État palestinien : « au lieu de s’isoler, Israël peut transformer cela en victoire », estime Frédéric Journès
Selon l’ambassadeur de France en Israël, la reconnaissance d’un État palestinien entraînerait mécaniquement une reconnaissance d’Israël par d’autres pays


Dans une interview accordée à la radio israélienne Kan Reshet Bet, Frédéric Journès, ambassadeur de France en Israël, a défendu jeudi matin la décision du président Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien. Il a notamment estimé qu’Israël pourrait transformer cette situation en « victoire » plutôt que de s’isoler diplomatiquement.
Une stratégie de normalisation régionale
Selon le diplomate français, cette reconnaissance s’inscrit dans une vision à long terme élaborée avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. « Cette déclaration constituera d’abord une base pour la normalisation des pays arabes avec Israël, et après la guerre, Gaza ne sera plus sous contrôle du Hamas », a-t-il expliqué.
L’ambassadeur estime que la reconnaissance d’un État palestinien entraînerait mécaniquement une reconnaissance d’Israël par d’autres pays. « Maintenant que l’Iran est en déclin, d’autres États verront en Israël une puissance régionale. Nous voulons tous retrouver cette relation fantastique que nous avions avec la nation des start-ups il y a trois ans », a-t-il déclaré.
Une guerre qui pourrait durer vingt ans
Journès met en garde contre une prolongation du conflit : « Cette guerre pourrait durer vingt ans. Israël peut transformer cette situation en victoire. » Il souligne qu’une action militaire seule ne suffira pas à éradiquer Hamas. « Le problème à Gaza, ce sont les ‘petits combattants’ qui recrutent continuellement de jeunes militants. S’en débarrasser n’est pas un travail militaire, mais un travail de police par des autorités locales fiables. »
Le diplomate prône l’établissement d’autorités locales crédibles qui s’occuperaient de la criminalité et offriraient une vie normale aux habitants, plutôt qu’une approche purement militaire face à cette guérilla.
Appel à une solution négociée
L’ambassadeur français doute que la poursuite des sacrifices militaires israéliens apporte plus de sécurité, craignant plutôt un isolement accru. Il préconise un cessez-le-feu menant à la libération des otages, suivi de la création d’une force de sécurité internationale, nécessitant selon lui une intervention américaine pour convaincre Netanyahou.
Concernant les rumeurs de fermeture du consulat français à Jérusalem en représailles, Journès a averti qu’une telle mesure provoquerait une « réaction ferme » de Paris. Il a conclu en soulignant que la France n’était « pas l’ennemi » mais proposait des solutions de paix, avertissant que l’isolement actuel d’Israël risquait de s’accentuer.