Le plus proche des positions de François, le plus consensuel, le plus savant… Alors que les cardinaux du monde entier se réunissent à partir de mercredi 7 mai pour élire le successeur du pape François, des observateurs et bookmakers ont déjà dressé la liste des « papabili », ces favoris pour occuper le poste. Au total, 133 cardinaux électeurs participeront au conclave, qui se déroulera dans le huis clos de la chapelle Sixtine, au Vatican, pour désigner le 267e souverain pontife.

L’élection d’un nouveau pape est un processus complexe et particulièrement imprévisible, et même si une dizaine de noms se dégagent à la veille de l’ouverture du conclave, il est tout à fait possible que le successeur de François ne soit pas cité dans notre article.

Pietro Parolin (Italien, 70 ans) : le numéro 2 du Vatican

Secrétaire d’Etat du Vatican pendant la quasi-totalité du pontificat de François, Pietro Parolin est un diplomate chevronné, ancien bras droit du pape et homme de premier plan sur la scène internationale. Il a beaucoup voyagé et est connu de nombreux dirigeants politiques comme de l’ensemble de la Curie romaine (l’ensemble des organismes du Saint-Siège), dont il connaît tous les rouages.

Membre du Conseil des cardinaux, parfait connaisseur des dossiers, il a joué un rôle clé dans la signature en 2018 d’un accord historique entre le Saint-Siège et la Chine sur les nominations d’évêques, écrivait l’an dernier le journal La Croix(Nouvelle fenêtre). Il est l’un des deux grands favoris, avec Luis Antonio Tagle (lire plus bas), selon le bookmaker britannique William Hill(Nouvelle fenêtre).dd..(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)

Pierbattista Pizzaballa (Italien, 60 ans) : un fin connaisseur du Proche-Orient

Pierbattista Pizzaballa est un franciscain et théologien parlant l’hébreu et l’anglais arrivé à Jérusalem en 1990, détaille le Vatican sur son site(Nouvelle fenêtre). En septembre 2023, ce fin connaisseur du Proche-Orient est devenu le premier patriarche de Jérusalem – la plus haute autorité catholique d’Orient – en exercice à être créé cardinal. Un mois plus tard, la guerre entre le Hamas et Israël a éclaté, avec ses répercussions dans la région. Ses multiples appels à la paix l’ont placé sur le devant de la scène.

Matteo Maria Zuppi (Italien, 69 ans) : un archevêque progressiste

Matteo Maria Zuppi est un diplomate expérimenté. Il effectue depuis plus de 30 ans des missions de médiation politique à l’étranger. Membre de la communauté romaine de Sant’Egidio, le canal officieux de la diplomatie du Saint-Siège, il a été médiateur au Mozambique et émissaire spécial du pape François pour la paix en Ukraine.

Archevêque de Bologne, il est, depuis 2022, président de la Conférence épiscopale italienne (CEI). Il appelle à venir en aide aux migrants et aux personnes sans-abri, rapporte le Vatican(Nouvelle fenêtre). Il défend aussi l’intégration des fidèles homosexuels au sein de l’Eglise.

Claudio Gugerotti (Italien, 69 ans) : l’homme qui conseillait François sur la guerre en Ukraine

Fin diplomate, polyglotte, Claudio Gugerotti est originaire de Vérone (nord de l’Italie) et expert du monde slave. Sa carrière l’a amené à servir en tant que nonce (ambassadeur du Saint-Siège) dans plusieurs pays de l’Est (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Ukraine), ainsi qu’au Royaume-Uni.

Consulté par le pape sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie, il était depuis 2023 préfet du dicastère pour les Eglises orientales, selon son portrait dressé par le Vatican(Nouvelle fenêtre).

Jean-Marc Aveline (Français, 66 ans) : l’archevêque de Marseille, ambassadeur du dialogue interreligieux

Né en Algérie, descendant d’une lignée de pieds-noirs andalous, Jean-Marc Aveline a passé presque toute sa vie à Marseille, dont il est devenu une figure emblématique. Nommé archevêque de la cité phocéenne en 2019 et créé cardinal en 2022, ce défenseur de la fraternité interculturelle à la personnalité souriante et affable a très tôt cherché à favoriser un dialogue interreligieux apaisé et à œuvrer pour la défense des migrants, deux piliers du pontificat de François.

Elu début avril président de la Conférence des évêques de France, il a également été le principal artisan de la visite du pape à Marseille en 2023.

Anders Arborelius (Suédois, 75 ans) : un défenseur de l’accueil des migrants

Ce luthérien suédois s’est converti au catholicisme dans un pays dont la majorité de la population est protestante, mais qui compte aussi parmi les plus sécularisées de la planète.

Premier évêque catholique de nationalité suédoise, Anders Arborelius a été créé cardinal en 2017. A l’unisson de François, il défend notamment l’accueil des migrants en Europe.

Mario Grech (Maltais, 68 ans) : un équilibriste à la recherche du compromis

L’évêque de Gozo, la deuxième île du petit archipel méditerranéen de Malte, a joué un rôle crucial au cours du synode sur l’avenir de l’Eglise voulu par François. Mario Grech a été le secrétaire général de cette assemblée mondiale qui a délibéré de questions cruciales comme la place des femmes et des divorcés remariés. Dans ce rôle, il s’est livré à un délicat exercice d’équilibriste, relate La Croix(Nouvelle fenêtre) dans un portrait qui lui est consacré.

Peter Erdö (Hongrois, 72 ans) : un théologien aux positions conservatrices

Cet intellectuel, qui parle sept langues, est apprécié pour son expertise théologique et son ouverture aux autres religions. Fervent défenseur du dialogue avec les chrétiens orthodoxes, Peter Erdö accorde aussi une attention particulière à la communauté juive. Il affiche des vues très conservatrices, aussi bien concernant les divorcés remariés que les couples homosexuels, décrit The Guardian(Nouvelle fenêtre).

Son silence face aux dérives antidémocratiques du gouvernement de Viktor Orban a été remarqué, alors que l’Eglise hongroise a au contraire salué ses initiatives pour rénover les lieux de culte et re-christianiser les écoles au nom de la défense de la chrétienté en Europe.

Luis Antonio Tagle (Philippin, 67 ans) : la lutte contre la pédocriminalité chevillée au corps

L’ancien archevêque de Manille est une figure modérée n’ayant pas hésité à critiquer l’Eglise catholique pour ses manquements, notamment dans les affaires de pédocriminalité.

Comme le pape François, Luis Antonio Tagle apparaît en pointe dans la défense des pauvres, des migrants et des personnes marginalisées, au point d’avoir été surnommé par la presse le « François asiatique ». Il a été créé cardinal par Benoît XVI en 2012 et il avait déjà été considéré comme un possible candidat lors du conclave ayant abouti à l’élection de François, en 2013.

Peter Turkson (Ghanéen, 76 ans) : l’un des cardinaux africains les plus influents

Peter Turkson a souvent été présenté parmi les favoris pour devenir le premier pape noir. Il est présenté par le journal Le Point(Nouvelle fenêtre) comme « l’outsider », à « la voix respectée ». Né dans une famille modeste de dix enfants, Peter Turkson parle six langues et s’est rendu à plusieurs reprises au Forum économique mondial de Davos pour alerter les chefs d’entreprise des dérives de l’économie libérale. Il est considéré comme l’un des cardinaux africains les plus influents.

Robert Sarah (Guinéen, 79 ans) : le favori des traditionalistes

Figure de proue des catholiques traditionalistes critiques de François, ce prélat guinéen francophone se distingue par ses positions très conservatrices sur l’immigration et l’homosexualité. Il a ainsi qualifié d’« hérésie » le texte du Saint-Siège ouvrant la voie, en 2023, à une bénédiction des couples homosexuels, une évolution largement rejetée par les évêques africains.

En octobre 2023, il a fait partie des cinq cardinaux conservateurs qui ont demandé publiquement au pape François de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays et l’ordination des femmes. Ses prises de positions radicales lui valent une grande popularité parmi les catholiques traditionalistes, notamment dans les pays francophones.