La stratégie du Hamas

Nous sommes au 166ème jour de la guerre, pensez-vous pouvoir comprendre quelle est la stratégie du Hamas – aussi tenté soit-il que cette organisation poursuive une réelle stratégie ?

Daniel Saada : Depuis le 7 octobre, il est en effet tout à fait légitime de tenter de comprendre la démarche du Hamas qui n’est ni un simple stratagème ni une manœuvre de plus mais répond bel et bien à une stratégie – commanditée par l’Iran : celle d’embraser la région.

Revenons au 7 octobre, ou quelques jours plus tôt – le 22 septembre très exactement. Ce jour-là, Benyamin Netanyahou Premier Ministre d’Israël s’adresse comme chaque année à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Il explique l’avancée du processus des Accords d’Abraham, les progrès notoires vers la normalisation des relations avec l’Arabie Saoudite et brandit une carte intitulée « The New Middle East » le nouveau Moyen-Orient sur laquelle sont déssinés en vert les Etats unis dans la paix et la coopération : depuis le Soudan et l’Egypte au Nord-est de l’Afrique jusqu’à Israël en passant par l’ensemble des pays du Golfe, l’Arabie Saoudite et la Jordanie. Un parcours terrestre et ferroviaire est désormais possible pour contourner le golfe persique et le canal de suez pour permettre de rejoindre l’Asie à l’Europe : bref, une nouvelle route de la soie.

C’est incontestablement le déclencheur du 7 octobre. C’est cette vision, cette évolution régionale et internationale majeure que l’Iran tente de détruire en déclenchant l’attaque morbide du Hamas le 7 octobre et le harcèlement de la frontière Nord d’Israël par le Hezbollah.

Nous comprenons donc en effet ce qui a déclenché le 7 octobre, mais pas encore les objectifs poursuivis par le Hamas.

Daniel Saada : Le Hamas a cherché à embraser la région le 7 octobre. Son objectif était de frapper Israël le plus fort possible, mais aussi et surtout le Hamas comptait sur l’ampleur de cette attaque pour soulever les foules arabes à Gaza, en Judée Samarie, en Israël même parmi les citoyens arables israéliens. Il escomptait sur l’ouverture d’un front supplémentaire au Nord et l’escalade avec le Hezbollah qui aurait entraîné une troisième guerre du Liban et de là une flambée de violence dans toute la région.

Le Hamas a échoué. Non seulement la région ne s’est pas embrasée mais l’offensive terrestre et la lutte acharnée que nous menons depuis 166 jours portent leurs fruits : l’infrastructure terroriste du Hamas est chaque jour endommagée et démolie un peu plus, ses cadres et ses terroristes sont éliminés, les tunnels sont détruits, l’arsenal des roquettes, missiles et autres armements anéantis. Le Hamas est en train de s’effondrer militairement et donc politiquement aussi. Nous assistons déjà à des manœuvres au sein de l’autorité palestinienne et des cadres de Gaza pour le remplacer. Alors le Hamas, qui est une organisation religieuse islamiste et radicale avait un dernier espoir : celui de recourir à l’ardeur de la foi musulmane et de tenter d’exploiter la période du Ramadan pour enflammer les foules et embraser la rue palestinienne, la rue arabe et l’ensemble du Moyen-Orient.
Là encore, il a échoué.

C’est pourquoi, à l’heure où les pressions se multiplient pour nous pousser à stopper les combats, nous devons faire exactement le contraire ; nous devons terminer la lutte contre le Hamas. Son effondrement total est très proche.

Une trêve ne servirait qu’à lui permettre de relever la tête. Oui, la libération des otages et le marchandage macabre et insolent qui est en cours doit être poursuivi car nous devons tout faire pour ramener nos otages à la maison mais le combat contre le Hamas doit se terminer car la victoire, en cette veille de Pourim, est à portée de main.

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