Quand un « ministre norvégien » devient ministre israélien des Finances
Israël est toujours sans budget 2025, ce qui n’a pas empêché le ministre des Finances Bezalel Smotrich de présenter sa lettre de démission du gouvernement au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Une démission qui confirme que la politique politicienne en Israël bat son plein ; on croyait avoir tout vu, eh bien non ! Durant quelques jours, Israël est resté sans budget 2025 et sans ministre des Finances.
Exercice politique
Par une lettre datée du 25 janvier dernier, Bezalel Smotrich informait Benjamin Netanyahu de sa décision de démissionner de ses fonctions de ministre des Finances et de ministre délégué auprès du ministre de la Défense.
Si Smotrich n’a pas expliqué ouvertement son geste, qu’on se rassure : il ne s’agit que d’un exercice politique qui lui permet de récupérer son siège de député et de mettre à la porte de la Knesset le député Yitzhak Kroizer du parti Otzma Yehoudit (Puissance juive) dirigé par Itamar Ben Gvir.
Léger retour en arrière : le 21 janvier dernier, le parti du ministre de la Sécurité nationale Ben Gvir annonçait qu’il quittait la coalition au pouvoir (à cause de la trêve à Gaza). En revanche, le parti du Sionisme religieux de Smotrich refusait d’imiter Ben Gvir et décidait de rester au gouvernement.
Depuis, rien ne va plus entre les deux alliés parlementaires qui avaient présenté une liste commune aux législatives du novembre 2022. Nommé ministre, Smotrich avait décidé de démissionner de la Knesset pour se consacrer aux finances du pays. Sa place à la Knesset avait été remplie par le candidat qui le suivait sur la liste électorale, Yitzhak Kroizer du parti Otzma Yehoudit.
Désormais en rupture avec Otzma Yehoudit, Smotrich a décidé de mettre Yitzhak Kroizer à la porte de la Knesset. Pour ce faire, rien de plus facile : Smotrich démissionne du gouvernement pour récupérer automatiquement son siège de député, puis reprendre à nouveau ses fonctions ministérielles tout en gardant son poste de député.
Ministre norvégien
Résultat : Israël est resté sans ministre des Finances, mais seulement durant quelques jours, le temps pour Smotrich de réaliser cette acrobatie politique de haut vol et de retrouver ses deux postes ministériels tant convoités.
Cet exercice a été possible grâce à la loi norvégienne dont la version actuelle a été approuvée en 2020 par la Knesset et dont le nom provient d’une disposition similaire de la Constitution norvégienne.
Selon cette loi, les ministres qui sont élus à la Knesset peuvent démissionner de leur siège et laisser leur place à la première personne de leur liste qui n’a pas obtenu de siège lors des élections législatives. Ensuite, si le démissionnaire quitte son poste de ministre, il retrouve son siège à la Knesset à la place de son remplaçant.
Bezalel Smotrich est donc ce que les Israéliens appellent familièrement un « ministre norvégien », c’est-à-dire un député qui a démissionné de la Knesset lorsqu’il fut nommé ministre mais qui peut y revenir quand bon lui semble.
Nul doute que Smotrich doit vouer une admiration profonde pour la législation norvégienne et son application en Israël.
Merci la Norvège, le budget 2025 d’Israël n’est pas à quelques jours près.