Israël Valley en a souvent parlé. Le marché des avions de ligne d’Israël constitue une chasse gardée des USA qui ont tout fait pour bloquer tout achat d’Airbus, ce qui fait qu’il y a maintenant un quasi monopole de ses long et moyen-courrier.
Mais l’Agence américaine de la sécurité aérienne a ouvert de nouvelles enquêtes sur les problèmes techniques affectant la sécurité en vol du 787 et du 777 après les révélations accablantes d’un ingénieur du groupe.
Le Sénat américain a programmé, le 17 avril, une audience au titre sans équivoque : « Examen de la culture sécuritaire brisée de Boeing : récits de témoins directs », car les sénateurs veulent se faire expliquer « les défaillances de production alarmantes et dangereuses » relevées par Sam Salehpour, un lanceur d’alerte.
Pour comprendre la situation, il faut remonter au début des années 2000 où Boeing décide, après avoir subi le contrecoup des attentats terroristes de 2001 aux États-Unis, de lancer un avion de rupture. Premier appareil développé depuis quinze ans et baptisé 787 et qui devait être le symbole du renouveau de Boeing, mais dans le cadre d’un budget serré.
C’est l’époque où les ingénieurs, de moins en moins écoutés, perdent de l’influence au sein des instances dirigeantes, au profit des rois du marketing et des « Mozart » de la finance. Effaré, Alan Mulally, l’ingénieur aéronautique « père du 777 », a fini par claquer la porte fin et les accidents mortels se sont ensuite succédé.
Même problème pour le Dreamliner, livré à 1123 exemplaires depuis 2011 et qui accumule les problèmes.
La question se pose, faut-il craindre de monter dans un avion Boeing ? En particulier un 737 MAX, un 787 Dreamliner ou un 777, l’avion-vedette du constructeur ? Selon les quatre lanceurs d’alerte qui ont témoigné mercredi devant la commission d’enquête du Sénat américain , il n’y a pas l’ombre d’un doute. «Chaque personne montant à bord d’un Boeing prend un risque », a déclaré Ed Pierson, un ancien responsable de la société américaine. «Il y a de plus en plus de graves accusations» sur des pratiques «inacceptables» en matière de sécurité, a relevé le sénateur Richard Blumenthal.
En revanche, il y a quelques jours, le constructeur Boeing s’est dit « confiant dans la sécurité et la durabilité des 787 et 777 »
«Les Boeing se vendront moins bien que prévu, prédit quant à lui Loïc Tribot La Spière. Mais le constructeur ne disparaîtra pas car il est soutenu par les États-Unis, qui le considèrent comme un actif stratégique d’un point de vue politique.»
Pour une compagnie, différents critères entrent en compte dans le choix d’un avion. «Actuellement, ce qui joue beaucoup, c’est l’ampleur des coûts opérationnels, pour transporter un passager sur un kilomètre,relate Paul Chiambaretto. Il y a ensuite la qualité propre de l’avion, sa capacité moteur, et l’expérience client selon les équipements proposés ou la largeur de l’appareil. Sans oublier la disponibilité d’un avion, c’est-à-dire le temps d’attente entre la commande et la livraison.» Les compagnies clientes de Boeing devraient le rester. « Travailler toujours avec un même constructeur, c’est s’assurer des économies sur les coûts des pièces de rechange, une cohérence sur la maintenance. Cela facilite aussi le transfert de pilote d’un avion à un autre» , continue spécialiste. Mais pour celles qui doivent mettre parfois l’intégralité de leur flotte au repos forcé, une multiplication des incidents de ce type pourrait entraîner à terme un revirement de situation.
Donc, affaire à suivre …
Source : Le Figaro & Israël Valley