Aviv Kohavi: ”Nous n’avons pas perçu Gaza comme une menace existentielle”
L’ancien Chef d’Etat-major, Aviv Kohavi, a analysé la situation actuelle en Israël lors d’un congrès aux Etats-Unis.
La chaine israélienne N12 a publié les enregistrements de son intervention et on peut l’entendre expliquer: ”Les gens se demandent ‘comment cela se fait-il que vous n’ayez rien fait concernant Gaza?’. Nous avions très bien compris ce qui se passait. Les installations souterraines, le nombre de roquettes, cela ne nous a pas surpris. Nous savions beaucoup de choses sur l’ennemi”.
Puis il donne une justification à l’absence d’action significative à Gaza: ”L’Iran était notre priorité absolue. Nous avons préparé l’armée à la menace iranienne. Je dois le reconnaitre. Nous n’avons pas perçu la Bande de Gaza et le Hamas comme une menace existentielle. La stratégie sur le terrain était de se concentrer sur l’Iran et sur le front nord et de faire tout ce qui était possible pour calmer les autres fronts: Gaza et la Judée-Samarie”.
Il a ajouté: ”Nous n’avons jamais prétendu que le Hamas serait dissuadé pendant des années, même pas pendant des mois. En août 2021, nous avons vu un changement chez le Hamas, nous avons pointé du doigt quelque chose de nouveau. Je peux dire que nous avons tenté de mettre en oeuvre une opération pour éliminer Sinouar et Deif. Dans des zones peuplées, denses, c’est très difficile. Nous avons travaillé pendant des mois pour que cette opération voit le jour, mais nous n’avons pas pu la mener à bien”.
Par ailleurs, l’ancien Chef d’Etat-major estime qu’à l’heure qu’il est les deux objectifs de guerre – ramener les otages et éradiquer le Hamas – sont devenus antagonistes: ”Jusqu’à il y a deux mois, ces deux buts n’étaient pas antagonistes.
Aujourd’hui, hélas, ils le sont. Il est trop tard. Je ne pense pas qu’il existe un autre moyen pour ramener les otages que d’arrêter la guerre. D’un autre côté, je ne pense pas que ce sera un problème de trouver une raison pour lancer une ”guerre 2.0”. Je ne vois pas de victoire totale sans le retour des otages. Il est dur de se dire que peut-être certains ne reviendront pas”.
Concernant le front nord, Kohavi a affirmé qu’il ne croyait pas aux chances d’une solution diplomatique.
Enfin, il a estimé qu’il existait un lien entre la situation politique du pays et les appels au refus de servir d’avant le 7 octobre et l’attaque du Hamas: ”Nous savons que cela a été pris en compte par Sinouar dans sa décision d’attaquer l’Etat d’Israël. Mais le chef du renseignement militaire et le chef du département de la recherche de Tsahal ont écrit quatre lettres au gouvernement et au Premier ministre. Ils ont expliqué que l’ennemi suivait la situation en Israël et voyait une opportunité qu’il devait saisir. Je pense que le fait qu’un grand groupe de personnes a appelé au refus de servir n’a pas seulement nuit à l’Etat d’Israël. La manière dont nos ennemis ont interprété ces appels nous a aussi porté préjudice”.
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