Je suis ravi de nommer Jared Isaacman, chef d’entreprise accompli, philanthrope, pilote et astronaute, au poste d’administrateur de l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (Nasa) », a écrit le président élu sur son réseau Truth Social. Ce choix pourrait potentiellement poser un conflit d’intérêts, compte tenu des liens financiers entre Jared Isaacman, chef de l’entreprise financière Shift4, et Elon Musk, patron de SpaceX et futur membre de l’administration de Donald Trump.

Cet homme d’affaires de 41 ans est devenu l’une des principales figures des vols commerciaux dans l’espace en raison de ses collaborations avec SpaceX et s’affiche en fervent défenseur de Musk, qui coprésidera une commission sur l’efficacité du gouvernement. Originaire de Pennsylvanie, Jared Isaacman a créé l’entreprise qui est devenue Shift4 Payments dans le sous-sol de sa maison familiale à l’âge de 16 ans. Aviateur chevronné, il est qualifié pour piloter des avions militaires, a participé à des spectacles aériens et établi un record du monde pour un vol autour du monde.

« Il y aura inévitablement une économie spatiale florissante »

« Il y aura inévitablement une économie spatiale florissante – une économie qui créera la possibilité pour d’innombrables personnes de vivre et de travailler dans l’espace. A la Nasa, nous explorerons avec passion ces possibilités », a réagi M. Isaacman dans un message. En septembre, il avait réalisé la première sortie spatiale extra-véhiculaire privée de l’histoire. Si plusieurs dizaines de personnes ont effectué des missions civiles dans l’espace, il est le premier astronaute privé à être sorti d’un vaisseau, une opération risquée jusqu’ici réservée aux professionnels.

Jared Isaacman lors de sa sortie dans l'espace pendant la mission Polaris Dawn de SpaceX, le 12 septembre 2024 (Polaris Program/AFP/Archives - -)
Jared Isaacman lors de sa sortie dans l’espace pendant la mission Polaris Dawn de SpaceX, le 12 septembre 2024 (Polaris Program/AFP/Archives – -)

Cette excursion faisait partie du programme Polaris, une collaboration entre lui et SpaceX, qui doit comprendre trois missions au total. Les conditions financières de ce partenariat restent confidentielles mais Jared Isaacman aurait investi 200 millions de dollars de sa fortune personnelle pour diriger en 2021 la mission orbitale Inspiration4 de SpaceX, une mission entièrement civile et qui constituait sa première incursion dans l’espace.

Nouvelle trajectoire pour la Nasa

La nomination de Jared Isaacman intervient à un moment délicat pour la célèbre agence spatiale américaine, les experts anticipant d’importants changements d’orientation au cours du nouveau mandat de Donald Trump. Le programme Artemis, qui vise à envoyer des astronautes sur la Lune, pourrait être au cœur de l’attention, Donald Trump ayant à plusieurs reprises exprimé sa préférence pour une mission sur Mars.

L’avenir de la fusée lunaire Space Launch System (SLS), propriété de la Nasa, est également incertain. L’engin a notamment été critiqué pour son prix élevé et son impossible réutilisation, contrairement à la fusée Starship de SpaceX, conçue pour effectuer plusieurs voyages dans l’espace mais qui reste un prototype.

Si la nomination de Jared Isaacman à la tête de la Nasa est validée par le Sénat, ses liens avec SpaceX pourraient faire l’objet d’un examen approfondi lors de futurs potentiels contrats avec l’entreprise d’Elon Musk. « Le Congrès va devoir faire son travail et exercer une surveillance », a déclaré à l’AFP Peter Juul, membre du groupe de réflexion Progressive Policy Institute. Le chercheur a appelé le Congrès à exiger des contrats avec plusieurs entreprises pour éviter que la Nasa ne devienne une « agence de sous-traitance de SpaceX ».

Mais alors que les partenariats public-privé dans le domaine spatial sont en pleine expansion, l’annonce de la nomination de Jared Isaacman a également suscité des réactions positives. « La Planetary Society partage sa vision d’une exploration audacieuse de l’espace et nous sommes impatients de travailler avec lui, si le Sénat valide sa nomination », a déclaré à l’AFP Casey Dreier, responsable de la politique spatiale de cette organisation qui promeut la recherche spatiale.

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