Troisième guerre mondiale, cyberattaque, élites mondiales… Après la panne informatique de Microsoft, les théories complotistes se multiplient. Pour une fois les juifs et Israël ne sont pas cités! Nos lecteurs peuvent dormir tranquillement.
LE FIGARO : « Les théories complotistes pullulent sur les réseaux sociaux après la mise à jour défectueuse des systèmes d’exploitation Windows de Microsoft vendredi.
Les théories du complot se déversent sur la toile après une panne informatique sans précédent. Une mise à jour défectueuse sur les systèmes d’exploitation Windows de Microsoft a secoué la planète vendredi 19 juillet, cloué des avions au sol, mis des travailleurs au chômage technique et perturbé les marchés financiers. Le groupe américain de cybersécurité CrowdStrike, dont un des logiciels est à l’origine de la panne, a écarté l’idée d’une cyberattaque ou d’un problème de sécurité informatique.
Mais cela n’a pas empêché les théories complotistes de pulluler sur les réseaux sociaux, dont beaucoup ont supprimé les garde-fous qui empêchent la diffusion de fausses informations. Illustration du fait qu’aujourd’hui, le chaos informationnel suit quasi systématiquement un événement mondial.
«J’ai lu quelque part que la troisième guerre mondiale sera principalement une cyberguerre», écrit un internaute sur X (ex-Twitter). Pour certains, la panne serait une cyberattaque lancée par le Forum économique mondial, fondation regroupant responsables, patrons de multinationales, banquiers, milliardaires ou encore intellectuels, et qui se réunit chaque année dans la luxueuse station de ski suisse de Davos.
«Audience mondiale»
Ceux qui partagent cette fausse théorie se basent sur une ancienne vidéo disponible sur le site du Forum, qui met en garde contre la possibilité d’une «cyberattaque qui présente des caractéristiques similaires à celles du Covid». La vidéo avertit que le seul moyen de stopper la cyberattaque serait de déconnecter des réseaux des millions d’appareils vulnérables.
Le Forum économique mondial est depuis longtemps la cible des complotistes, persuadés de l’existence d’une caste d’élites aux objectifs obscures travaillant à des fins privées sous prétexte de résoudre les problèmes du monde.
«La prolifération des théories du complot à la suite d’événements mondiaux majeurs comme cette panne est un triste témoignage de la nature volatile de l’écosystème de l’information, a déclaré à l’AFP Rafi Mendelsohn, vice-président de la société Cyabra, spécialisée dans la lutte contre la désinformation. Ce qui est unique avec ce genre d’événements, c’est à quel point les réseaux sociaux, forums et applications de messagerie facilitent la diffusion rapide des publications, permettant aux théories de gagner du terrain rapidement et d’atteindre une audience mondiale.»
Sans garde-fous et sans modération efficace, les réseaux se retrouvent submergés par ces théories et la confusion règne dans ce torrent de désinformation.
«Motifs malveillants».
«Cela pose la question, plus large, de la lutte contre les fausses informations et la désinformation, pour Michael Mosser, directeur d’un centre de recherche sur la désinformation à l’université du Texas, à Austin. Le niveau de confiance dans les sources fiables a tellement diminué que les gens sont plus enclins à croire des théories du complot qui ’’semblent être vraies’’ plutôt que l’information factuelle.»
La panne informatique a été causée par un bug dans une mise à jour d’un programme de sécurité pour les systèmes d’exploitation Windows. Son dirigeant George Kurtz a eu beau essayer de rassurer les utilisateurs en affirmant que le bug était «en cours de correction», cela n’a pas empêché les internautes de spéculer.
«Il est difficile de combattre cette désinformation par des réfutations factuelles, car le problème est très technique, affirme Michael Mosser. Expliquer que le problème provient d’un fichier système mal configuré et qu’un correctif est en cours peut être exact, mais n’est pas cru par ceux qui sont prédisposés à voir des motifs malveillants derrière des erreurs.»