La chronique de Marc Lambron : le syndrome de Masada.
Le syndrome de Masada, celui de la citadelle assiégée, qui fait de la survie d’Israël un enjeu existentiel.
Par Marc Lambron
LES ECHOS.
J’ai raconté mon récent voyage en Israël . Quelques semaines plus tard, les opérations de Tsahal s’étant orientées vers le sud de la bande de Gaza, plusieurs conversations me sont revenues. Comment, pour ne pas succomber à un nihilisme d’attrition, l’hypothèse était soulevée çà et là d’un futur réparateur pour Gaza : une fois le Hamas extirpé, un consortium international incluant des puissances sunnites modérées présiderait à la reconstruction de l’enclave.
Mais un géopoliticien de mes amis soutenait que le plan était plus radical : l’Egypte étant économiquement affaiblie, abonder ses finances en contrepartie de la création dans le Sinaï d’un Gaza bis, autrement dit en faire migrer la population vers une cité hors du périmètre d’Israël. Ce plan est peut-être en train de s’accomplir.
Qu’on le comprenne ou qu’on le blâme, il a pour substrat une donnée historique non négociable : le syndrome de Masada, celui de la citadelle assiégée, qui fait de la survie d’Israël un enjeu existentiel. La blessure de la conscience nationale prend la forme d’un « remords », mot plusieurs fois entendu. Le fondement du pays est l’irrépétibilité de l’Holocauste.
Or une Shoah par balles a eu lieu sur son territoire. La promesse a été profanée puisque l’irrépétible est advenu. Il faut réparer un voeu déchiré, le manquement à la promesse.