Le géant américain Microsoft a suspendu certains services fournis à l’armée israélienne, affirmant que Tsahal violait les conditions d’utilisation de son logiciel de cloud computing pour espionner des millions de Palestiniens.

Dans un message publié le 25 septembre sur un blog de l’entreprise, le président de Microsoft, Brad Smith, a affirmé que la société avait “suspendu et désactivé un ensemble de services” profitant à une unité du ministère de la Défense israélien.

Cette annonce fait suite à une pression croissante sur Microsoft ainsi qu’à une enquête menée en août par le journal britannique The Guardian en collaboration avec deux médias israéliens de gauche, le webzine + 972 et le site Sikha Mekomit [Local Call, en anglais], à laquelle le président de Microsoft fait d’ailleurs référence dans sa missive.

Selon l’enquête, l’unité 8200 de l’armée israélienne utilise la plateforme Azure de Microsoft pour stocker des données issues de communications téléphoniques obtenues par une surveillance de masse en Cisjordanie et à Gaza.

Brad Smith n’a pas précisé le nom de l’unité concernée par la suspension mais a confirmé que certains abonnements du ministère de la Défense israélien, notamment ceux relatifs aux technologies de stockage cloud et d’intelligence artificielle, avaient été résiliés.

Un système surexploité depuis la guerre à Gaza

En février, l’agence américaine Associated Press avait déjà révélé que l’utilisation des services de Microsoft par l’armée israélienne avait fortement augmenté après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza, rappelle Al-Jazeera.

L’unité 8200 est l’unité de cyberdéfense d’élite de l’armée israélienne, chargée notamment du renseignement électronique et de la surveillance. L’accord avec Microsoft, passé en 2022, lui a permis d’exploiter la capacité de stockage et de calcul quasi illimitée d’Azure pour collecter, écouter et analyser les communications téléphoniques de millions de Palestiniens.

D’après le quotidien britannique, “11 500 téraoctets de données militaires israéliennes – soit l’équivalent d’environ 200 millions d’heures d’enregistrements audio – étaient conservés sur les serveurs Azure de Microsoft aux Pays-Bas, tandis qu’une plus petite part était stockée en Irlande.”

Plus préoccupant encore : des sources de cette unité, interviewées dans le cadre de l’enquête, ont confié que ce système avait permis à Israël de mener des frappes aériennes meurtrières et d’aguiller les opérations militaires dans les Territoires palestiniens occupés.