Chères et chers Collègues des Conseils de Sciences Po,

Hier, le 12 mars, notre école Sciences Po, l’amphi Boutmy où j’enseigne chaque semaine depuis plus de 15 ans, a été occupé par des militants de la haine, de l’exclusion, de la menace, mais surtout de l’antisémitisme.

Sous prétexte d’un soutien aux Palestiniens, 60 militants d’extrême-gauche et de la mouvance propalestinienne ont occupé illégalement le principal amphi de Sciences Po, en empêchant la tenue des cours pendant 4 heures, mais surtout ont discriminé une militante juive de l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) en l’empêchant de rentrer dans l’amphi, en criant avec haine « Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste !!! ».

C’est de l’essentialisation en fonction des origines, c’est tout simplement de l’antisémitisme. Sciences Po doit le dire haut et fort, enquêter sur les responsables et les poursuivre avec la plus grande fermeté.

Je connais la très jeune étudiante ainsi agressée, je lui exprime toute ma solidarité. Je suis à ses côtés pour que les sanctions les plus dures soient prises contre ses agresseurs.

Ces propos sont une discrimination du fait de l’origine (condamnable pénalement) ou des opinions politiques supposées. C’est un propos antisémite que je condamne avec la plus grande fermeté en tant que professeur associé à Sciences Po, enseignant depuis 33 ans et membre de son Conseil de Direction depuis 17 ans.

La haine antisémite d’une petite minorité agissante n’a pas le droit de citer dans ce qui a été dès l’origine, l’École Libre des Sciences Politiques dont l’objectif a toujours été de former des Esprits Libres et luttant contre tous les totalitarismes.

Un professeur qui s’approchait de l’amphi occupé a été menacé.

Nous ne laisserons pas notre École de plus de 15.000 étudiants être prise en otage par la haine, l’exclusion, et l’appel à la violence contre ses étudiants juifs par une minorité d’une centaine d’étudiants d’extrême-gauche et d’une association propalestinienne.

Sciences Po est une université internationale ouverte sur le monde avec des partenariats actifs avec toutes les meilleures universités d’Israël.

Sciences Po depuis toujours a noué des partenariats de coopération universitaire avec toutes les grandes universités israéliennes. A la veille des pogromes antisémites du Hamas palestinien, 75 étudiants israéliens étaient en échange ou étudiaient à Sciences Po, 32 étudiants de Sciences Po étudiaient en Israël.

En 2017 nous avons remis un Docteur Honoris Causae de Sciences Po à la Juge Daphné Barak-Erez, juge à la Cour Suprême d’Israël et ancienne doyenne de la faculté de droit de l’université de Tel-Aviv.

Nous organisons des colloques, des échanges de professeurs, des travaux communs entre Sciences Po et les universités israéliennes. Et nous continuerons malgré les appels totalement illégaux en droit français de les boycotter.

Deux étudiants de Sciences Po ont été assassinés par des terroristes, à chaque fois par le mouvement terroriste du Hamas palestinien : David Gritz le 31 juillet 2002, et Omri Ram le 7 octobre 2023. A Sciences Po, nous leur avons rendu hommage. David Gritz a un banc à son nom dans l’amphi Boutmy, celui qui fut occupé hier. Nous avons rendu hommage le 13 octobre 2023 avec le directeur de Sciences Po à Omri Ram assassiné lors du festival de musique Nova en Israël par les tueurs de masse du Hamas.

De très nombreux professeurs et étudiants ne laisserons pas Sciences Po être intimidé par une minorité haineuse, antisémite et violente.

Les poursuites les plus dures doivent être engagées contre ces étudiantes et étudiants qui n’ont rien à faire à Sciences Po et doivent en être exclus.

Enfin la direction de la communication de Sciences Po doit nommer les choses. Les menaces et discrimination contre des étudiantes juives hier devant l’amphi Boutmy, sont une attaque antisémite caractérisée. Il faut toujours nommer le Crime. Cela nuit profondément à notre image comme les réactions politiques et médiatiques suite à ce communiqué l’ont montré.

Ce matin, comme tous les mercredi matin, j’irai donner mon cours à Sciences Po sur « L’histoire des Juifs en France depuis 2 000 ans ».

En espérant que vous saurez vous mobiliser pour défendre notre École et ses valeurs, souillée hier par une minorité étudiante véhiculant la haine et la discrimination.

A Sciences Po le 12 mars 2024, une étudiante de notre École s’est vu interdire l’accès d’un amphithéâtre car elle est Juive.

Bien cordialement
François Heilbronn
Professeur des universités associé
Membre du Conseil de L’Institut de Sciences Po

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