La Corée du Sud, tout comme Israël, dépend depuis longtemps de la technologie de défense américaine, en particulier celle utilisée dans les systèmes de défense aérienne, comme pierre angulaire de sa stratégie de défense et les prouesses technologiques des États-Unis, notamment sous la forme d’avions de chasse avancés, de systèmes de défense antimissile et d’échanges de renseignements, ont donné aux deux pays un avantage stratégique sur leurs adversaires.

Mais, une dépendance excessive à l’égard de la technologie peut rapidement se transformer en une vulnérabilité importante, surtout à un moment où le paysage stratégique a radicalement changé.

Alors que la Corée du Sud fait face à ses propres défis en matière de sécurité, notamment dans le contexte de sa relation conflictuelle avec la Corée du Nord, il est possible de tirer des enseignements essentiels de la guerre entre l’Iran et Israël. Ces leçons peuvent aider la Corée du Sud à éviter les pièges stratégiques et à construire une posture de défense plus résistante et plus autonome pour l’avenir.

  1. Les limites de la technologie dans la stratégie de défense

L’un des principaux enseignements du conflit entre l’Iran et Israël est qu’il y a des limites à la protection qu’une technologie de défense avancée peut apporter à une nation face à des menaces en constante évolution.

Historiquement, des pays tels qu’Israël et la Corée du Sud se sont considérablement appuyés sur des systèmes de défense avancés fournis par des alliés tels que les États-Unis. Dans le cas d’Israël, la supériorité aérienne des États-Unis était autrefois la pierre angulaire de sa stratégie de défense, mais le conflit en cours avec l’Iran a révélé d’importantes vulnérabilités. Les progrès de l’Iran en matière de missiles ont posé un sérieux défi aux systèmes défensifs d’Israël et cette situation met en évidence les limites inhérentes à la technologie dans la protection d’une nation. Pour se défendre, une nation a besoin de bien plus qu’une technologie de défense supérieure.

  1. Renforcer les capacités indigènes de combat terrestre

Un autre élément clé à retenir pour la Corée du Sud est l’importance cruciale du maintien de solides capacités de combat au sol. Le conflit Iran-Israël met en évidence le fait que la supériorité aérienne seule ne peut plus être décisive dans les guerres modernes. Les batailles au sol, impliquant des soldats humains bien entraînés et équipés, restent au cœur de tout conflit militaire et c’et que l’on a vu lorsqu’Israël, trop confiant dans ses capacités aériennes, a négligé le développement de ses forces terrestres et peine aujourd’hui à engager efficacement même des acteurs non étatiques sur le terrain.

  1. Renforcer l’autonomie et diversifier les partenariats militaires

L’expérience d’Israël souligne l’importance de ne pas trop compter sur les puissances extérieures pour la défense nationale. Si les États-Unis continuent de fournir à Israël des renseignements essentiels, des technologies de pointe et un soutien diplomatique, la réalité est qu’Israël doit en fin de compte mener ses propres batailles.

L’accent mis par Israël sur l’approfondissement des liens avec les États-Unis et l’Europe lui a fait manquer des occasions de conclure des alliances militaires régionales, comme le renforcement des liens militaires avec des pays tels que l’Égypte et la Jordanie, qui auraient pu lui apporter une profondeur stratégique supplémentaire dans ses confrontations avec des acteurs non étatiques. Ce manque de collaboration régionale a limité la capacité d’Israël à s’adapter rapidement à l’évolution de la dynamique au Moyen-Orient.

De plus, la situation politique et économique intérieure des États-Unis est devenue de plus en plus compliquée. Le bipartisme s’est réduit en politique étrangère comme dans d’autres domaines. La Corée du Sud ne peut pas fonder sa stratégie de défense sur les priorités changeantes de l’élite politique américaine.

  1. Relever les défis démographiques dans le recrutement militaire

Alors qu’Israël, avec un taux de croissance démographique d’environ 1,8 % (2023), dispose d’un réservoir constant de recrues militaires, grâce à l’accroissement naturel et à l’immigration. En revanche, la population de la Corée du Sud diminue, avec un taux de croissance d’environ -0,2 % (2023). Ce déclin démographique menace la disponibilité des jeunes pour le service militaire, mettant en péril la puissance des forces armées sud-coréennes.

La Corée du Sud peut tirer des leçons de l’approche adoptée par Israël pour maintenir une population stable. Encourager des taux de natalité plus élevés, raviver les valeurs familiales et favoriser un sens aigu du devoir national sont des mesures urgentes pour garantir une armée robuste.

  1. Le rôle de la diplomatie et de la résolution pacifique des conflits

Une leçon cruciale que la Corée du Sud peut tirer d’Israël est celle de l’équilibre entre la force militaire et la diplomatie. La dépendance excessive d’Israël à l’égard des solutions militaires a conduit à des conflits prolongés et à l’isolement. La Corée du Sud devrait éviter cette voie. Si le maintien de la puissance militaire est nécessaire, la diplomatie reste essentielle pour gérer les tensions avec la Corée du Nord et d’autres puissances régionales.

La Corée du Sud devrait opter pour une résolution pacifique des conflits, guidée par ses valeurs de fraternité universelle. Contrairement à Israël, qui s’est parfois appuyé sur son sentiment d’être un « peuple élu », la Corée du Sud peut s’inspirer de sa tradition de Hanguk ingan – qui met l’accent sur l’égalité et le partage de l’humanité – pour guider moralement ses efforts diplomatiques. Le maintien de canaux de communication ouverts avec la Corée du Nord, la Chine et la Russie peut aider à éviter les pièges d’un recours exclusif à des mesures militaires et à prévenir un cycle de conflit.

Source : Asia Times & Israël Valley

 

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