Extraits de Marianne (copyrights) : « Désormais, même des entreprises non-israéliennes sont visées par les appels au boycott des militants pro-Palestine, sur la base de critères… des plus opaques.

En réalité, si les dénonciations et les actions de groupuscules toxiques comme le BDS visent avant tout les grandes marques, c’est pour faire le maximum de bruit possible.


Le conflit entre Israël et le Hamas entraine de nombreux appels au boycott. Ils ciblent telle ou telle marque parce qu’israélienne ou suspectée de soutenir les actions de l’armée israélienne à Gaza ou dans les territoires occupés. Problème : les critères présidant à la mise au ban de ces marques apparaissent flous, et les liens de ces marques avec Tsahal ou leur soutien à la colonisation dans certains cas purement fictifs.

La critique de Benyamin Netanyahou et de son État-major, qui se sont lancés dans une riposte après le raid meurtrier du 7 octobre, peut évidemment apparaitre légitime. Ce qui l’est moins, c’est le fait de rendre les entreprises et les fournisseurs israéliens responsables des actions du gouvernement israélien. La « culpabilité par association » est un principe de justice nord-coréenne, qui n’a pas sa place dans une société civilisée.

Mais, le comble de l’absurde est atteint lorsque, non contents de s’en prendre à des entreprises, les partisans du boycott ciblent des entreprises non-israéliennes. Depuis le 7 octobre, le mouvement BDS, pour « Boycott, Désinvestissement et Sanctions », coalition mondiale d’associations et d’ONG pro-Palestine, a ainsi accentué sa campagne d’appels au boycott d’enseignes au motif qu’elles se rendraient coupables de « complicité avérée dans l’apartheid israélien ».  Comment le BDS s’y prend-il pour attester d’une telle « complicité », selon quelle méthodologie ? S’il suffit de posséder des liens économiques avec une société israélienne pour se rendre « complice », toutes les entreprises de la planète, inscrites dans une économie de marché globalisée, où les flux de marchandises, de capitaux et d’informations ne connaissent plus de frontières, ne sont-elles pas, de près ou de loin, « complices » ?

Conscient de l’opacité des critères avancés pour boycotter telle marque plutôt qu’une autre, le BDS a choisi de concentrer ses attaques sur un nombre restreint de marques, pour tenter de clarifier son action et de ne pas disperser ses efforts. Quitte, selon une étude publiée par L’Observatoire stratégique de l’Information (OSI), à déployer « une approche agressive à l’égard des marques, qui n’hésite pas à distordre les faits de manière opportuniste et à adopter une rhétorique radicale afin de faire avancer son agenda militant ».

Les grands groupes ne font pas de politique, mais des affaires

Cette dilution, maillon après maillon, de la responsabilité réelle du groupe dans le sort réservé aux Palestiniens ne semble pas déranger BDS. Non content de cibler des marques plutôt que des États, le mouvement pro-Palestinien n’hésite pas à cibler ces marques sur des critères nébuleux, sur des présomptions de responsabilité très minces. En l’occurrence, sur le fait qu’elles auraient signé un partenariat de franchise avec un groupe israélien possédant lui-même une filiale en territoires occupés. C’est un peu l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours…

De grandes marques sans liens particuliers avec Israël ont été confrontées à des mouvements de protestation et à des boycotts de la part de militants les accusant de « profiter du génocide du peuple palestinien », sans que cette accusation soit étayée. Autant d’attaques qui posent la question des critères de sélection des cibles du BDS.

Ces boucs-émissaires ne sont-ils désignés qu’en raison de leur taille, susceptible d’apporter une publicité à la cause défendue par ces militants ?  Et au mépris de leur implication réelle dans ce qui leur est reproché ? Tout l’indique ». (Extraits. Marianne)


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