EDITORIAL. (NOUS AVONS REPRIS UN EXTRAIT DE COURRIER INTERNATIONAL). C’est dans la douleur que Ali Abu Awwad s’est tourné vers la non-violence. Son apprentissage a débuté avec une grève de la faim, lors de son incarcération de 1990 à 1994 en Israël, pour avoir participé à la première Intifada. Puis, est venue la mort de son frère, tué par un soldat israélien, qui a laissé de profondes blessures. Enfin, sa rencontre avec des familles israéliennes endeuillées l’a profondément bouleversé, au point qu’il conçoit aujourd’hui la non-violence comme la seule voie possible pour vivre et lutter pour ses droits, et pour atteindre une résolution durable du conflit israélo-palestinien.
Né en 1972, dans une famille de déplacés Ali Abu Awwad a grandi dans une famille très politisée. Sa mère était une responsable au sein du Fatah et de l’Organisation de libération de la Palestine. Résidant à Bethléem, il a fondé en 2016 le mouvement Taghyeer [Changement].
Courrier International s’est entretenu avec lui, profitant de sa présence le 12 mars au Festival du film et forum international sur les droits humains, à Genève, pour un débat sur l’avenir d’Israël et de la Palestine.
COURRIER INTERNATIONAL : Pourriez-vous nous raconter votre éveil à la non-violence ?
ALI ABU AWWAD : Tout a débuté lors de mon séjour en prison [de 1990 à 1994], où j’ai compris que je me trouvais dans l’une des meilleures universités possibles : les prisonniers politiques m’ont appris tellement de choses, comme l’anglais et l’hébreu. J’y ai lu Martin Luther King et Gandhi.
Alors que ma mère était également emprisonnée, nous avons effectué une grève de la faim de dix-sept jours pour forcer les gardes israéliens à nous permettre de nous voir. C’est là que j’ai découvert le pouvoir de mon humanité. J’ai ensuite étudié de nombreux conflits résolus par la non-violence. Tout en prison était obtenu par des grèves de la faim, c’était notre seule arme.