RADIO J. Chronique de Daniel Rouach tous les lundi à 7h05 en direct dans l’émission d’Ilana Ferhadian.
Bonjour Ilana,
Nous allons traiter deux sujets: le premier est l’histoire d’une startup israélienne qui entre au Nasdaq. Le deuxième est l’histoire d’un scientifique franco-israélien, Victor Malka, qui obtiendra probablement le Prix Nobel. Il a son laboratoire à l’Institut Weizman.
SUJET N°1. WALL STREET.
Fondée en Israël, eToro entre au Nasdaq avec une valeur de 4,3 Milliards de $. La société de trading en ligne, qui permet à des particuliers d’acheter et de vendre actions, matières premières et crypto-actifs, souhaite lever 620 millions de dollars.
Il s’agit de la plus importante introduction en bourse (IPO) israélienne à Wall Street depuis que la société de technologie de conduite autonome Mobileye, dont le siège se trouve à Jérusalem, est entrée en bourse au Nasdaq en 2022. Ce devrait être l’une des plus importantes nouvelles cotations de cette année.
Après des années désespérément calmes, le marché s’attend à une reprise des introductions en bourse en 2025, grâce à un important réservoir d’entreprises à forte croissance, dont des entreprises technologiques israéliennes.
SUJET N°2. L’INSTITUT WEIZMANN.
Comment Israël attire t-il des scientifiques de haut vol? Le cas du Professeur Victor Malka, surnommé « le maestro des rayons lasers ».
Ce dimanche 25 Mai 2025, je me suis rendu au laboratoire du Professeur Malka à Rehovot que j’avais déjà visité il y a deux ans avec la Chambre de Commerce France-Israël. Je voulais être certain que le laboratoire fonctionne.
HISTOIRE. Victor Malka est né en 1960 à Casablanca (Maroc), dans une « famille juive séfarade traditionaliste de huit enfants ». De 2003 à 2015, il a été professeur à Polytechnique. Il enseigne depuis au Weizmann.
L’institut Weizmann a offert à Victor Malka – qui avait déjà été invité à rejoindre des universités américaine, coréenne, allemande – une enveloppe globale de 20 millions d’euros, hors travaux d’infrastructure. « Cela me permet de réaliser avec sérénité un travail sur le long terme. Et j’ai carte blanche. Il y a en Israël une énergie, une volonté d’aller de l’avant. Je me sens aussi proche de la culture juive par l’importance qu’elle donne au débat, à l’étude ».
Le Professeur Malka a fait venir de France 26 conteneurs abritant un super-laser usiné par la société Thales Optronique, à Elancourt (Yvelines), elles avaient été acheminées par avion depuis Roissy, pour être montées et installées à l’Institut Weizmann de Rehovot.
Victor Malka a rejoint à temps plein l’Institut israélien il y a six ans, qui figure parmi les meilleures universités au monde du classement de Shanghaï. Il a quitté le Laboratoire d’optique appliquée (LOA), une unité mixte entre l’Ecole polytechnique, le CNRS et l’ENSTA, à Palaiseau (Essonne).
Question posée dans le petit monde de la physique en France lors de son départ : comment la France pouvait-elle « perdre » ce virtuose des lasers ?
« Je suis tombé amoureux de ce campus. Ici, chaque arbre a son numéro et son histoire », confie-t-il.
« Victor Malka est un chercheur d’exception selon l’ex-Président de l’Ecole polytechnique. Il incarne le scientifique que nous cherchons à accueillir à l’X : à la fois très libre dans le choix de ses sujets de recherche, très en pointe au plan théorique et très préoccupé de développer des applications utiles. »
« Si le Nobel est attribué un jour à ces travaux, je vois trois lauréats incontournables, dont Victor Malka selon l’ex-directeur du Centre lasers intenses et applications au CEA-CNRS.
Victor Malka utilise une technologie de rupture. Avant son arrivée en Israël, son équipe avait déjà publié 385 articles dans les meilleures revues.
Pourquoi cette décision de rejoindre Israël ? C’est qu’une guerre des étoiles fait désormais rage pour la quête du faisceau de rêve. A grands coups de lasers et de dizaines de millions de dollars. « En Allemagne, en Chine, au Japon, des équipes ont obtenu, sur la base de résultats très inférieurs à ceux de Victor Malka, des financements astronomiques. »
« Il faut accepter que les chercheurs soient mobiles, au bénéfice de la science, avait déclaré Jacques Biot, l’ex Président de Polytechnique. Le départ de Victor Malka est évidemment triste. Mais son projet est une énorme opportunité de renforcer nos liens avec l’Institut Weizmann. Et Victor Malka sera un excellent ambassadeur de Polytechnique et du CNRS. » « Je pars, mais je crée quelque chose avec la France »,confirme Victor Malka.
Ce « quelque chose », c’est un projet de laboratoire franco-allemand-israélien.