Israël mène la guerre actuelle dans une situation économique confortable. Il n’est pas question de privations, ni de remise en cause des dépenses fondamentales de l’État. Cette (relative) prospérité économique va aider, à terme, à renforcer l’autonomie stratégique du pays et donc à l’immuniser encore davantage contre les pressions politiques extérieures.
Cette situation économique favorable s’appuie sur trois secteurs. Les services numériques à valeur ajoutée (18% du PIB, plus de 50% des exportations) dominent l’activité. Leurs exportations dématérialisées peuvent être facilement maintenues en cas de conflit limité. Les champs gaziers offrent à Israël une autonomie énergétique et assurent un excédent gazier pour au moins 45 ans. L’industrie de défense, liée à la tech, bénéficie d’une demande étrangère soutenue, conséquence d’une conflictualité intense comme de la compétitivité et de la sophistication des équipements israéliens.
Par ailleurs, les avoirs d’Israël à l’étranger lui assurent une position créditrice nette (30% de son PIB). L’excédent chronique du compte courant (5% du PIB en 2023) a permis de bâtir cette autonomie financière qu’Israël n’avait jamais connue. On est loin de l’image d’Épinal d’un pays vulnérable. Depuis octobre 2023, la guerre menée sur trois fronts (Gaza et le Hamas, Cisjordanie en soutien de la colonisation et endiguement du Hezbollah au nord) a un coût réel (munitions, mobilisation, prise en charge des déplacés…) mais qui n’est pas de nature à remettre en question, à court terme, la santé financière d’un pays dont le PIB est de l’ordre de 500 Mds$.
Israël a encaissé l’attaque d’octobre 2023 en position de force économique. Après 8 mois de combats, les réserves (plus de 200 Mds$) sont toujours de l’ordre de 40% du PIB. Aucune sanction internationale sérieuse n’a frappé Israël, l’aide américaine est acquise ; les accords d’Abraham n’ont pas été suspendus. Les Investissements étrangers ne se sont pas taris. Israël n’est pas dans la situation de l’Ukraine.
A ce stade, on n’assiste toujours pas à la mise en place d’une économie de guerre avec son cortège de privations ou de restrictions. L’économie israélienne a les moyens de faire face à un conflit local tout en continuant à investir, même si certaines dépenses de l’État sont controversées. Les investissements dans les infrastructures sont confirmés et les dépenses de défense seront logiquement amenées à se muscler durablement ; elles passeront vite de 4,5 % du PIB actuellement à 5 ou 5,5%, proportion raisonnable pour un pays en guerre. A la fin de l’année, le taux d’endettement public du pays devrait rester sous contrôle à 67% du PIB, 4 points en dessous du niveau atteint avec la crise du Covid.
Sur le moyen-long terme, la solidité de ses fondamentaux économiques comme de ses avantages comparatifs devrait faciliter le renforcement de l’autonomie stratégique d’Israël. Un des premiers signes pourrait se matérialiser par des investissements dans certains segments de l’industrie de défense.
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