof, reconverti en vaste espace de détente urbaine, fait également son chemin dans les médias. Elle émane d’Eldad Brin, un guide touristique israélien, gardien de la mémoire de l’aéroport. « Le terminal et la piste pourraient être au centre d’un lieu unique en Israël. Ce serait une façon de commémorer la participation de l’aérodrome à l’histoire de la ville » , propose-t-il.
Les installations datent du début du mandat britannique, au lendemain de la Première Guerre mondiale avant d’être occupées par la Légion arabe de Transjordanie, quand elles ont occupeéJérusalem-Est et l’aéroport connaît son âge d’or avant d’être récupéré par Israël en 1967 et l’aérodrome est rebaptisé « Atarot » , du nom d’une ancienne communauté sioniste paysanne des environs.
Lors de l’annexion de Jérusalem-Est, il est inclus dans le périmètre municipal. Une solution préférable, aux yeux des autorités israéliennes, à un statut d’occupation militaire qui n’aurait pas permis de tamponner les passeports des visiteurs étrangers. La précaution est inutile. La communauté internationale le considère comme un territoire occupé et le boycotte. Le hall de départ n’est plus fréquenté que par des vacanciers israéliens en partance pour la station balnéaire d’Eilat. Le soulèvement palestinien lui donne le coup de grâce et le plonge dans un silence définitif.
Annoncé en novembre, le projet de construction de 9 000 nouveaux logements s’inscrit dans une stratégie globale d’expansion israélienne de Jérusalem-Est. Il s’accompagne, par exemple, de la construction de 3 400 logements sur une colline aride appelée E1, qui diviserait les parties nord et sud de la Cisjordanie, et de l’expropriation de terres palestiniennes dans la partie occidentale de la ville. Début décembre, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exhorté au cours d’un appel téléphonique le premier ministre Naftali Bennett à s’abstenir de toute mesure unilatérale, en rappelant que « l’avancée des activités de colonisation » saperait la perspective d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien. À défaut d’être jeté aux oubliettes, le programme de logements d’Atarot a finalement été repoussé pour laisser le temps à une commission d’évaluer son impact environnemental, un sujet qui soudain préoccupe ses initiateurs. De quoi éviter une crise diplomatique… jusqu’au prochain épisode du feuilleton.
Source : Le Figaro (résumé)