Pour les Chrétiens, c’est aujourd’hui la fête de l’Ascension qui correspond à un des épisodes finaux du passage terrestre du Christ qui apparaît à ses disciples et cet événement marque la dernière rencontre de Jésus avec ses disciples après sa Résurrection et son élévation au ciel. Elle annonce également la venue du Saint-Esprit dix jours plus tard et la formation de l’Église à l’occasion de la fête de la Pentecôte.

Cependant, cette scène  est décrite différemment dans 3 évangiles et même, celui selon saint Matthieu ne la mentionne pas. Car, c’est un des paradoxes de la religion chrétienne, il n’y a qu’un seul Evangile, mais il y a quatre évangiles et ceci peut s’expliquer par les buts des quatre auteurs.

Les Apôtres ont reçu cette nouvelle de la vie de Jésus et ont eu pour mission de la répandre, mais chacun l’a fait selon sa sensibilité, selon sa culture, et selon le milieu auquel il s’adressait.

Ainsi, Matthieu (aussi appelé Lévi) était l’un des disciples de Jésus et est considéré comme l’auteur du premier évangile. On pense qu’il a rédigé ce livre vers les années 50-60 de notre ère. Il prêche à ceux qu’on appelle des « judéo-chrétiens », c’est-à-dire des chrétiens qui viennent du judaïsme et à qui il voulait montrer que Jésus est le Messie.

Marc est l’auteur du deuxième évangile. C’était l’un des proches de l’apôtre Pierre et il semble que son livre ait été rédigé plus tardivement aux environs de 63-68 après Jésus-Christ et que les lecteurs étaient des chrétiens non-Juifs.

L’évangile de Luc est le premier volume rédigé par Luc, un compagnon de l’apôtre Paul, le second étant les Actes des apôtres. Cet évangile aurait été rédigé entre 60 et 80 après Jésus-Christ. Il est lui-même un « pagano-chrétien », c’est-à-dire un chrétien venu du paganisme et il veut communiquer aux païens, de culture grecque, la Bonne Nouvelle. Ses critiques vis à vis des responsables d’Israël montrent qu’il a pris ses distances par rapport à la Synagogue. Il explique, lui aussi, certaines coutumes juives.

Enfin, l’évangile de Jean est associé à Jean l’un des fils de Zébédée qui était un des douze disciples. La rédaction de cet évangile est plus tardive et se serait faite entre les années 80 et 100 c’est-à-dire à la fin du premier siècle.

Enfin, il faut préciser que ces 4 textes sont dits « canoniques », c’est-à-dire reconnus formellement par l’Église à l’opposé de ceux dits « apocryphes », adjectif qui selon le Littré signifie « dont l’authenticité n’est pas établie » et qui mentionne des faits tels que la jeunesse de la mère de Jésus-Christ.

Le chiffre « 4 » a aussi été retenu pour son symbole. Saint Irénée, évêque de Lyon de 170 à 202 a défendu les quatre évangiles actuels : « il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre évangiles [que quatre]. En effet, puisqu’il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d’autre part, l’Église est répandue sur toute la terre et qu’elle a pour colonne et pour soutien l’Évangile et l’Esprit de vie, il est naturel qu’elle ait quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l’incorruptibilité et rendent la vie aux hommes ».

C’est ainsi que les quatre évangiles se sont imposés, au détriment des autres, mais ce n’est toutefois pas avant le Concile de Trente (1545-1563) que l’Église catholique a fixé indiscutablement son canon biblique. Les orthodoxes feront de même environ un siècle plus tard. Cette stabilisation se fait en réaction au protestantisme, qui, lui aussi, détermine son canon aux mêmes époques.

Source : La Croix & Israël valley

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